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912La conférence des “amis de la Syrie” (FOS, ou Friends Of Syria) s’est déroulée dans un désarroi certain, sinon “chaotique”, qui a marqué des lignes de mésentente diverses entre les amis. Le point central est que la conférence s’est prononcée en majorité contre une intervention étrangère en Syrie et contre la militarisation du conflit interne, ce qui n’a pas plu à tout le monde. L’Arabie Saoudite et l’Union Européenne ont quitté la conférence avant sa conclusion, pour marquer leur mécontentement, ou bien parce qu’ils avaient d’autres obligations qui sait… Le sentiment général est, bien entendu, qu’on reviendra sur le sujet (intervention étrangère et militarisation).
Il est significatif quoique sans surprise excessive par ces temps étranges, de voir l’un des partisans les plus potiches, les plus faibles politiquement, les plus délégitimés dans ses propres territoires, affirmant les positions les plus dures. Les forces d’Arabie Saoudite sont pour l’instant fort occupées à aider à la répression du pouvoir des éminences du Bahreïn contre leur population, et à organiser la répression des propres populations du royaume, dont la contestation ne cesse de grandir conformément aux consignes du “printemps arabe” applaudi par la communauté européenne et le bloc BAO. Quant à la position européenne, on en est réduit encore une fois à souligner sa pauvreté et son extrême volatilité “chaotique”, une position qui est le résultat d’une synthèse des positions de membres qui ont des attitudes très différentes, synthèse allant en général dans le sens le plus maximaliste possible du point de vue de la communication pour éviter toute critique du conformisme de jugement automatisé, planté dans l’humanitarisme-Système du parti des salonards qui est la recette de l’extrémisme interventionniste le plus destructeur, dans un sens d’une complète inversion ; par conséquent, la position européenne maximaliste, de la pauvre Lady Ashton, est le produit d’une synthèse maximaliste constante qui ne synthétise rien du tout sinon une constante poussée maximaliste de conformismes ne représentant rien d’autre que la dynamique du Système, surpuissance-autodestruction. Une synthèse moyenne et “centriste” de l’extrémisme le plus radical ; une sorte de joyau de l’enfermement de la pensée de notre contre-civilisation.
La farce des FOS se marque par une complète inversion des attitudes par rapport aux réalités et aux capacités ; non seulement une farce, mais une farce faussaire et inversée pour ceux-là même qui l’organisent. Rien de bien surprenant, tandis que tout le monde continue à comploter en coulisses dans diverses directions. Le rapport de l’agence chinoise Xinhua rapporte quelques épisodes de la chose, le 25 février 2012.
«The "Friends of Syria" Conference concluded with a consensus on avoiding a militarization of the conflict in Syria, as more and more Arab countries have recognized that foreign intervention only results in riots, violence and poverty. In the face of frequent bomb attacks in Iraq and the bloody civil war in Libya, most of the Arab countries have begun to realize that the United States and Europe are hiding a dagger behind a smile – in other words, while they appear to be acting out of humanitarian concern, they are actually harboring hegemonistic ambitions.
»Arab League (AL) Secretary-General Nabil al-Arabi said he wouldn't let Syria turn into a regional or international battlefield for political interest groups, stressing the AL would respect Syria's sovereignty, and refuse any form of foreign intervention. He called for an end to the killing of civilians and for starting dialogues between the Syrian government and the opposition.
»Though the representatives of Saudi Arabia and the European Union showed their dissatisfaction by walking out of the meeting before it was over, most Arab countries stayed because they wanted to make sure a tragedy similar to Libya's would not unfold in Syria. As Tunisian President Moncef Marzouki warned that either arming groups of Syrians to fight against their compatriots or introducing foreign military intervention to solve the crisis in Syria would be a big mistake.»
D’autre part, de EUObserver.com (ce 25 février 2012), ces précisions venues de sources européennes à partir d’un texte général sur la conférence de Tunis décrite en général comme “chaotique”, – sorte d’équivalent de communication et de pseudo-diplomatie de la situation en Syrie. (Avec cette classification : Tunisie, Arabie, Qatar comme “super-faucons”, Français, Turcs et US “silencieux” sur la question de l’aide militaire, Britanniques contre bien qu’ils aient déjà sur place quelques contingents de SAS pour entrainer les “rebelles” ; lesquels “rebelles”, pas au complet d’ailleurs, sont sortis furieux de la susdite réunion où ils espéraient un engagement effectif.)
«One EU diplomat in Tunis called the event “chaotic,” with ministers going in and out for bilateral huddles. Some EU delegations left early for other commitments.[…]
»Another EU diplomat noted there is division even inside the EU camp. He said it was a “mistake” to meet in Tunis, the symbolic birthplace of the Arab Spring, because it gives the false impression the sectarian war in Syria is an Arab-Spring-type democratic movement. He added that EU support for an Arab-League-led transition in Syria has fortified Assad's “siege mentality” because the Arab League is dominated by Qatar and Saudi Arabia – two Sunni Muslim powers which are long-standing sectarian enemies of Assad's Alawite Muslim regime.»
…Avec, en sus, cette précision intéressante et couleur locale, à classer dans la rubrique “choc des civilisations” : «In a footnote to events, a businessman in Tripoli, in neighbouring Lebanon, last week told this website that the 11-month-old unrest in Syria has led to increased looting of antiquities. The 36-year-old cafe owner offered to sell EUobserver a gold, classical-era medallion from over the border. He said that his best customers are European and American diplomats because they have money and because they can use diplomatic privileges to smuggle items out of Lebanon.»
Tout cela n’interdit pas, comme on l’a déjà dit, de continuer à songer, ou de rêver à une intervention étrangère en Syrie, et à une militarisation de la chose (d’ailleurs déjà pratiquée en sous-main, mais qu’il faudrait officialiser pour profiter des vertus de la com’). Nul n’est engagé à rien dans cette ASBL “les amis de la Syrie”, qui a autant de légitimité qu’un sous-sous-Syndicat du Crime. Mais tout cela augure le pire du pire dans le sens du désordre absolument grotesque si, effectivement, il y avait tout de même intervention ou quelque chose qui y ressemble. C’est alors qu’on découvrirait que les FOS sont aussi bien capable de s’étriper entre amis, – ce qu’ils ont déjà commencé à faire diplomatiquement à Tunis, – que les Syriens entre eux. Du désordre, encore du désordre, toujours du désordre…
On se reverra le mois prochain en Turquie, puis, après, en France, sans doute pour saluer les élections présidentielles.
Mis en ligne le 27 février 2012 à 04H15
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