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387Les hypothèses et supputations ont commencé à circuler concernant la position d’Hillary Clinton, en connexion avec ce qui est considéré par l’équipe Obama comme la très mauvaise situation du vice-président Biden en termes de popularité. L’idée est notamment d’envisager que Biden cède sa place à Hillary comme candidate vice-président avec Obama pour la campagne de réélection de 2012. Une autre hypothèse, plus immédiate, est de faire passer Hillary au Pentagone si Gates s’en va. Les deux hypothèses combinées suscitent l’interprétation supplémentaire d’une tentative de renforcement d’Obama pour les présidentielles de 2012, avec une neutralisation d’Hillary Clinton comme adversaire potentielle de même Obama pour la désignation comme candidat démocrate en 2012.
Le Washington Times, notamment, reprend toutes ces rumeurs dans un édito du 23 août 2010. Après avoir évoqué le cas Biden, le journal conclut de cette façon :
«On Sunday, David Ignatius wrote in The Washington Post that making Mrs. Clinton vice president would be Mr. Obama's “second term masterstroke.” Mr. Ignatius is no Hillary fan. After the election in November 2008, he called her a “big, hungry, needy ego" and said that making her secretary of state would be “a mistake of potentially enormous proportions.” Trading the vice president's office to forestall Hillary's shot at the top spot – placating her “needy ego” with a symbolic office of no importance – certainly would be a masterstroke.
»Another option getting batted around is to sideline Mrs. Clinton at the Pentagon. Secretary of Defense Robert Gates announced he'll probably retire in December 2011 after the Afghanistan policy review, and Mrs. Clinton might be beguiled at being the "historic" first woman defense secretary. Former Council on Foreign Relations President Leslie Gelb pitched the idea earlier this year and contends the military “loves” her, a crush which is likely to fade if Hillary actually becomes the civilian leader to those in uniform.
»Although sporting, none of the speculation means much at this stage. The size of the expected Democrat debacle in this fall's elections has yet to play out, and that election will set the initial terms for 2012. Mrs. Clinton has no pressing need to change jobs. Meanwhile, the new documentary “We Will Not Be Silenced,” detailing alleged fraud involved in Mr. Obama's 2008 nomination, has been gaining more attention in Democratic circles. If Hillary supporters are going to mount a party coup against the first black president, they will need a better argument than that he is a complete disaster in his job.»
@PAYANT Il y a bien entendu eu des précédents d’un président changeant de vice-président pour renforcer ses chances d’être réélu. (Notamment, le précédent fameux de Roosevelt se débarrassant de Henry Wallace, son vice-président en fonction, pour Truman, en septembre 1944, pour sa troisième réélection de novembre 1944. La raison en était que Wallace était trop à gauche et que la position de FDR était extrêmement difficile à cet égard, – malgré les succès de la guerre en cours, qui comptaient assez peu pour la situation politique intérieure US, contrairement à l’image qui est habituellement entretenue à cet égard.) Mais jamais les spéculations à propos d’un nouveau vice-président pour sauver un deuxième mandat du président en place n’avaient été développées alors qu’on n’a pas encore atteint la moitié du premier mandat (novembre 2010). Cela mesure sans aucun doute la fragilité de la situation d’Obama, et, surtout, la perception extrême de cette fragilité par Obama et son équipe.
Bien entendu, il faut admettre que ces rumeurs ne sont nullement spontanées, qu’elles sont autant de ballons d’essai, directement ou indirectement venus de l’administration, pour tester l’idée de telles possibilités. C’est une technique habituelle. Ce qui est extrêmement surprenant, encore une fois, c’est la chronologie ; que ces rumeurs soient répandues maintenant implique un risque énorme de désunion, de confusion, d’affrontement et de méfiance généralisée au sein de l’administration Obama, entre Obama, Biden, Clinton notamment. Chacun verra désormais ses relations de travail avec les autres entachées du soupçon largement substantivé de manœuvres pour les présidentielles de 2012. Les interférences sur la politique de l’administration, intérieure et extérieure, vont être massives, alors que cette politique n’est déjà pas brillante dans la confusion générale régnant à Washington. Plus encore, – que ces rumeurs apparaissent avant les élections mid-term de novembre, qui promettent des bouleversements dont nul ne sait l’orientation, alors qu’Obama est lui-même en position très délicate, voilà un signe de plus du désarroi régnant. (Si Biden est critiqué au sein de l’équipe Obama pour son impopularité, que dire d’Obama lui-même ? Une majorité de 43% d’Américains jugent que Biden remplit mal ses fonctions, mais cette majorité passe à 50% pour Obama…)
Autre élément, mentionné en passant dans l’édito du Washington Times, – l’offensive des partisans d’Hillary Clinton concernant les conditions de la désignation d’Obama comme candidat démocrate en août 2008 par la convention démocrate. (Le documentaire We Will Not Be Silenced sur des allégations de fraude pour la nomination d’Obama.) On ne peut croire tout à fait qu’Hillary n’était pas au moins un peu au courant et qu’elle a laissé faire, ce qui pourrait être une indication sur son agrément, ou plutôt sa réticence face à toute manœuvre qui tenterait de la priver de la possibilité de figurer comme candidate à la désignation démocrate contre Obama, à l’été 2012. La fragilisation d’Obama se mesure d’ailleurs au simple fait de l’évolution des positions relatives des uns et des autres en termes politiciens. Lorsque Hillary Clinton accepta le poste de secrétaire d’Etat, on considéra qu’elle abdiquait toute prétention à une candidature pour 2012, acceptant de facto la supériorité d’Obama. Aujourd’hui, cette position n’est plus considérée comme suffisante à cet égard, et l’on envisage de la “neutraliser” en lui donnant une fonction obligatoire dans l’élection, dont on attend d’autre part qu’elle renforce Obama pour 2012. Bien évidemment et dans cette hypothèse, il est loin d’être acquis qu’Hillary Clinton joue nécessairement ce jeu.
De toutes les façons, nous sommes bien loin du compte, et 2012 est encore très loin, à la vitesse où vont les événements et les bouleversements. On peut seulement mesurer l’extrême volatilité de la situation américaniste aujourd’hui, où une équipe dirigeante ne semble pouvoir tenir deux ans dans sa cohésion interne et sa structure même, tant les pressions des incertitudes politiques sont grandes. Cette situation-là est, chronologiquement, sans précédent, et mesure encore plus l’extraordinaire inconsistance et la paralysie du pouvoir US, par conséquent l’inexistence de toute politique US suivie. Les rumeurs concernant Hillary vont contribuer encore à accroître la confusion et la fragilité générales.
Mis en ligne le 25 août 2010 à 09H26