La danse du ventre sur la tête au-dessus d’un nid de volcans en éruption

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La gymnastique mystico-intellectuelle consistant à continuer à affirmer la puissance et la justesse indubitables de la théologie des marchés devant le désastre qui secoue le système devient épuisant pour les gens de l’administration Bush. Notre exemple ici, le cas du secrétaire au trésor Henry Paulson, rudement secoué, y compris par Fox.News d’habitude bien disposé à l’égard de l’administration. Il semble que certaines affirmations de Paulson offrent quelques difficultés à se faire entendre sans provoquer des éclats de rire nerveux ou incrédules.

Ainsi (pour le “rire nerveux ou incrédule”) de Steve Clemons, remarquant en passant sur son site The Wahington Note, le 16 mars: «At the end of the day Friday, Bear Stearns' stock market value was more than $3.5 billion. Over the weekend – today in fact – JP Morgan Chase has announced the acquisition of Bear Stearns at just $236 million. What happened?» Puis il poursuit, quelques paragraphes plus loin, après nous avoir informé qu’il revenait de Bruxelles où il avait assisté au Forum de l’amitié transatlantique triomphante du Marshall Funds:

«I just returned from Europe today where I secured for a friend 500 Euros cash because she is going on vacation to Europe in April and wants to protect herself from further deterioration of the dollar.

»I had to chuckle on Friday when I saw Treasury Secretary Hank Paulson's comment that U.S. policy is to support a ''strong dollar.”»

Une politique du “dollar fort”, alors que l’euro est à$1,56? C’est également ce qui a chatouillé Chris Wallace, de Fox.News, lors de son interview de Paulson du 16 mars. Wallace venait de pillonner Paulson sous une pluie de questions agressives, presque populistes, – à Fox.News, indeed, – à propos de cette politique de l’administration consistant à asperger les banquiers incompétents et voleurs (à propos des soldes de Bear Starns à la JP Morgan) sous une pluie de $ milliards tandis que le contribuable moyen se fait expulser de sa maison. Puis il passe au dollar:

«“Why not,” asks Wallace of the plunging U.S. dollar, “take a more aggressive stance and support a stronger and stable dollar, and even implement policies to – prop up the dollar?”

»“A strong dollar is in our nation's interest,” responds Paulson. “Our long-term fundamentals in this country – economic fundamentals – are strong. Our economy has its ups and downs like any other economy, but I believe that that long-term strength is going to be in the dollar.”»

Comprenons bien la logique de Paulson, qui est la logique du croisé de la foi, – une logique où toute la pensée est articulée autour de l’objet de la foi, dito le marché. Un “dollar fort”, c’est une situation monétaire qui est l’expression d’une économie (US) forte. A long terme, ou à la saint-glinglin c’est selon, il est assuré que cette économie américaine est forte, c’est-à-dire sera forte à nouveau. Elle l’a été, ne l’est plus vraiment mais temporairement, mais le sera à nouveau. Elle le sera à nouveau grâce au marché et aux marchés parce que l’économie US c’est le marché. Puisque l’économie US est forte, même si ce n’est pas le cas à présent, et que l’économie US c’est le marché, c’est que la politique du marché est celle qu’il faut suivre. Puisque l’économie US sera forte à nouveau demain, le dollar sera fort; et puisque l’économie US dépend du marché, c’est donc que la marché est ce qui fait que, demain, le dollar sera fort à nouveau. Par conséquent, la politique actuelle, qui contribue vastement à l’effondrement du dollar puisqu’elle favorise le marché dans toutes ses folies, est sans aucun doute une politique du “dollar fort”. Donc, la politique US qui consiste à laisser couler le dollar est bien une politique du “dollar fort”.


Mis en ligne le 17 mars 2008 à 14H58