La guerre-vertigo

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Savoir si la guerre en Irak se poursuit, si c’est une “victoire à la Petraeus”, une cessation des combats fautes de combattants, une défaite par le vide, une guerre dissimulée derrière l’absence d’activité des journalistes les plus libres du monde, – qui peut savoir et qui s’y intéresse encore? La guerre en Irak semble s’être enfouie dans le grand trou noir qu’elle était devenue, comme une poche qu’on retourne.

La bataille se poursuit sur d’autres terrains et d’autres champs. Désormais, il y a notamment le front du coût de la guerre. Trois semaines après que le CBO ait annoncé $2.400 milliards pour 2016 pour la guerre d’Irak et la guerre d’Afghanistan, le parti démocrate annonce $3.500 milliards pour 2017 pour les mêmes, si l’on tient compte des “coûts cachés”. Les beaux esprits auront beau hausser les épaules devant cette inflation, il reste que la comptabilité vient de haut, et qu’elle est très officielle. «The number is so big, it boggles the mind» («Le chiffre est si haut, l’esprit chancelle»), disait le député Rahm Emanuel devant les $2.400 milliards. Que dit-il devant les $3.500 milliards investigués par son parti?

Voici ce que nous en dit Jim Lobe, pour son compte, aujopurd’hui:

«U.S. wars in Iraq and Afghanistan could cost U.S. taxpayers as much as $3.5 trillion through 2017 if both direct and indirect, or “hidden,” costs are taken into account, according to a new report released Tuesday by Democrats in Congress.

»The 27-page report, entitled “War at Any Price?” , concluded that the total economic costs incurred to date – including ''hidden'' expenses, such as higher oil prices, interest on borrowing, and the long-term care of injured soldiers – are already about twice the $800 billion dollars the Bush administration has asked Congress to appropriate through 2008.

»“We cannot afford this war,” said Senate Majority Leader Harry Reid. “We are funding this war with borrowed money, Americans are paying more at the gas pump, and it will take years for our military to recover from the damage of the president's failed war strategy.”

»“And if President Bush gets his way, and we do not significantly draw down our troops [in Iraq], the total costs of this war will reach astronomical heights,” he added, noting the conclusions of the report, which was released by the Democratic members of the Joint Economic Committee (JEC).»

A ce stade de spéculation sur les coûts de cette guerre et sur les montants atteints, il n’est plus de très grand intérêt d’analyser, de mesurer cette comptabilité, etc. Nous sommes à des niveaux trop surréalistes pour rester dans le domaine exploré. Il est plus intéressant d’envisager l’effet paniquant pour l’establishment de ces évaluations successives, faites aux meilleures sources. Les gémissements du sénateur Reid, leader de la majorité au Sénat, sont significatifs… «We cannot afford this war […] if President Bush gets his way… » Mais qui lui permet, au président Bush, de continuer dans la voie qu’il a choisie, sinon le Congrès, et d’abord la majorité du Sénat, dont Reid est le chef de file? Mais comment pourrait-il envisager un coup de force contre ce président semi-fou ou semi-idiot, ce Congrès prisonnier de ses propres contradictions, de ses calculs électoraux, de ses lâchetés coutumières, de la mécanique du système dont il mesure par instant la folie et qu'il continue à servir fidèlement?

Alors, c’est bien l’effet psychologique qu’il faut attendre, devant cet incroyable amoncellement de folies postmodernes, d'effets incroyables du système déchaîné et incontrôlable…


Mis en ligne le 14 novembre 2007 à 14H38