La fin de la guerre comme instrument utile ?

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C’est une question essentielle qu’aborde l’historien Gabriel Kolko dans un essai mis en ligne le 10 février, sur les sites CounterPunch et Defense and the National Interest. C’est la question de l’utilité et de l’usage de la guerre comme instrument “utile” de la politique, notamment et principalement à la lumière des événements du temps présent. Des affaires comme la guerre en Irak et le bref affrontement entre Israël et le Hezbollah ont porté un coup sans doute fatal à ce qui n’était plus qu’un mythe, auquel pourtant les puissances établies ont continué à croire sans oser envisager de se réformer avant qu’il ne soit trop tard.

Kolko ne fait qu’effleurer cette question fondamentale dans son essai, mais il le fait d’une façon convaincante, qui va au cœur du débat.

«There has been a qualitative leap in military technology that makes all inherited conventional wisdom, and war as an instrument of political policy, utterly irrelevant, not just to the United States but also to any other state that embarks upon it. Nations should have realized this a century ago but they did not. But there have been decisive changes in balances of power, and more accurate and destructive weapons – and soon nuclear bombs and the missiles to deliver them – are becoming more and more available to the poorer countries. Technology is moving much more rapidly than the diplomatic and political resources or will to control its inevitable consequences. Nowhere is the danger of an uncontrolled, technology-driven escalation greater than in the long standing and increasingly complicated alliance between Israel and the United States.

»The United States should have learned its lesson in Vietnam, and its public is aware of it to a far greater extent than its politicians. The war in Iraq has reaffirmed the decisive limits of technology when fighting against enemies who are decentralized and determined. It has been extraordinarily expensive but militarily ineffective, and America is ineluctably losing its vast undertaking. Rivals are much more equal, and wars more protracted and expensive for those who persist in fighting them. America's ambitions for hegemony throughout the globe can now be more and more successfully challenged.

»The ultra-modern Israel Defense Force finally learned this in Lebanon last July, when Hezbollah rockets destroyed or seriously damaged at least 20 of its best tanks and they were fought to a draw – abandoning the field of battle and losing their precious myth of invincibility...»

La question de l’usage intensif et de l’utilité de la guerre à et pour des fins politiques, avec la réponse négative qu’on peut proposer aujourd’hui comme nous le démontre obligeamment le système de l’américanisme, constitue un débat passionnant qui concerne l’Occident dans son ensemble. Notre civilisation étant bâtie notamment sur la puissance de la technologie, — comme l’avait indiqué en le déplorant Arnold Toynbee, — et cette puissance étant particulièrement utilisée dans la guerre, — l’“échec de la guerre” est un point complètement fondamental. Comme l’indique Kolko, la chose était évidente il y a un siècle, après la guerre 14-18 qui montra que la guerre tendait vers l’impossibilité à cause des destructions que la technologie lui permettait de causer. Aujourd’hui, la démonstration est en train d’être achevée par la mise en évidence de l’aspect fratricide de cette puissance technologique.

La civilisation occidentale sous influence américaniste se trouve devant un problème immense. Devant elle se dresse l’obstacle de cette menace de la réduction vertigineuse de ce qui fonde sa puissance. Elle n’a pas de substitut. Elle est trop engagée dans cette voie à sens unique.


Mis en ligne le 11 février 2007 à 10H50