La guérilla du Congrès se prépare à l'ombre du “triomphe” de BHO

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En contraste avec nombre de commentaires qui saluent les différentes “victoires” d’Obama avec les dernières semaines du 111ème Congrès et en font un “nouveau départ” pour Obama, une analyse de Politico.com du 23 décembre 2010, basée sur de nombreuses interviews de stratèges politiques et de parlementaires annonce une perspective contraire. L’idée est substantivée par des remarques du député républicain Jim Jordan, nouveau président du Republican Study Committee, un organisme républicain d’analyse très influent. Les quelques semaines de la fin du 111ème Congrès, avec les diverses législations votées et le traité START-II ratifié, ont été, selon cette analyse “une anomalie” reflétant une situation politique dépassée, un instant de calme avant la tempête… «In this view, the old model of divided government producing results because each party has an incentive to prove it can govern is just that — an old model — in the polarized era. The past seven weeks of heavy legislative lifting can be written off as an anomaly — a deceptively harmonious interregnum or a calm before the storm. »

Janvier 2011 et le 112ème Congrès devraient voir le retour de la guérilla à outrance entre BHO et le Congrès, d’autant que les “victoires” d’Obama ont laissé de très profondes frustrations des deux côtés…

«January will bring a return to harsh rhetoric, appeals to ideological constituencies and the necessary complication of Obama's relationship with congressional Republicans as they move from handing benefits to the people — tax cuts and unemployment insurance — to making painful decisions about who loses taxpayer subsidies.

»The lame-duck legislating left partisans fuming over the prospect of capitulation by their respective sides. House Democrats screamed bloody murder even as many of them voted for the tax deal, and the House's most conservative Republicans adopted the view that their leaders had agreed to a backdoor spending stimulus — a perspective advanced by columnist Charles Krauthammer.

»“If they think it’s bad now, wait till next year,” Minority Leader Mitch McConnell told POLITICO this week. […]

»McConnell quickly is becoming a boogeyman for liberals, who say he shouldn't be trusted by Obama or the public. They point to his recent remark that “the single most important thing” is to make sure Obama is “a one-term president.” Never mind that he said it right before he and Obama completed the most sweeping two-party policy deal since the Clinton era or that it's his job as a Republican leader to defeat Democrats. For his own reasons, McConnell is happy to ignore those inconvenient truths while signaling to his base that he'd rather fight, not foster compromise with Democrats.

»It's a tempting and comfortable paradigm for an institution that generally has grown more partisan and more sharply divided on ideological lines over the years. Many believe it is the one that will take root. Sen. Bernie Sanders, the Vermont independent who caucuses with Democrats, recently warned fellow liberals that Republicans aren't interested in nonpartisan compromise — and neither is he if it means giving the kind of ground ceded in the tax deal.

»“If the president believes that if this agreement is passed, the Republicans are going to come to the table and we are all going to live happily in the future, we are all going to work together in a nonpartisan way, I think he is not understanding the reality,” Sanders said during an 8½-hour filibuster of the tax deal earlier this month.

»To the extent that there's room for Obama to compromise with Republicans, Democrats are making clear they will fight him every step of the way.»

Notre commentaire

@PAYANT L’enjeu est colossal… Il ne s’agit pas des simples affaires intérieures US, complexes, complètement noyées dans la corruption, les manœuvres de compromis et d’ententes souvent douteuses, les “victoires” applaudies comme des triomphes alors qu’elles ne sont que des compromis boiteux, bref tout ce qui caractérise la politique classique du système de l’américanisme quand les deux ailes du “parti unique” s’entendaient derrière leur apparent antagonisme. Il s’agit de savoir si le pouvoir fonctionne encore au cœur du Système, donc pour tout le système américaniste-occidentaliste.

