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414Dans un court texte très critique, dans The Guardian du 31 août, David Fickling rapproche justement le discours de Rumsfeld du 29 août et l’appel d’offre du Pentagone pour une autre réalité, en toute liberté please, que la réalité chiante et qui tache des dizaines de morts par jour en Irak.
Dans son discours Rumsfeld reproche à l’opposition à la guerre en Irak de s’opposer à la guerre en Irak, notamment parce qu’elle s’attache un peu trop à la réalité. Il faut montrer un peu de maturité, please. Par conséquent, la bureaucratie de Rumsfeld, exécutant les ordres du patron avec la très grande subtilité qu’on lui connaît, fait un appel d’offre pour une autre réalité, plus convenable, plus sympa, moins “capitularde” circa années trente. Le lien de cause à effet est aussi net que “la ligne dans le sable” tracée par papa-Bush 15 ans auparavant, pour justifier l’invasion de l’Irak. Bref, ce sont les guerriers virtualistes en pleine héroïque besogne.
Fickling s’emporte : « It seems incredible, but on a day when at least 52 people were killed in bomb and gun attacks in Iraq after three years of chaos and insurgency, the US has concluded that its problem in the country is one of bad publicity. »
Plus loin dans son texte, Fickling se fait plus investigateur. Il a l’idée très intéressante de se référer à un texte important : « You can find the roots of this attitude in the sincere belief among many American conservatives that the media should be used as a partisan tool to advance their political ends — an attitude encapsulated in the infamous Nixon-era memo by late Supreme Court judge Lewis Powell, seen by many as the seed from which the modern conservative media backlash has grown. » Il s’agit effectivement de ce “mémo Powell” dont nous avions parlé in illo tempore.
Fickling termine par une observation qui nous ramène à nos supputations autour de ce cher vieux virtualisme : « The fact that Washington seems to believe its own propaganda, blaming the media for all this seems astonishing. But as US social theorist Eric Hoffer pointed out, propaganda doesn't so much deceive people, as help them to deceive themselves. » Rapprocher le virtualisme du “mémo Powell”, celui-ci étant un des outils principaux pour mettre en place ce même virtualisme par l’intermédiaire de l’investissement d’un certain nombre de moyens de communication, est une idée qui a sans aucun doute sa valeur. Pour prolonger ce constat, et dans la mesure où nous faisons nous-mêmes du “mémo Powell” la “road map” de la privatisation de l’Amérique, on observera que la mise en place du virtualisme a un lien direct avec la réduction accélérée de la centralité, pourtant réduite (avec un aspect régalien également réduit mais tout de même existant), qui caractérisait l’action du gouvernement depuis Franklin D. Roosevelt jusqu’à Johnson dans les années 1960.
Effectivement, le virtualisme est lié à la réduction accélérée du rôle régalien du gouvernement, jusqu’à sa réduction comme simple mécanique de blanchiment de l’argent public redirigé vers les intérêts privés (taxation, impôts, redistribués par le biais de contrats énormes et complètement abusifs vers le corporate power, le complexe militaro-industriel, les diverses industries subventionnant le monde politique).
Mis en ligne le 1er septembre 2006 à 18H05