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5 juillet 2004 — Au message d’avant-hier (voir F&C du 3 juillet 2004), on ajoutera, dans notre grande suite logique, celui d’aujourd’hui, — toujours sur le sujet sans fin de l’“étrange suicide” des Britanniques, dans le domaine des technologies. Cette fois, un autre domaine avec celui de l’humour dévastateur, avec comme chef d’orchestre le CEO de BAE, Mike Turner, sorte de Marx brother postmoderne du monde aérospatial transatlantique.
Mais ceci est plus simple : laissons la parole aux gens sérieux. Voici une dépêche de Bloomberg News (et de Reuters) du 28 juin 2004.
« BAE chief says Europe needs to cooperate on drones
» Europe should cooperate on developing military drones including armed ones to avoid being left to rely on U.S. imports, the chief executive of British defence firm BAE Systems said on Monday.
» “We're at a real crossroads in Europe on UAVs (unmanned aerial vehicles) and UCAVs (unmanned combat aerial vehicles),” BAE's Mike Turner told reporters. U.S. companies such as Northrop Grumman Corp have captured the lead in UAV development as Britain and other European countries move slower.
» Turner, speaking in his capacity as president of the AeroSpace and Defence industries association of Europe (ASD), said Britain must decide whether it wants to develop its own drones or work with European or U.S. firms to ensure it has a stake in the growing industry.
» The Joint Strike Fighter (JSF) being developed by U.S. firm Lockheed Martin and other models such as the Eurofighter are speeding consolidation of the manned fighter market. Turner said that trend underscored the importance of staking a role in the unmanned market. “You can argue after JSF if we don't do UAVs and UCAVs, what is the future of air systems in Europe?”
» Turner said with U.S. defence spending outstripping all of Europe combined, greater cooperation across the board was called for. “Clearly our spending is lower but there is also duplication,” he said of competing European defence programmes and budgets. “If you fall too far behind, you only have two options: let someone else protect you or buy from the Americans.” »
Il s’agit d’apprécier ces déclarations à la lumière de faits connus de tous, à savoir que deux programmes européens de drones (un UAV et un UCAV) viennent d’être lancés, par la France, appuyés sur une association EADS-Dassault, et que ces deux programmes recueillent un succès considérable en Europe.
Il est inutile d’insister sur l’aspect étrangement surréaliste des déclarations de Turner, qui suggère de lancer des programmes européens qui sont déjà lancés, et dans lesquels le Royaume-Uni (BAE) a refusé d’entrer, préférant la possible perspective d’une vague coopération avec les Américains. De toutes les façons et comme d’habitude pour les programmes européens de haute technologie, les Britanniques sont tenus par les Américains, par des accords exclusifs de confidentialité (notamment concernant la technologie furtive). Néanmoins, voilà ces mêmes Britanniques appelant à l’urgence du lancement d’une coopération déjà lancée…
Ces déclarations de Mike Turner, qui ne sont tout simplement pas sérieuses, marquent essentiellement les difficultés actuelles au Royaume-Uni, devant la dévastation de la base technologique qui résulte de la politique Blair soutenue par l’industrie, BAE en tête. Les déclarations de Turner pour lancer des programmes UAV/UCAV qui sont déjà lancés ressemblent effectivement aux plaintes des industriels britanniques découvrant que le JSF est en train de détruire toute capacité britannique de construire un avion de combat, au moins «pour l’éternité». D’autre part, elles constituent une part des mesures défensives de Mike Turner pour tenter de sauver sa tête à la direction de BAE. La situation de BAE est telle, sa dépendance des Américains si complète que Turner, l’homme du rapprochement avec les USA au point de pouvoir être désigné comme “l’homme des Américains”, est aujourd’hui directement menacé. Il pourrait être remplacé dans les mois qui viennent, emportant avec lui ses projets mirifiques d’UAV/UCAV.
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