La filière italienne

Dans le scandale Plame-Miller, les Italiens ont joué un rôle important en donnant aux Américains (en 2002) des indications, évidemment fabriquées, sur le soi disant uranium du Niger et les soi disant recherches de Saddam pour s’en procurer. Dans la presse italienne, le quotidien La Republicca a récemment publié des enquêtes convaincantes à ce sujet et certains de ces articles ont été publiés en traduction anglaise.

Ces développements donnent une bonne idée de l’ampleur extraordinaire du complot, des moyens mis en œuvre, etc. Ce qui est particulièrement remarquable, c’est que cette activité prend des allures démesurée lorsqu’on la compare à l’aspect dérisoire de la cause initiale fondamentale: forger de toutes pièces un argument, par ailleurs boiteux si pas absurde du seul point de vue opérationnel, contre un dictateur de seconde zone (Saddam n’avait vraiment rien à voir avec Hitler malgré les tonnes d’invectives à ce propos), dans un pays en ruines, emprisonné dans un embargo impitoyable. Le scandale Plame-Miller et les ennuis de la bande à GW qui vont avec sont une juste conséquence de cette aberration historique, illustrant et prouvant par leur propre disproportion la disproportion dérisoire de la crise irakienne.

Il s’agit d’une circonstance typique de notre époque, du virtualisme postmoderne. Les causes initiales des processus sont très vite oubliées par des processus et des cerveaux complètement cloisonnés. Il n’y a plus aucune mise en perspective. Le résultat est en général monstrueux. La crise actuelle, qui menace finalement GW, est un véritable monstre, un Frankenstein enfanté par les trois dernières années d’activité ; mais la guerre contre l’Irak est aussi une sorte de Frankenstein dont on se demande la raison d’être.

Mis en ligne le 28 octobre 2005 à 16H37