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265223 novembre 2016 – Les signes se multiplient aux USA, montrant que l’élection de Trump est de plus en plus contestée par divers groupes, diverses personnalités, directement ou indirectement et dans des sens divers (guérilla urbaine, contestation formelle légale ou illégale, poussée centrifuge), à un point où Patrick J. Buchanan peut terminer son commentaire du 21 novembre par ces mots « La bataille de 2016 est finie. La longue guerre de la présidence Trump vient juste de commencer. » (« The battle of 2016 is over. The long war of the Trump presidency has only just begun. ») Buchanan, un des plus respectés et des plus écoutés parmi les commentateurs du courant “paléoconservateur” (conservateurs antiguerre et isolationnistes, libertariens, droite nationaliste, etc.), estime que Trump doit d’ores et déjà de constituer un “cabinet de guerre” : « La présidence de Donald Trump sera une présidence en état de siège, et il [Trump] ferait mieux de composer, d’un point de vue politique, un cabinet de guerre et une équipe à la Maison-Blanche prête à se battre et qui ne risque pas de s’égayer [au premier affrontement]. »
Nous pouvons d’ores et déjà parler à la fois d’une perspective de diverses gravités et d’une alternative entre ce qui est extrêmement grave et ce qui est irrémédiablement grave selon l’accélération des événements ; entre la perspective d’une “Longue Guerre” interne si l’on accepte l’idée que Trump pourra s’installer au pouvoir, constituer un cabinet et commencer à gouverner, ou à tenter de gouverner. Le deuxième terme de l’alternative, “ce qui est irrémédiablement grave”, s’offre à nous si les choses vont plus vite, si même Trump se trouve en difficultés pour prendre ses fonctions ou s’il n’arrive pas à rétablir l’ordre immédiatement après son entrée en fonction ; l’on peut alors parler de “Grande Guerre Civile”, parce que l’issue, comme nous en avons souvent fait l’hypothèse, ne peut être que l’éclatement des USA.
Pour documenter cette appréciation, qui est d’ailleurs en partie suscitée par lui mais aussi par de nombreuses autres nouvelles qui jaillissent de tous côtés, nous avons repris intégralement, ci-dessous, le texte de Buchanan, parce qu’il offre aussi bien une appréciation politique qu’une foule de références aussi bien aux événements courants qu’à des événements passés de la même sorte. Mais ces références passée renvoient à des moments spécifiques différents alors que nous sommes, aux USA, à une sorte de Grand Moment qui rassemble tous ces “moments différents” ; et cette situation spécifique des USA est directement en connexion avec un mouvement général (global) d’affrontement touchant de nombreux autres pays, essentiellement du bloc-BAO (notamment la France). Cette Grande Guerre Civile globalisée se livre entre globalistes et souverainistes si l’on veut faire court et significatif ; l’on sait que, pour notre compte et pour écarter toute ambiguïté dans l’analyse à cause de la multiplicité de sens de ces mots et aller à l’essentiel, nous préférons la définir comme la Grande Guerre “entre Système et antiSystème” pour mieux rappeler l’essence même de la Grande Crise d’effondrement du Système qui est en train de se dérouler effectivement, sous nos yeux, et entrée dans sa phase paroxystique.
Voici donc le texte de Buchanan, du 21 novembre sur son site Buchanan.org, sous son titre...
» After a week managing the transition, vice president-elect Mike Pence took his family out to the Broadway musical “Hamilton.” As Pence entered the theater, a wave of boos swept over the audience. And at the play’s end, the Aaron Burr character, speaking for the cast and the producers, read a statement directed at Pence: “(W)e are the diverse America who are alarmed and anxious that your new administration will not protect us, our planet, our children, our parents, or defend us and uphold our inalienable rights, sir. But we truly hope this show has inspired you to uphold our American values.”
» In March, the casting call that went out for actors for roles in this musical celebration of “American values” read: “Seeking NON-WHITE men and women.” The arrogance, the assumed posture of moral superiority, the conceit of our cultural elite, on exhibit on that stage Friday night, is what Americans regurgitated when they voted for Donald Trump. Yet the conduct of the “Hamilton” cast puts us on notice. The left neither accepts its defeat nor the legitimacy of Trump’s triumph.