Notre analyse est bien entendu que cet épisode entre les élections du 2 novembre et la fin du 111ème Congrès a effectivement constitué un épisode à part où, tactiquement et parce qu’une situation spécifique s’était imposée d’une façon inattendue (notamment, toute l’attention portée sur ce que prépare le 112ème Congrès issu des élections du 2 novembre), chaque aile du “parti unique” a voulu montrer qu’il était possible de gouverner encore, mais au prix d’énormes concessions (essentiellement de la part du président Obama) qui laissent bien des rancœurs du côté démocrate. En échange, les républicains ont donné à Obama l’avantage de “victoires” transformées en triomphes par le système de communication, au prix d’une considérable rancœur de la part des nouveaux élus républicains du 112ème Congrès qui estiment que c’est l’establishment républicain qui a trahi les résultats des élections du 2 novembre pour tenter de renforcer ce même establishment face à leurs revendications… Mais le texte de Politico-com montre que ces manœuvres tactiques réussies n’ont même pas satisfait, loin de là, ceux qui les ont lancées et menées à bien. Les deux partis qui ont permis ce “triomphe” sortent de la période plus en crise que jamais, ce qui, évidemment, ne peut qu'entraver tout ce que tentera de faire le président.

Du coup, on s’arrêtera à la remarque de Bernie Sanders, le fameux “seul parlementaire US à se dire socialiste” : «I think [Obama] is not understanding the reality». Cette remarque caractérise effectivement ce qui fut un moment où l’establishment washingtonien, placé dans une position de fin de course de législature, donc sans aucune pression publique et ne ressentant pas encore la pression de la vague populiste issue des élections du 2 novembre, a tenté de ressusciter la situation de virtualisme qui voudrait faire perdurer l’idée que ce même establishment est capable de développer encore une véritable politique d’un pouvoir assuré, efficace, coordonné et producteur de mesures nouvelles, donc un pouvoir parfaitement efficace au service du Système. Les nombreux détails du texte référencé de Politico.com suffisent pour nous faire comprendre qu’il s’agit bien de virtualisme. Pour qu’il en soit différemment, il faudrait qu’Obama se transformât, qu’à partir de ce modèle d’apparente entente avec le Congrès qui lui permet de faire croire qu’il gouverne à nouveau, il rompît justement ce modèle et affirme l’autorité de l’exécutif contre le législatif, au besoin en prenant des mesures extraordinaires, et s’affirmant comme l’“American Gorbatchev” qu’on évoque depuis plus de deux ans à son propos. Bien entendu, il ne fera rien de cela, puisqu’au contraire il croit voir dans ces quelques semaines le triomphe de sa méthode de collaboration bipartisane. Il devrait donc poursuivre dans cette voie de la recherche du compromis avec les républicains, plus que jamais. Seulement, avec le 112ème Congrès, il trouvera des républicains qui sont intéressés par la guérilla, pas par le compromis ; et il trouvera un parti démocrate qui ne se jugera plus obligé de le suivre dans ses diverses initiatives et affirmera des positions beaucoup plus partisanes. Même une fidèle comme Nancy Pelosi, qui a présidé la Chambre (Speaker) pendant quatre ans et a donc en général fidèlement soutenu le président, y compris lorsqu’il faisait des concessions aux républicains, semble décidée à totalement changer d’attitude («Similarly, Rep. Nancy Pelosi (D-Calif.) is readjusting to her return engagement as minority leader by making clear she didn't run to lead Democrats so that she could capitulate to Republicans»).

On pourrait même penser que cet interlude, qui a permis aux commentateurs habituels du Système de saluer la “renaissance” du mythe Obama («A new Start for Obama», de Alex Slater dans le Guardian du 23 décembre 2010 : le jeu de mots était inévitable), pourrait en fait lui être un très gros préjudice. Il y a fort à parier, connaissant ce qu’on pense connaître de la personnalité d’Obama, qu’il sort de la période plus convaincu que jamais qu’il a raison. Moins “American Gorbatchev” que jamais…


Mis en ligne le 24 décembre 2010 à 07H12

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