La déconstruction de l’influence israélienne aux USA se poursuit

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Il n’est plus un jour qui ne nous apporte de nouvelles indications sur le mouvement de déconstruction de l’influence israélienne aux USA, et plus particulièrement, – et ceci explique cela, on le verra plus loin, – de l’influence des extrémistes israéliens via le Lobby (l’AIPAC). Il s’agit ici d’un texte de Ira Chernus, professeur d'études religieuses à l’université du Colorado et spécialiste des questions stratégiques, nucléaires et conflictuelles considérées du point de vue théologique. Publié sur Thruthout le 9 juin 2009, ce texte présente l’intérêt d’une enquête dans les milieux parlementaires US à propos de l’influence de l’AIPAC.

Chernus décrit d’abord le processus habituel pour “endoctriner” selon les consignes de l’AIPAC les jeunes parlementaires, notamment démocrates, sans avis sur la question du Moyen-Orient, et qui subissent régulièrement un “lavage de cerveau”, venu en général de généreux donateurs commandités par l’AIPAC. La chose renvoie aux plus basses méthodes de conditionnement et de propagande des systèmes totalitaires les plus cyniques et les plus méprisables. Pas de surprise, quand on a une idée claire de l’AIPAC et de la direction israélienne actuelle, autant que des habitudes parlementaires US.

Mais les choses changent… «Now, for the first time, there are signs of a crack in AIPAC's vaunted political edifice.» Il faut dire que la bataille, qui porte actuellement sur la résistance de Netanyahou à propos des demandes d’Obama sur la question des implantations comme si cela engageait évidemment la survie d’Israël, représente une cause d’une telle médiocrité par rapport aux véritables enjeux qu’il y a là une démarche alimentant son propre discrédit. («“Even the most conservative institutions of Jewish American life don't want to go to war over settlement policy,” said David Twersky, who was until recently the senior adviser on international affairs at the American Jewish Congress.»)

Extraits du texte de Chernus:

«What's new is the serious objection being voiced in the US government, not merely by the president and his administration, but by members of Congress, including John Kerry, who heads the Senate Foreign Relations Committee, and several prominent Jewish lawmakers, such as Carl Levin, chair of the Senate Armed Services Committee; Howard Berman, chair of the House Foreign Relations Committee; and influential representatives Henry Waxman and Robert Wexler. When they met recently with Netanyahu, they made him “very, very aware of the concerns of the administration and Congress,” according to one Congressional aide. They pressed Netanyahu on the need to stop building in settlements and rejected his call for Palestinian reciprocity on terrorism as a precondition.

»(Another sign of the change: A Congressional delegation visiting Israel actually discussed, in private, the possibility of prohibiting Israel from using American weapons in the West Bank.)

»After so many years of AIPAC dominance, it would be too much to expect all Democrats to back Obama on the settlements question. There are still plenty in Congress who toe the AIPAC line. ”We are applying pressure to the wrong party in this dispute,” said Rep. Shelley Berkley. “I don't think anybody wants to dictate to an ally what they have to do in their own national security interests," said Rep. Gary Ackerman. Though he allowed that there's "room for compromise,” his version of compromise sounds very much like the Israeli government's version: “I think that most people could understand somebody having a child and their child living with them, as long as it's not a ruse to expand” the settlements.

»But the fact that there is any debate at all on this issue in Congress marks a sea change in Washington, brought about by a perfect storm of converging factors.»

Un autre aspect qu’aborde Chernus, c’est la dégradation chez les juifs US de la cause sioniste extrémiste/“likoudiste”, avec le renforcement en conséquence d’organisations juives de lobbyisme adversaires de l’AIPAC. Il s’agit notamment du groupe juif J Street, qui ne cesse de se renforcer sur un programme notablement hostile à la politique suivie par Israël d’une façon renforcée et systématique depuis le 11 septembre 2001.

«Two-thirds of American Jews say they want the US to play an active role in moving Israel toward peace, even if it means the US publicly disagreeing with, and exerting pressure, on the Israelis. That's according to a poll conducted last summer by J Street, the pro-Israel, pro-peace lobby now widely seen as the counterweight to AIPAC. Contributions to J Street are growing at a rate faster than AIPAC's. In last year's election, of 41 candidates endorsed by J Street for their pro-peace positions, 31 were winners.

»Working closely with J Street is the grassroots Jewish-American peace group, Brit Tzedek v'Shalom, which now claims some 45,000 members and pledges of support from over 1500 rabbis and cantors. Just a few months ago, that latter number was less than 900, another indicator of how fast the Jewish community is changing.

»But numbers tell only part of the story. Inside the Jewish community, there is an intangible but unmistakable new mood of open discussion, and even debate, about Israeli policies. Politicians, whose job is to sense those intangible moods, are beginning to pick it up. More and more of them realize that the leaders of Jewish organizations who still parrot the AIPAC line may dominate the mass media, but they can no longer dominate their own rank-and-file.»

Enfin, Chernus met indirectement en évidence un fait sur lequel nous insistons, qui devrait prendre une importance grandissante. La question du soutien ou pas à la politique israélienne doit être débattue publiquement, ce qui permet de mesurer à ciel ouvert, à l’abri de l’automatisme des slogans répétés sur le mode lobotomisé, tout ce qu’il y a d’infâme dans cette politique et d’imposture dans le chef de ceux qui la soutiennent. «In the weeks and months ahead, we can expect a growing chorus in the US Congress to echo the changing views of American Jews and answer: We want you to heed the president's call to stop settlement construction completely, comply with international law, and open the door to serious negotiations with the Palestinians toward a two-state solution. Every time that answer is heard publicly, it widens the crack in AIPAC's wall and brings us closer to the day when that wall, inevitably, crumbles.»

On pourrait observer, par analogie fameuse et tentante, que l’activité de lobbyisme de l’AIPAC est désormais placée devant son plus redoutable ennemi: une offensive de glasnost à-la-Gorbatchev, dont l’initiateur incontestable a été l’ambassadeur Freeman, lors de sa fameuse déclaration publique du 11 mars 2009, désignant le groupe (l’AIPAC) qui avait monté contre lui une campagne de lynchage médiatique. C’est la thèse de la “victoire à la Pyrrhus” de l’AIPAC dans cette affaire, avec la transgression peut-être fatale de la règle d’or du lobbyisme: la nature fondamentale du lobbyisme, et la condition sine qua non de son succès, est que son action doit être dissimulée et ne sembler en aucune façon être un acte de lobbyisme.

L’autre aspect de cette affaire est que ces développements se font effectivement sur un terrain fécond, c’est-à-dire un climat qui précédait l’arrivée d’Obama, de mise en cause de la politique israélienne, autant d’une façon générale que chez les juifs américains.


Mis en ligne le 11 juin 2009 à 12H01