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1736Des remous agitent actuellement le mouvement de protestation Tea Party, notamment à propos de ses rapports avec le parti républicain. Depuis que ce mouvement a pris de l’importance, notamment avec sa manifestation de masse du 12 septembre à Washington, il a été présenté, essentiellement par les démocrates et par ceux qui, dans la gauche idéologique, l’interprètent d’un point de vue idéologique, comme un “astroturf” du parti républicain et de certains intérêts corporatistes. (“Astroturf” est le terme désignant du gazon artificiel. Il est utilisé métaphoriquement pour désigner des mouvements populaires aux USA – désignés en général “grassroots” en référence au gazon naturel comme le végétal le plus simple et le plus naturel – qui sont manipulés ou montés de toutes pièces par des intérêts particuliers, donc totalement artificiels, pour en faire des organisations populaires “frontistes” servant des intérêts particuliers.)
Le parti républicain, qui compte effectivement utiliser Tea Party pour les élections mid-terms de 2010 se heurte désormais à un fort mouvement de révolte et d’indépendance du mouvement, qui se traduit par le rejet de certains soutiens à des candidats. Le texte mis en ligne par Politico.com le 11 octobre 2009, montre que Tea Party envisage même de lancer ses propres candidats pour ces élections. Des cas sont cités, notamment en Floride, où les candidats officiels et élus républicains favorisés par le parti perdent le soutien de Tea Party parce que leurs positions ne correspondent pas à celles du mouvement.
«While the energy of the anti-tax and anti-Big Government tea party movement may yet haunt Democrats in 2010, the first order of business appears to be remaking the Republican Party.
»Whether it’s the loose confederation of Washington-oriented groups that have played an organizational role or the state-level activists who are channeling grass-roots anger into action back home, tea party forces are confronting the Republican establishment by backing insurgent conservatives and generating their own candidates — even if it means taking on GOP incumbents.
»“We will be a headache for anyone who believes the Constitution of the United States … isn’t to be protected,” said Dick Armey, chairman of the anti-tax and limited government advocacy group FreedomWorks, which helped plan and promote the tea parties, town hall protests and the September ‘Taxpayer March’ in Washington. “If you can’t take it seriously, we will look for places of other employment for you.” “We’re not a partisan organization, and I think many Republicans are disappointed we are not,” added Armey, a former GOP congressman.»
Cette déclaration d’indépendance de Tea Party suit ce qui nous semble devoir être la pente naturelle du mouvement, telle que nous essayons de la décrire dans le numéro du 10 octobre 2009 de dde.crisis. La perspective qu’on peut envisager est que Tea Party affirme de plus en plus son indépendance, son refus d’engagement partisan dans sa lutte politique, même si certains de ses buts semblent très proches de ceux du parti républicain. (Mais l’ambiguïté à cet égard ne manque pas depuis le départ. Tea Party est contre le gouvernement, le Big Government de Washington. Si cela semble être une attaque contre Obama, ce ne l’est pas moins contre ce qu’a fait pendant huit ans l’administration Bush. Tea Party est aussi né, au début de 2009, à cause de l’hostilité populaire de l’aide apportée à Wall Street, ce qui a largement commencé avec le “plan Paulson” et l’administration républicaine de Bush.)
Tea Party a vocation à se rapprocher d’hommes comme Ron Paul, véritable dissident à l’intérieur du parti républicain, et des indépendants (qui forment une part importante du spectre politique), qui sont en train de se détacher de plus en plus d’Obama qu’ils ont soutenu pendant la campagne électorale. Symbole pour symbole, Tea Party qui se réfère au premier incident majeur anti-anglais préludant à la Guerre d’Indépendance de 1776, pourrait bien ainsi lancer sa propre “guerre d’indépendance” contre les forces organisées du système qui tentent de le phagocyter à leur avantage, et s’imposer alors comme une force populaire antisystème fondamentale.
Mis en ligne le 13 octobre 2009 à 07H29
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