La Garde Révolutionnaire iranienne veut-elle la guerre et la bombe n’est-elle qu’un appât?

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La crise iranienne dépend de nombre de facteurs et présente une situation d’une très grande complexité. Il s’agit d’une observation de bon sens qui doit rester constamment à l’esprit face aux tentations de manichéisme. Parmi les facteurs incertains les plus ignorés de la crise, il y a l’attitude de certains groupes en Iran. William Pfaff nous fournit un élément important, avec, mis en ligne le 20 septembre, un article à partir de sources intérieures à l’Iran qui abordent le cas de la Garde Révolutionnaire (ICRG). Le sérieux du travail de William Pfaff et la qualité habituelle de ses sources nous conduisent à nous intéresser à ce qu’il suggère.

La thèse développée est que l’ICRG désire une attaque des USA ou/et d'Israël — ou d'un autre d’ailleurs: William Pfaff, qui ne manque pas d’un humour un peu méprisant, laisse après tout la porte ouverte à la logique mise en branle par la triste performance française: «…leading figures in the Revolutionary Guard believe that an attack on their country by America or Israel (or France — since the Sarkozy government in France seems sympathetic to extreme measures against Iran)»

On comprend ainsi, selon la thèse exposée, que la question de l’arme nucléaire n’est finalement, dans le chef de ces groupes, qu’un prétexte pour conduire à l’affrontement. Il est vrai que cette arme n’est pas quelque chose d’utilisable mais qu’elle est un système par essence souverain et garant d’un Etat structuré, quelque chose qui tend à garantir la protection d’une nation mais aussi à la dissuader de tenter des aventures, quelque chose qui impose une certaine sagesse stratégique. C’est là tout le principe de la dissuasion que la plupart des Occidentaux, touchés par l’hystérie collective caractérisée par Bush et ses neocons, ont oublié au profit des thèses de la guerre préventive (dito “guerre d’ingérence”, selon l’inénarrable ministre français des affaires étrangères).

Si la bombe, ou la pseudo-bombe, ou la menace de bombe iranienne n’est qu’un leurre, ou mieux dit un appât, — voici alors l’essentiel de la manœuvre :

«Sources inside Iran, opposed to the present mullahs’ government, but loyal to the Islamic republic, have described to this writer why leading figures in the Revolutionary Guard believe that an attack on their country by America or Israel (or France ¬— since the Sarkozy government in France seems sympathetic to extreme measures against Iran) would actually produce in political but also military terms a great victory for Iran and the Islamic cause, as well as serving the Revolutionary Guard’s own organizational and political interests.

»They see Bush administration hawks, Washington’s neo-conservatives, and Israel’s lobbyists for an attack on Iran, as objectively their allies in promoting a defeat for the United States and decisive blow to the international standing and strategy of the United States.

»They believe they can apply to U.S. Naval forces measures of asymmetric warfare, using advanced technology, just as Lebanon’s Hezbollah did last year in resisting Israel’s ground intervention in Lebanon and destroying Israeli armor.

»Similar methods, applied by the insurgents in Iraq, have taken a severe toll in American vehicles, armor and troops.

»These Iranian officers think they can successfully attack American naval and air bases with rockets and commando interventions, and sink American warships with attacks by swarming fleets of speedboats and civilian vessels armed with anti-ship and armor-piercing weapons, blinding, overloading or crashing ships’ radar defenses and countermeasures by the sheer mass of the attacks.

»They also believe that after their successful eight-year war with Iraq, they have become masters of entrenchment, subterranean defensive measures, dissimulation and camouflage, military dispersal, misdirection and misinformation, so that even the two thousand U.S. air and missile attacks spoken of in some Washington reports would not be able to find and destroy the essential components of Iran’s nuclear research and manufacturing capabilities.»

La prudence doit tempérer le jugement de cette sorte d’hypothèse mais la raison nous conduit à penser que ce genre de calculs n’est pas infondé. En six ans, l’Occident, sa puissance et ses certitudes, ont subi trois retentissantes défaites en termes de G4G (l’Irak, l’Afghanistan et Israël face au Hezbollah). Rien, vraiment rien ne montre que les Occidentaux aient tiré la moindre parcelle d'enseignement de ces défaites, au contraire tout montre qu’ils en rajoutent dans le sens de l’erreur originelle. La conclusion de Pfaff est tout à fait acceptable comme le moins que l’on doive garder de cette thèse: «It may be that the calculations of these Revolutionary Guard officers concerning war with the United States are wrong. But they suggest that starting a war against Iran today carries risks less easily predicted than the present discussion complacently assumes.»


Mis en ligne le 22 septembre 2007 à 09H12