» His presidency promises to be embattled from Day One.
» Already, two anti-Trump demonstrations are being ginned up in D.C., the first on Inauguration Day, Jan. 20, by ANSWER, Act Now to Stop War and End Racism. A second, scheduled for Jan. 21, is a pro-Hillary “Million Woman March.”
» While the pope this weekend deplored a “virus of polarization,” even inside the church, on issues of nationality, race and religious beliefs, that, unfortunately, is America’s reality. In a new Gallup poll, 77 percent of Americans perceived their country as “Greatly Divided on the Most Important Values,” with 7 in 8 Democrats concurring. On the campuses, anti-Trump protests have not ceased and the “crying rooms” remain open. Since Nov. 8, mobs have blocked streets and highways across America in a way that, had the Tea Party people done it, would have brought calls for the 82nd Airborne. In liberal Portland, rioters trashed downtown and battled cops.
» Mayors Rahm Emanuel of Chicago and Bill de Blasio of New York have declared their cities to be “sanctuary cities,” pledging noncooperation with U.S. authorities seeking to deport those who broke into our country and remain here illegally. Says D.C. Mayor Muriel Bowser, “I have asserted firmly that we are a sanctuary city.” According to The Washington Post, after the meeting where this declaration had been extracted from Bowser, an activist blurted, “We’re facing a fascist maniac.”
» Such declarations of defiance of law have a venerable history in America. In 1956, 19 Democratic Senators from the 11 states of the Old Confederacy, in a “Southern Manifesto,” rejected the Supreme Court’s Brown decision ordering desegregation of the public schools. Arkansas Gov. Orval Faubus, Mississippi Gov. Ross Barnett and Alabama Gov. George Wallace all resisted court orders to integrate. U.S. marshals and troops, ordered in by Ike and JFK, insured the court orders were carried out. To see Rahm and de Blasio in effect invoking John C. Calhoun’s doctrine of interposition and nullification is a beautiful thing to behold.
» Among the reasons the hysteria over the Trump election has not abated is that the media continue to stoke it, to seek out and quote the reactions they produce, and then to demand the president-elect give assurances to pacify what the Post says are “the millions of … blacks and Latinos, gays and Lesbians, Muslims and Jews — fearful of what might become of their country.”
» Sunday, The New York Times ran a long op-ed by Daniel Duane who said of his fellow Californians, “(N)early everyone I know would vote yes tomorrow if we could secede” from the United States. The major op-ed in Monday’s Post, by editorial editor Fred Hiatt, was titled, “The Fight to Defend Democracy,” implying American democracy is imperiled by a Trump presidency. The Post’s lead editorial, “An un-American Registry,” compares a suggestion of Trump aides to build a registry of Muslim immigrants to “Nazi Germany’s … singling out Jews” and FDR’s wartime internment of 110,000 Japanese, most of them U.S. citizens.
» The Post did not mention that the Japanese internment was a project of the beatified FDR, pushed by that California fascist, Gov. Earl Warren, and upheld in the Supreme Court’s Korematsu decision, written by Roosevelt appointee and loyal Klansman, Justice Hugo Black.
» A time for truth. Despite the post-election, bring-us-together talk of unity, this country is hopelessly divided on cultural, moral and political issues, and increasingly along racial and ethnic lines. Many Trump voters believe Hillary Clinton belongs in a minimum-security facility, while Hillary Clinton told her LGBT supporters half of Trump’s voters were racists, sexists, homophobes, xenophobes and bigots. Donald Trump’s presidency will be a besieged presidency, and he would do well to enlist, politically speaking, a war cabinet and White House staff that relishes a fight and does not run.
» The battle of 2016 is over.
