La Führerin Timochenko : la révolution ou la guerre

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La Führerin Timochenko : la révolution ou la guerre

Dans Strategic-culture.org, le 12 mai 2014, Dimitri Minine analyse la situation politique à Kiev, dans la perspective des élections présidentielles du 25 mai si elles ont lieu ; avec deux candidats qui, selon les sondages et selon les analyses politiques, sont les deux seuls prétendants sérieux, – le “roi du chocolat”, le milliardaire Piotr Porochenko, et la “princesse du gaz”, l’ancienne Premier ministre Iulia Timochenko.

La campagne a pris un tour très agressif, entre Porochenko et Timochenko, essentiellement du point de vue de la seconde. Lors d’une conférence de presse à Nikolaïev, observe Minine, Timochenko a conclu que, si elle n’était pas élu, un “troisième round révolutionnaire” (après la “révolution orange” de 2004 et le coup du maidan de février dernier) était inévitable : «Je ne veux plus être tenue pour responsable de l’échec de la révolution... Si le pays élit un autre président [que moi,] et comme ce ne peut être que le seul rival qui reste à ma hauteur [Porochenko], je crois que nous devrons préparer le troisième round de la révolution. Autrement, je ne vois aucune possibilité de changement, je connais parfaitement tous ces gens [Porochenko et son entourage]...»

Minine constate que Timochenko est effectivement en position de contester fortement la position jusqu’alors dominante de Porochenko. Elle tient le pouvoir provisoire puisque le président, son premier ministre et son ministre de l’intérieur actuels sont de son parti. Elle est présentée comme étant dans un état d'esprit très agressif, corrompue comme les autres certes et assise sur une belle fortune, mais avec des intentions absolument maximalistes, et avec une véritable armée privée pour intervenir dans un sens “révolutionnaire”. Un des arguments de Minine est aussi le fait que Porochenko, s’il est élu, pourrait lancer des enquêtes rapides aussi bien sur les conditions du coup du 21-22 février que sur les massacres d’Odessa et autres, qui pourraient mettre Timochenko dans une très mauvaise position selon le constat que c’est son parti qui tient tous les pouvoirs aujourd’hui en Ukraine et se trouve à la base de ces événements.

«General Pinochet or she-devil wearing a skirt, as they call it in Ukraine, Timoshenko has no wish to get behind bars again. Neither does she want to lose the reins; the lust for power is in her blood. She’ll go to any length to reach the goal even if it means plunging Ukraine into abyss. Illegal armed formations are mushrooming across the country, at that she is creating an army of her own – National Salvation Front with best military thinkers and seasoned professionals filling the top positions. The strength of Julia’s army is around ten thousand and the formation appears to be getting ready for the third revolution. The Poroshenko and Timoshenko have by and large the same stances on Russia but she has already painted her competitor in the race as a national traitor. As she told Svoboda Slova (Freedom of Speech) TV program, no coalition with Poroshenko is possible. She accuses him of being in collusion with Moscow-oriented gas tycoon Dmitry Firtash. According to her, they made a deal in Vienna where Firtash was kept behind bars. After thorough investigation Russia lifted trade bans on the shipment of confectionery products of the Ukrainian corporation Roshen that were imposed by Russia’s Federal Service for Supervision of Consumer Rights Protection and Human Welfare. Roshen belongs to Poroshenko and the fact makes Timoshenko suspicious. The Simferopol shipyard formally also belongs to the “chocolate tycoon”, though in practice it’s out of his control. The facility has recently signed a $136 million ship repair contract with Russia. The leader of Batkivschyna party saw it as a reason to accuse Poroshenko of treason.

»The Timoshenko’s escapades and extravaganza start to scare the West. She blackmails the European Union and the United States threatening to stage another maidan. She wants to become the darling of the West and make it offer military aid to Ukraine so that it could wage war against Russia. Timoshenko would not stop before provoking a clash between the United States and Russia pursuing the goal of clinching power. In comparison with her even Poroshenko and CIA analysts appear to be moderate. Many thousands of human lives depend on what this drug addict says or does. On April 18 Timoshenko asked the US Congress for military aid including air defense and anti-armor systems as well as personnel training...

L’allusion à l’adduction à la drogue de Timochenko n’est ni gratuite (la rumeur n’est pas nouvelle), ni sans importance. Ce comportement a souvent eu des effets décisifs dans certaines circonstances, alors que les historiens “sérieux” tendent à n’en pas tenir compte. John K. Galbraith a expliqué dans un de ses ouvrages (Name-Dropping, 1999) comment il avait acquis la certitude, après des entretiens en tant qu'officiel US, en 1945, avec des dirigeants nazis prisonniers dont le docteur Schacht ministre des finances de Hitler, que l’essentiel de la direction nazie était sous dépendance de l’alcool et de la drogue dans la dernière partie de la guerre, cela expliquant certaines décisions particulièrement folles et dévastatrices.

Minine précise encore que Porochenko a tenté le 6 mai un “coup d’État interne” à la Verkhovna Rada de Kiev, qui aurait abouti en cas de succès à l’élimination de la direction actuelle (pro-Timochenko) et le report des présidentielles. Bref, on ne perd pas son temps et les lendemains du 25 mai, s’il y a un 25 mai, vont chanter une drôle de ritournelle... «Commenting on the situation MP Spiridon Kilinkarov noted that, “Ochlocracy means the power of mob which inevitably leads to dictatorship. It’s the most horrible thing. As a rule, when events unfold this way, a country is in for tough rule by iron hand”.»

Vous n’avez pas fini d’entendre parler de l’Ukraine démocratique, produit de notre vertueuse postmodernité ...


Mis en ligne le 13 mai 2014 à 09H37