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318Le 25 mars a eu lieu au Congrès US (Sénat) une audition intéressante du chef de la composante aérienne de la Garde Nationale (l'Air National Guard, ou ANG), le lieutenant général Harry Wyatt III. Le débat portait sur l’équipement des unités de la Garde et les difficultés que la Garde allait rencontrer dans les prochaines années à remplir sa mission essentielle, dite “mission de souveraineté”, de surveillance et de contrôle de l’espace aérien national. Cette capacité est profondément mise en cause par la crise de l’USAF, avec l’inattention générale de cette même USAF pour les missions autres que celles de projection de puissance.
Aviation Week & Space Technology a publié, le 26 mars 2009, un compte-rendu sur cette audition. On y trouve notamment l’exposé de la situation de cette mission dans les projections pour les années à venir.
«GAO reported in January that if Guard aircraft are not replaced by 2020, 11 of the 18 domestic air sovereignty alert sites could be without aircraft. The Air Force has not developed mitigation plans because it was focused on other priorities like the wars in Iraq and Afghanistan. Of the 18 sites, 12 are currently equipped with F-16s, which will reach the end of their useful service lives between fiscal 2015 and 2020.
»Wyatt claimed the Air National Guard faces the greatest risk of delays in regard to tactical aircraft replacement, saying it could lose 80 percent of its air force between 2010-2018 if nothing is done, dropping from 19 wings to just four over that time. The active Air Force, Navy and Marine Corps have each expressed concern over their own projected tacair shortfalls.»
Le chef de l’Air National Guard a reçu le soutien des sénateurs, qui lui ont promis d’intervenir, sans doute auprès de l’USAF, pour tenter de garantir ses besoins ou, au moins, d’en satisfaire une partie. Il s'agit pour l'instant de promesses spéculatives; mais l'intérêt des parlementaires pour la situation de la sécurité intérieure les pousse à un intérêt particulier pour la Garde Nationale, ce qui rend possible que ces promesses soient suivies d'actes concrets.
«Senate appropriators […] offered sympathy and support for the U.S. Air National Guard in its effort to gain new tactical aircraft, be they F-22 Raptors or modernized legacy fighters. “We’ll do our very best to make sure replacements for your fighters are in the budget,” Senate Appropriations Committee Chairman Daniel Inouye (D-Hawaii) assured Lt Gen. Harry Wyatt III, director of the Air National Guard. […]
»Missouri Sen. Kit Bond, whose state is home to major Boeing fighter manufacturing, lambasted USAF for paltry budget planning that could leave the Air National Guard “eviscerated.” The Republican senator said the Guard needs a “bridge” to the F-35 Joint Strike Fighter and that the USAF needs to prove that it believes air sovereignty to be an important mission.
»Wyatt said the Guard was working with the USAF over budget options. “We are including in our options a fourth-generation buy, or a 4.5-generation buy,” he said.»
Nous avouons, pour ce cas, n’avoir aucune certitude. Nous ignorons s’il y a eu un précédent de cette sorte, – aucune précision n'est donnée à cet égard, par AW&ST, par ignorance ou par discrétion… Quoi qu'il en soit, le cas est assez exceptionnel pour être considéré comme tel, – une sorte d'intervention inédite, – notamment à partir de deux remarques.
• La première observation du caractère exceptionnel de l'affaire concerne une intervention aussi précise du législateur à propos de la dotation de l’ANG par rapport à une situation aussi spécifique, concernant un point aussi précis et essentiel de la sécurité nationale dans le domaine de l'aviation de combat, dans tous les cas quant au constat qui e est fait et quant à la philosophie qu’implique ce constat.
• La deuxième observation concerne une intervention du législateur faite de telle façon qu'elle implique au terme, si ce terme est atteint, une implication directe dans la planification des acquisitions de l’USAF, par quoi doit passer la planification des équipements de l’ANG.
Quoi qu’il en soit, il s’agit de l’exposition d’une intéressante situation. Ce type d’audition, et les actions qui pourraient être décidées à sa suite, impliquent qu’il est désormais possible et envisagé, – sans savoir si la chose se concrétisera, – que le pouvoir législatif intervienne dans la programmation de l’USAF pour éventuellement forcer ce service à certaines orientation, et notamment à privilégier l’ANG dans certains cas. De telles interventions impliquent des pressions potentielles, dans divers domaines, dont deux principalement. Il y a d’abord le domaine du choix des systèmes, qui peuvent intervenir dans la politique générale de l’USAF et du Pentagone. Lorsque Wyatt explique qu’il envisage des options d’achat de système de la “quatrième génération et demie” («We are including in our options a fourth-generation buy, or a 4.5-generation buy»), il fait allusion à des versions très avancées de systèmes anciens, tels le F-16C/D Block 60 et le F-15SE, dont l’on sait l’éventuel caractère déstabilisant pour le développement courant des nouveaux systèmes dans le cadre de l'USAF.
L’autre domaine est celui de la stratégie elle-même. Les choix de l’ANG, s’ils sont relayés par le pouvoir législatif, vont constituer une pression en faveur d’une programmation et d’un équipement privilégiant les missions continentales, donc une stratégie plutôt tournée vers un certain repli. Cette orientation doit d’autre part renforcer un mouvement général des forces armées qui pourrait avoir lieu avec la montée en puissance de la crise mexicaine. Si ces événements mexicains ne sont pas directement liés aux équipements discutés ici, ils installent un cadre stratégique de pensée qui pousse à un renforcement des forces armées au niveau continental.
D’unez façon générale, cette orientation poussant les autorités législatives à s’adresser directement à la Garde Nationale, qui est structurée par Etats, pour des choix aussi fondamentaux, sans passer par la dynamique centralisatrice de l’USAF, tend à renforcer la structure des Etats de l'Union contre la structure fédérale. C’est un point important à noter dans le climat actuel.
Mis en ligne le 31 mars 2009 à 12H42