» The long war of the Trump presidency has only just begun. »
Aux USA donc se livre aujourd’hui une sinon la bataille fondamentale de “la Grande Guerre ‘entre Système et antiSystème’”. Nous la qualifions de “fondamentale” parce que les USA occupent la place que l’on sait dans le Système, avec le système de l’américanisme (l’establishment washingtonien) à la fois centre et moteur du Système, et donc que la cohésion du système de l’américanisme, son unité, son existence même sont des conditions sine qua non de l’existence du Système comme événement ontologique totalitaire de l’enchaînement du monde. Nous conduisons notre analyse selon trois points, qui rappellent la classification que nous avons déjà établie dans des analyses précédentes (voir le 15 novembre et le 18 novembre).
• Il y a la contestation proprement dite de l’élection de Trump. Elle se livre d’abord dans la rue et sur les campus qui sont un foyer important d’agitation et elle reste extrêmement active sous forme d’une sorte de “guerre de guérilla civile”. Il n’y a pas, – pas encore ? – l’ampleur d’une organisation coordonnée au niveau national qui ferait parler d’une véritable “révolution de couleur”, pourpre évidemment, qui est bien plus qu’une couleur et qui, en tant qu’elle serait prise seulement comme une “couleur”, est d’une infinie variété sur son champ chromatique entre rouge et violet ; toutes ces nuances symbolisent parfaitement l’instabilité et les contradictions formidables auxquelles est confronté le jugement. Principalement, on dira il n’y a pas (encore ?) cette organisation au niveau national parce que le “régime” n’est toujours pas aux mains de l’ennemi haï, mais dans les mains hésitantes du président lame-duck Obama ; parce que, aussi, personne ne sait ce que donnerait une telle organisation, du point de vue de la mobilisation du camp adverse d’abord, du point de vue surtout des conséquences centrifuges dans cet immense pays d’une crise si profonde exacerbant nécessairement son obsession historique de sa fragile unité et de la tentation de la sécession.
Cette situation est l’objet d’une très faible publicité parce que la presse-Système a l’habituel instinct d’autocensure (par rapport à sa mission théorique d’information) de tout ce qui est désordre sur le territoire théorique du Système, et qui est dans ce cas paradoxalement à la fois désordre organisé par le Système et désordre montrant la situation délicate de ce qui reste tout de même sous l’empire du Système. Cette censure de l’information a quelque chose de contradictoire par rapport à la posture anti-Trump de la presse-Système (une grande publicité faite à cette contestation anti-Trump pourrait renforcer le mouvement de contestation), renvoyant à la contradiction fondamentale que nous avons déjà soulignée du Système organisant une attaque déstructurante et déstabilisante contre le président-élu Trump, qui est aussi, par simple logique de la nécessité, une attaque contre les structures du pouvoir aux USA, donc contre “le centre-du-centre” de ce qui est le moteur du Système.. Donc attaque du Système contre lui-même.
En plus de cette agitation qui n’est nulle part sérieusement combattue (une telle agitation dans les rues, note Buchanan, en référence à la grande unité de l’US Army constamment sur pied de guerre et chargée aussi des missions graves de rétablissement de l’ordre interne, « aurait conduit à faire appel à la 82ème division aéroportée si l’organisateur en avait été le Tea Party »), il y a les démarches légales ou pseudo-légales de la contestation des résultats de l’élection présidentielle dont nous avons déjà exposé à plusieurs reprises les modalités. La date-charnière reste, pour ce cas, celle du 19 décembre où les Grands Electeurs devront officiellement entériner la désignation du président, date à partir de laquelle, si Trump est effectivement confirmé, toute rébellion contre lui sera une mise en cause fondamentale du système de l’américanisme, de la Constitution, bref de l’ontologie même des États-Unis d’Amérique. Il est dit maintenant que l’équipe de campagne de Clinton examine sérieusement cette démarche, sous la pression de groupes d’“informaticiens et de spécialistes du droit” qui affirment que des irrégularités de comptage mettent en cause les résultats dans plusieurs États (notamment les swing States du Wisconsin, du Michigan et de la Pennsylvanie). A cet égard, il y a une réelle division dans le camp anti-Trump, nombre d’autres spécialistes et commentateurs de poids de ce camp jugeant que les cas exposé par ces “groupes” sont complètement infondés et inacceptables. On retrouve dans ces jugements la division mentionnée plus haut entre ceux qui veulent une révolte sans frein (les “extrémistes-révolutionnaires”) et ceux qui craignent qu’une telle révolte mette en cause le système de l’américanisme, donc le Système lui-même (les “réalistes-légalistes”).
