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4813On connaît le nom, le rôle et les liens supposés avec Netanyahou du milliardaire israélo-américain Sheldon Adelson. L’image qu’on s’en fait d’habitude est assez simple, sinon simpliste selon les schémas habituels des puissances de l’ombre : le soutien financier d’un multimilliardaire qui a fait sa fortune dans les casinos, non loin de Cosa Nostra, pour développer une politique ultra-sioniste que les deux hommes favorisent, cela dans l’entente la plus complète. Finalement, voilà que la situation apparaît bien plus complexe que cela, comme on le découvre dans un article d’Haaretz repris par Veterans Today, et en fonction des les multiples liens vers d’autres articles du même Haaretz, sur des sujets connexes.
En fait, les deux hommes sont surtout deux maris dont les femmes jouent un rôle tonitruant, sinon décisif, et chacune dans leur genre. La femme d’Adelson, la Docteure Miriam Adelson, psychologique et spécialiste de l’addiction aux drogues, joue désormais le rôle principal dans le couple. A 73 ans, elle a reçu l’essentiel de la fortune de son maris (ce qui en fait la première fortune d’Israël), Sheldon Adelson étant, à 85 ans, fortement handicapé par un cancer. Miriam Adelson n’en est pas moins une militante sioniste passionnée, peut-être plus encore que son mari, et jouant un rôle politique indirect extrêmement important. Elle est très impliquée dans la politique israélienne et met toutes ses forces pour la constitution d’un gouvernement de droite dure, de tendance très fortement sioniste.
… Alors, elle reste l’alliée et le soutien de Netanyahou ? Absolument pas. Les interrogatoires devant aboutir à un procès qui met en cause Netanyahou, dans une affaire de fraude et de détournement de fonds désignée comme l’“Affaire 2 000”, ont révélé combien les relations entre les Adelson et les Netanyahou sont devenus extrêmement conflictuels, d’ailleurs à partir de l’affaire elle-même qui les oppose. Mais il s’agit surtout du rôle de Sara Netanyahou. Miriam Adelson, tout comme son mari, la décrit comme une véritable malade mentale qui, de surcroît, entend tout régenter de l’action de son mari, jusqu’au point où l’on ne serait pas loin de penser que c’est Sara Netanyahou qui dirige Israël, et nullement Bibi. Cela n’est absolument pas du goût de Miriam Adelson, qui estime que des opportunités importantes d’alliance entre leaders de la droite, avec Netanyahou, ont été ratées à cause du comportement se Sara Netanyahou, et de sa haine de certains politiciens israéliens (Yamina Naftali Bennett et Ayelet Shaked).
Cette affaire, rapportée en détails par Haaretz, donne une vision très différente de la situation politique israélienne. Nous ne parlons du point de vue moral, puisque l’on sait depuis longtemps que la corruption, les affaires d’argent, les liens entre le politique et le crime organisée, etc., marquent la politique israélienne, et particulièrement Netanyahou. Ce qui apparaît, outre la situation étrange où les épouses jouent un rôle dondamental manifestement au détriment des époux pour des raisons diverses, c’est que la droite dure/extrême israélienne avec son preincipal bailleur de fond (Adelson) est très loin de présenter un front uni et cohérent, comme on tend souvent à le croire au nom d’un sentiment supposé d’une très forte solidité collective des dirigeants juifs. C’est même ce qui semblerait faire la principale force d’Israël, ou plutôt qui semblait jusqu’ici, car ce que nous montre ce rapide compte-rendu de Chanel 14/Haaretz, c’est une profonde corruption des comportements, des psychologies, jusqu’à des pathologies très dangereuses interférant fortement sur la politique israélienne.
Quoi qu’il en soit, les Netanyahou et les Adelson ne semblent donc plus être dans les meilleurs termes. L’article ci-dessous, du 10 septembre 2019, vient donc de Haaretz, avec relais de Veterans Today.
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Le multimilliardaire Sheldon Adelson, autrefois le principal partisan et soutien financier du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et son épouse Miriam ont témoigné devant la police que Sara Netanyahu est « folle » et qu’« elle décide de tout » chez les Netanyahou, y compris des nominations clés et même de certaines questions politiques, a rapporté dimanche le réseau Channel 13.
