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315Tom Ridge, le premier secrétaire du département de la sécurité intérieure (HSD, ou Home Security Department) créé dans le gouvernement des USA après l’attaque du 11 septembre 2001, publie un livre de mémoires présenté comme polémique, en vente à partir du 1er septembre. Le titre en est: The Test of Our Times – America Under Siege...and How We Can Be Safe Again. Ridge rapporte son expérience à la tête du HSD, mais sur un mode extrêmement critique, dénonçant divers aspects de son fonctionnement politique. Il met également en avant diverses formules pour améliorer le fonctionnement de la chose.
Le 19 août 2009, U.S. News & World Report publiait un écho sur quelques détails très polémiques du contenu du livre.
«[I]n “The Test of Our Times: America Under Siege...and How We Can Be Safe Again,” out September 1, Ridge says he wants to shake “public complacency” over security. And to do that, well, he needs to tell all. Especially about the infighting he saw that frustrated his attempts to build a smooth-running department. Among the headlines promoted by publisher Thomas Dunne Books: Ridge was never invited to sit in on National Security Council meetings; was “blindsided” by the FBI in morning Oval Office meetings because the agency withheld critical information from him; found his urgings to block Michael Brown from being named head of the emergency agency blamed for the Hurricane Katrina disaster ignored; and was pushed to raise the security alert on the eve of President Bush's re-election, something he saw as politically motivated and worth resigning over.»
Les déclarations indirectes de Ridge, ou celles qui lui sont prêtées dans son livre, ont aussitôt amené une réplique d’anciens officiels de l’administration GW Bush. Par exemple, dans cet article du 20 août 2009 sur le site Politico.com. Ces anciens officiels, notamment Andy Card, de la Maison-Blanche, et Fran Townsend, qui fut la conseillère de Ridge au département, expliquent autant les raisons évidemment morales (mais avec une certaine discrétion dans ce domaine) et (surtout) les nombreux obstacles bureaucratiques et techniques qui interdisent une telle intervention humaine (politique) pour imposer arbitrairement un niveau d’alerte.
«Top officials from the George W. Bush White House are disputing claims in former Homeland Security Secretary Tom Ridge’s coming book that they pressured him to adjust the terror threat level for political gain.
»“We went over backwards repeatedly and with great discipline to make sure politics did not influence any national security and homeland security decisions,” former White House chief of staff Andy Card told POLITICO. “The clear instructions were to make sure politics never influenced anything.” “I’m a little mystified,” former homeland security adviser Fran Townsend added in an interview. “Never in my experience did I see any political influence exerted on the cabinet secretary.”» [..;]
»Townsend and Card also said that the process used to change the terror threat level made almost any claim of political influence impossible. Both said any change originated with DHS and was then referred to the National Security Council. The NSC then made a recommendation to the president which was then either agreed to or rejected. Card insisted that he does not “remember the president ever overturning a recommendation” from DHS and NSC on any adjustment to the threat level.
»“That would definitely be an overstatement because to my knowledge the president always took the advice of the National Security Council,” Card said of Ridge’s claim. “I remember saying ‘no decisions are going to be based on politics’” regarding the threat levels. »
Il est difficile de départager les deux camps –les affirmations de Ridge et les protestations des autres – sauf à noter qu’ils peuvent tous avoir une part de justesse et décrire chacun un aspect de la situation. On peut en effet très bien avoir suggéré à Ridge de hausser une fausse alerte vers le plus haut pour paniquer le public, Ridge peut très bien avoir essayé de le faire sans passer par les processus bureaucratiques, ou ne pas l’avoir essayé, comme il l’affirme, et avoir préféré démissionner; quant aux processus bureaucratiques dont Fran Townsend affirme qu’ils sont en place pour empêcher toute interférence politique, ils peuvent être effectivement en place sans pour cela être d’une efficacité complète, sans que Townsend le sache, sinon dans l'hypothèse qu'elle préfère l'ignorer ou l'oublier. Tout cela ne fait qu’accentuer, dans tous les sens, l’image de désordre, d’inefficacité, et, malgré tout, l’idée d’interférences politiques constantes dans les processus de sécurité nationale, à l’intérieur du gouvernement et du système en général, sans aucune garantie ni d’efficacité ni de réussite.
Aussi intéressantes, à cet égard, sont les autres précisions de Ridge. Son absence des réunions du NSC, alors que la sécurité intérieure était l’un des deux thèmes majeurs du gouvernement Bush avec les interventions extérieures, est une précision absolument étonnante. (Le secrétaire au trésor et le conseiller en communication du président participent, avec les piliers de la sécurité nationale – vice-président, secrétaires d’Etat et à la défense, directeurs du NSC et de la CIA, président du Joint Chiefs of Staff – aux réunions régulières du NSC.) Ces dispositions montrent combien les véritables structures de sécurité nationale du système n’ont absolument pas changé depuis le 11 septembre 2001, avec l’accent mis sur les grands postes militaires, diplomatiques et de renseignement tournés vers l’extérieur selon les lignes de la Guerre froide, sans guère d’adaptation au terrorisme. Quant à l’absence de coopération du FBI avec le HSD, elle ne fait que confirmer la fragmentation et la concurrence systématique des centres de pouvoir aux USA, face auxquelles, semble-t-il, aucun événement n’est assez mobilisateur pour les faire cesser.
Pour le reste, pour ce qui concerne la polémique, Ridge a intérêt à avoir un dossier bien fourni s'il veut échapper à une attaque en règle de ses anciens collègues et collaborateurs. C'est le conseil d'un autre ancien de l'administration Bush, qui a lui aussi transgressé la règle d'omerta du système.
«Former White House press secretary Scott McClellan, whose own tell-all book was disputed by several top members of the Bush team, suggested in an e-mail to POLITICO that Ridge’s claim may have some validity, though he predicted that if the former Cabinet secretary cannot completely back his claim, his former colleagues will push back hard. “It is one thing if he is saying he simply felt it was politically motivated. It is quite another if he has specific information showing it was politically motivated,” McClellan wrote.
»“There is no question exploiting the war on terror was viewed by the political strategists as integral to branding the president as a strong and decisive leader who will keep America safe,” he continued. ”If Secretary Ridge is making the serious allegation that the terror alert was driven primarily by political concerns late in the campaign, he is going to be expected to back it up with specific information. If he can, it is a serious matter. If he cannot, then I suspect critics will pounce.”»
Mis en ligne le 24 août 2009 à 13H36