• Il y a ensuite le cas, beaucoup moins documenté, et même beaucoup moins identifié comme tel, – à notre sens parce que tout le monde, pro-Trump et anti-Trump en a une peur atroce, – de la sécession et de l’éclatement. Il reste que des cas de facto, certes anarchiques mais significatifs, se révèlent ici et là, comme les maires de Chicago, de New York et de Washington, déclarant que leurs villes sont des “villes-sanctuaires”, où ils refuseront d’appliquer d’éventuelles consignes fédérales, notamment d’expulsion d’illégaux. On imagine un président Trump installé au cœur d’une capitale en effervescence populaire, dont le maire refuserait d’appliquer une ou plusieurs de ses directives présidentielles. Buchanan signale également l’agitation de facto sécessionniste qui touche les États de l’Oregon et de la Californie. Le 21 novembre, justement, le mouvement sécessionniste type Calexit, qui existait avant Trump mais qui a sauté dans le train fou, a lancé sa campagne pour une sécession légalement proclamée en 2019, avec l’objectif d’une “République de Californie” instituée en tant que telle et demandant son admission immédiate à l’ONU. Quelques détails sur cette initiative sont bienvenus, en imaginant les effets dans la tension explosive actuelle.
« Supporters of Californian independence have taken the first real step towards secession from the US, submitting a ballot proposal to the state attorney general. Should the option garner enough support, ‘Calexit’ might become an issue. A group called ‘Yes California Independence Campaign’ filed their proposal with the attorney general’s office, asking to “prepare a circulating title and summary of the enclosed ballot measure: “Calexit: The California Independence Plebiscite of 2019.”
» Secession supporters want to repeal the California Constitution’s wording as well as offer a “yes/no” question on California’s independence. “In the Spring of 2019, Californians will go to the polls in a historic vote to decide by referendum if California should exit the Union, a #Calexit vote,” the group said on its website. Before 2019, however, the idea must garner enough preliminary support via the November 2018 ballot. Under the group’s proposal, the Golden State would be cut loose if 50 percent of voters cast ballots and at least 55 percent of them support Calexit. In that case, they also want the “newly-independent Republic of California” to be able to join the United Nations. » (RT, le 22 novembre.)
• Il y a enfin l’attitude des leaders naturels de ce mouvement qui met potentiellement en cause les structures du système de l’américanisme (du Système), et qui sont totalement des créatures du Système ; donc zombies-Système confrontées au dilemme terrifiant et fondamental d’une attaque contre l’antiSystème Trump mettant complètement en cause et en danger mortel le Système lui-même, – nous avons bien entendu nommé “La Pourpre-Clinton” et le président lame-duck Obama toujours à la Maison-Blanche jusqu’au 20 janvier 2017. Les deux ont montré une attitude ambiguë, se gardant bien de dénoncer les actes de désordre et de déprédation publiques, sinon de harcèlements de pro-Trump, ces actes qu’ils ont d’ailleurs eux-mêmes favorisés sinon financés dans le cas de Clinton. Obama, installé dans son impuissance constitutionnelle, s’emploie à alimenter indirectement le feu qui s’étend, par des actes symboliques ou “latéralement“ anti-antiSystème. Clinton est pour l’instant retirée, même si son équipe de campagne reste opérationnelle.
Dans les interventions directes qu’on pourrait rapprocher des événements en cours, les deux sont restés prudents. Ils savent qu’ils risquent gros dans cette affaire, surtout Clinton bien entendu : s’ils interviennent d’une façon visible, ils se retrouvent à un moment ou l’autre dans le camp inconstitutionnel qu’ils prétendent combattre en manifestant leur opposition à Trump, en mettant en cause de facto la structure centrale de ce qui reste le mécanisme de pouvoir central du Système. S’ils ne bougent pas, ou pas assez, ou pas assez vite, ils risquent de se voir à la fois dénoncés comme “trop tièdes” et de voir le mouvement leur échapper pour prendre une allure plus brutale et surtout plus anarchique ; mais cela est peut-être déjà fait, d’ailleurs... Ils subissent par ailleurs la pression pour neutraliser Trump de leurs donateurs, de Wall Street et autres 0,1% dont les progressistes-sociétaux qui parcourent les rues seraient bien aise de réaliser qu’ils forment en quelque sorte la SA (*) de ce groupe, – cela leur réservant de beaux rêves pour leurs nuits révolutionnaires.