« Elle est complètement folle », a déclaré Sheldon Adelson, éditeur du quotidien Israel Hayom. « Elle est compulsive à propos des photos d'elle-même et de son apparence. Elle a notamment déclaré : “Je suis la première dame, je suis psy-cho-lo-gue et j'enseigne la psychologie aux enfants !”... Elle a dit à ma femme que si l’Iran réduisait Israël en cendres, ce serait de sa faute... parce que nous n'avons pas publié de bonnes photos d'elle », a déclaré Adelson, un donateur important pour les causes israéliennes et juives ainsi que pour le Parti républicain.
La Docteure Miriam Adelson a dit à la police que Sara Netanyahou choisit les personnes qui travaillent avec le premier ministre. « Elle choisit les aides, les gens autour de lui, le personnel, sa secrétaire. De cette façon, elle sait tout ce qui se passe ». Quand on lui a demandé si Sara Netanyahou influence les nominations gouvernementales, Adelson a répondu : « Cela aussi, je crois. »
Les Adelsons ont fait leurs déclarations dans le cadre de l'enquête policière sur l’“Affaire 2000”, impliquant un accord que Benjamin Netanyahou aurait négocié avec Arnon Mozes, éditeur du quotidien Yedioth Ahronoth, pour obtenir une couverture médiatique favorable en échange de restrictions opérationnalisées contre le quotidien d’Adelson Israël Hayom, son principal rival. L’accord n’a jamais été conclu. Le procureur général Avichai Mendelblit a décidé d'inculper Netanyahou pour fraude et abus de confiance dans cette affaire qui doit passer devant le tribunal.
Sheldon Adelson a également déclaré à la police que Benjamin Netanyahou avait tenté de le convaincre de remplacer le rédacteur en chef d'Israël Hayom par Nir Hefetz, qui était autrefois conseiller médiatique de la famille Netanyahou (et qui est maintenant témoin pour l’accusation).
Le cabinet du premier ministre a nié l’intégralité des déclarations des Adelson : « A part les noms mentionnés, il n'y a pas un seul mot de vrai dans ce rapport frauduleux. C'est une pile de mensonges déformés et diffamatoires. Son but est de nuire au Premier ministre Netanyahou et à son épouse à la veille de l’élection. »
Dans son témoignage, Miriam Adelson a décrit un des accès de colère de la première dame : « A un dîner chez nous, elle criait tellement fort que Bibi est intervenu pour dire qu’ils allaient partir. » Lorsqu'on lui a demandé pourquoi Sara Netanyahu hurlait, Miriam Adelson a répondu : « Elle disait que je lui suçais le sang. C'était horrible. Elle a perdu la raison. Je l'ai serrée dans mes bras et je lui ai dit : “Calme-toi, Saraleh, tout ira bien. »
La Dre Adelson a déclaré que l'épouse du premier ministre n'était « tout simplement pas en bonne santé », ajoutant : « En tant que médecin, j'ai de la sympathie pour les gens qui ne sont pas en bonne santé. Je traite les toxicomanes. Elle n'est pas en bonne santé. »
Se référant à la haine de Sara Netanyahu à l'égard des leaders israéliens Yamina Naftali Bennett et Ayelet Shaked, la Dre Adelson a déclaré : « Cela me dérange que nous ayons un premier ministre dont la femme décide de tout. J'étais furieuse après les dernières élections quand il [le premier ministre] n'a pas formé une coalition avec Bennett parce qu'elle le déteste. » « Le sort du peuple juif est décidé parce que la première dame déteste Bennett et Shaked, de sorte qu'il ne forme pas une coalition avec la droite appropriée. »
La Dre Adelson a également témoigné que Sara Netanyahu lui avait demandé de faire un don à une organisation qui servait les intérêts politiques des Netanyahou. Elle a dit aux enquêteurs : « Il y a un fonds qui appartient à un juif marocain auquel elle voulait que je fasse un don. Elle a dit qu'il était agréable de donner des bourses d'études pour les enfants d'origine marocaine. Et puis elle a dit une phrase que je n'aimais pas. Elle a dit : “Il [celui qui est responsable des bourses] nous aide pour les élections, à Ashdod ou je ne sais où”. Je lui ai fait l’honneur de l’écouter mais, en fin de compte, il n’a pas reçu un centime. »