La guerre contre la crise climatique et l’esprit américaniste

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On prendra très grand soin de comparer cette note avec celle qui précède, concernant la guerre contre la terreur aux USA. Ici, il s’agit d’un éditorial du Boston Globe, du 2 janvier, sur la nécessité pour le gouvernement US de prendre au sérieux la crise climatique. Le style même du texte, son ton compassé et raisonnable, son cachet conventionnellement moralisateur, tout cela pourtant frappé du sceau de l’évidence, nous font mesurer combien nous sommes loin d’une mobilisation aux USA.

Un extrait du texte, sans grande originalité mais pourtant appuyé sur l’évidence catastrophique de la crise climatique :

«Even the Bush administration has been forced, grudgingly, to acknowledge this. Last week, it proposed to put the bears on the threatened species list because rising temperatures in the Arctic are depriving them of the ice platforms from which they hunt seals. But Interior Secretary Dirk Kempthorne acted only under pressure of a suit from environmental organizations, and has refused to admit that greenhouse gas emissions from vehicles and smokestacks are causing the ice loss and would have to be cut back to save the bears’ habitat.

»The administration still has a long way to go before it comes out of the denial that has left it on the sidelines as other nations take action to reduce greenhouse gases. If the United States does not quickly take a leadership role on this issue, polar bears will be only one of many species to suffer. So will human beings.»

Le contraste est frappant avec la description de la transformation radicale de l’Amérique en lutte contre la terreur. Le contraste est saisissant parce qu’ici (“terreur”), la mobilisation est générale contre un ennemi insaisissable, qui n’existe sans doute pas, qui est la pure création du virtualisme américaniste ; là (crise climatique), les nécessités de la lutte contre un danger menaçant potentiellement l'équilibre de l'espèce sont rappelées d’une façon assez conventionnelle à l’intention d’une structure de pouvoir complètement indifférente à cette lutte, inconsciente de son enjeu, et conduite à y participer accidentellement selon des contraintes sans grandeur ni conséquence.

Ah oui, tout de même… On est Américain ou on ne l’est pas. Le Boston Globe, déroulant sa critique sans conséquence, n’oublie tout de même pas de mentionner ceci (en gras, l’essentiel) : «If the United States does not quickly take a leadership role on this issue, polar bears will be only one of many species to suffer…» Il n’aurait pas été possible d’écrire simplement que l’Amérique doit participer à cette bataille, — non, il lui faut évidemment en prendre le “leadership”, sans quoi rien, absolument rien n’est possible. Cet esprit américaniste, fermé, autiste, fixé sur ses caractères les plus obsessionnels, est, même lorsque le sentiment est bon, totalement décourageant.


Mis en ligne le 3 janvier 2007 à 09H08