Que fait Trump contre tout cela ? Il a, ou plutôt il a eu d’abord une attitude d’appel à l’unité assez peu convaincante car c’est peu dans sa nature, et qui s’est assez vite réduite à peu de choses. Pour le reste, le durcissement est de rigueur. Il n’hésite pas à affirmer l’annonce de mesure antiSystème concrète et d’une réelle signification, comme le TPP mis à la poubelle au Day One de sa présidence, il convoque les grands patrons des groupes médiatiques pour les stupéfier sous un torrent d’insultes, il annonce qu’il abandonne l’idée de poursuites judiciaires contre Clinton puis semble revenir sur cette idée, il intervient dans la politique extérieure de manière directe et effective... Ce dernier point n’est pas indifférent, car il y a, à côté des troubles intérieurs, un volet de débat féroce en train de se renforcer qui concerne la politique-Système, interventionniste, belliciste, etc. Les mêmes progressistes-sociétaux comme masse de manœuvre du Système apprendront donc avec délice qu’ils défendent âprement cette politique expansionniste par leurs manifestation de rue contre l’Hitler-élu qui ne cherche qu’à détruire cette politique ; drôle d’Hitler...
Ce dernier point (suite) nous conduit également à proposer une dernière réflexion qui, rompant avec le collectif, s’attache à un cas particulier qui conduit en même temps à nous interroger sur l’unité du parti démocrate dans cette immense bataille qui menace de devenir la Grande Guerre Civile. S’il est habile, Trump doit absolument embrigader dans son gouvernement la superbe Talsi Gabbard qui l’a rencontré lundi, en lui confiant au moins le poste prestigieux d’ambassadrice des USA à l’ONU (à la place de « l’épouvantable harpie-Power »), fonction hautement symbolique et qui lui donnerait rang de ministre, puisque le représentant des USA à l’ONU occupe effectivement ce rang dans les réunions et délibérations du gouvernement US. (A moins que, comme l’envisage Katehon.com, ce serait plus nettement la fonction de secrétaire d’État ou celle de secrétaire à la défense qui serait en jeu, ce qui serait une perspective encore plus exaltante, surtout pour la première. En tout état de cause, cela marquerait aussi un changement de tactique de Trump, indirectement vers ce “cabinet de guerre” [expression paradoxale dans ce cas] que Buchanan lui recommande de former.)
On connaît, on sinon on doit vite apprendre à connaître Gabbard : jeune femme de 35 ans, membre d’une minorité, députée ayant effectué plusieurs campagnes au Moyen-Orient dans le corps médical puis dans celui de la police militaire au sein d’unités de la Garde Nationale d’Hawaii ; démocrate, ayant démissionné en mars dernier du puant et corrompu DNC dont elle venait d’être nommée vice-présidente pour rejoindre le camp Sanders que le même DNC a constamment saboté... On ne peut rêver meilleure alliée de Trump que cette jeune femme qui a tout pour devenir une personnalité charismatique d’ampleur nationale, qui a déjà montré la lucidité de son jugement et la force de son caractère par son opposition déterminée, proclamée officiellement dans un milieu où une telle position invite au lynchage, à la politique-Système interventionniste et belliciste, notamment en Syrie où elle s’oppose à toute intervention US contre le gouvernement légitime d’Assad.
