Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
719Hier, les ministres des affaires étrangères des pays de l’UE déjeunaient ensemble. On enterrait la hache de guerre des affrontements internes de l’UE pour parler des affaires courantes, essentiellement étrangères bien sûr. Le Britannique Jack Straw était chargé de parler de l’évolution des négociations des trois de l’UE (dits “EU3”) avec l’Iran.
Straw s’est montré satisfait de l’évolution de ces négociations. Il en a constaté les progrès et a constaté, en passant mais d’une façon significative, que “les Etats-Unis n’avaient pas réussi à nous séparer” (“nous” : les trois pays européens des EU3, — les citations étant données en substance mais très proches du verbatim).
Straw a bien sûr évoqué les élections en Iran. Il a parlé de la possibilité d’une victoire réformiste. C’est alors qu’il a tenu ce curieux langage : “le problème est qu’une victoire réformiste pourrait inciter certains aux USA à recommander de couper tous les ponts avec l’Iran. En effet, leur thèse serait alors, au regard de la poussée démocratique dans le ‘Grand Moyen-Orient’, qu’il est inutile de pactiser avec un réformiste ‘intermédiaire’, qu’il faut au contraire ne pas l’encourager mais favoriser la poursuite du mouvement et les réformistes extrémistes…”
Le paradoxe de l’extrémisme américain, que les Britanniques connaissent bien (ils l’expérimentent depuis 1940), c’est qu’il en arrive à faire penser qu’une défaite des réformistes dans une situation donnée n’est pas une mauvaise chose parce qu’elle empêche les Américains à surenchérir. Si Straw évoque cette hypothèse pour ses collègues, c’est bien entendu qu’il a des indications précises dans le sens qu’il décrit.
Mis en ligne me 17 juin 2005 à 17H40