Gabbard, lundi après sa visite à Trump : « J’ai voulu faire connaître mon point de vue [au président-élu] avant que les tambours de guerre neocons nous entraînent dans une nouvelle escalade dans cette guerre pour renverser le gouvernement syrien. [...] Depuis des années, j’ai comme première priorité de contribuer à mettre fin à la guerre interventionniste et de ‘regime change’. C’est la raison essentielle qui m’a poussé à devenir membre du Congrès, — parce que j’ai vu de près le coût de la guerre et les vies sacrifiées à cette politique initiée par les bellicistes interventionnistes et que notre pays a suivi depuis bien trop longtemps. Ceci doit être clair : je ne laisserai jamais la politique partisane interférer dans notre sécurité nationale alors que tant de vies innocentes sont en jeu. »
Cette femme politique a tout pour devenir l’héroïne d’un mouvement antiSystème à gauche, au sein des démocrates, mettant à nu l’incroyable et obscène contradiction de tous ces progressistes-sociétaux, de toute cette gauche humaniste-extrémiste lancée contre Trump pour faire le travail du Système accouchant régulièrement de guerres de destruction nihiliste du monde, en plus d’accoucher parallèlement de $milliards et de $trillions globalistes pour les 0,1% qu’on sait... Avec elle, ce sont ces deux volets essentiels (l’extérieur et l’intérieur de l’action du Système) qui sont réunis, à partir de l’intérieur même du parti démocrate. Gabbard pourrait devenir une carte-joker pour Trump, en même temps qu’un acte politique de haute vertu. Ce serait une erreur terrible et peut-être fatale de sa part de ne pas mettre cette jeune femme, avec tous les honneurs et la loyauté qui lui sont dus, dans son camp qui deviendrait ainsi, symboliquement mais puissamment, totalement et évidemment le camp de l’antiSystème au-delà, c’est-à-dire au-dessus des partis.
On peut conclure sur cela, puisque les événements vont si vite et qu’ils sont souvent inattendus et sensationnels dans leur tendance à l’inversion dans tous les sens (y compris le sens de l’antiSystème). L’opportunité évoquée ici, à propos d’une héroïne évidemment ignorée de la presse-Système et du grand public, paraît si mince qu’elle pourrait se révéler puissante et se réaliser. Dans tous les cas, c’est un modèle d’action antiSystème qui s’accorde parfaitement à la situation décrite.
(*) Dans ces heures de résurrection postmodernisme de Hitler et de ses hordes, il est toujours intéressant, pour savoir où se trouve précisément notre Hitler d’aujourd’hui, de se rappeler le rôle et l’activité de la SA dans l’ascension et l’installation de Hitler au pouvoir ; et, là-dessus, de rappeler ce qu’était la SA. conduite par Röhm... Esprit intelligent, mentor et sans doute inspirateur de Hitler et de sa doctrine nationale-socialiste, Röhm était une sorte d’homosexuel institutionnalisé dans une Allemagne où l’homosexualité joua un rôle politique majeur et lui-même quasiment institutionnalisé dans la seconde moitié du XIXème siècle et le début du XXème. Favorable au pangermanisme, ce groupe constitua un phénomène sociétal d’une grande force politique, bien avant l’heure, et bien plus significatif qu’aujourd’hui par la puissance et la cohérence de sa pensée (qu’on la juge détestable, d'ailleurs au risque de paraître homophobe, est un autre problème), et il eut un rôle majeur dans le développement du nazisme. La SA était donc à l’image de son chef Röhm, à très fort recrutement d’homosexuels, et d’ailleurs formant la gauche du parti nazi, l’aile la plus “révolutionnaire” (donc la plus “nazie” dans le sens des bouleversements voulus par ce mouvement). La liquidation de Röhm et de la SA en 1934, et la dénonciation officielle des homosexuels qui suivit, reflétaient à la fois une lutte pour le pouvoir à l’intérieur du NSDAP et un gage donné par Hitler aux conservateurs traditionnels. (Voir sur ce phénomène du plus grand intérêt, mais dont il est fait très petit cas sinon pas de cas du tout dans la pureté postmoderniste de notre aujourd’hui, notre texte du 8 novembre 2015 à la lumière de l’excellent Rose et Brun paru en 2015, de Philippe Simonnot, ancien journaliste du Monde [référence imparable], économiste et historien.)