La Hollande et le JSF: le Parlement “means business

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…En fait, l’expression (“means business”) signifiant que le Parlement hollandais passe aux choses sérieuses, concernant le JSF. Une majorité parlementaire s’est dégagée le 17 février, pour adresser au gouvernement, plus précisément au secrétaire d’Etat à la défense Jack de Vries, une “requête formelle”. Il est demandé à de Vries de disposer avant de faire un choix, pour le remplacement des F-16 hollandais, d’un prix fixe des trois concurrents (F-35/JSF, F-16 Block 60, JAS39/NG), – requête, on le comprend largement entre les lignes, qui concerne essentiellement, voire exclusivement le JSF, dont la variabilité parfois poétique du coût est un des caractères les plus fascinants. (Les détails du débat et du vote du Parlement peuvent être également lus sur le site du quotidien NRC Handelsblad, le 18 février, en hollandais bien entendu.)

C’est un prolongement intéressant, à plus d’un titre. Il y a d’abord les faits politiques et parlementaires mis à jour au cours de cette péripétie. Il y a eu plus de 85 députés pour voter en faveur de la commission de défense, venus des partis d’opposition mais aussi de deux (PvDA et CU) des trois partis de la coalition au pouvoir. (Par contre, pas de députés du CDA chrétien-démocrate, auquel appartient de Vries, pour voter la recommandation.) Ces résultats montrent que le malaise est largement “trans-partisan”, c’est-à-dire hors des seules pressions partisanes et du clivage majorité-opposition.

Nos sources en Hollande estiment effectivement que ce vote va renforcer notablement la tension politique, notamment entre le Parlement et le gouvernement. L’affaire pourrait même susciter un débat politique formel, cela à quelques semaines du délais imparti pour la décision d’achat de deux avions F-35A de la phase dite IOT&E (cette phase, – que nous aurions tendance à identifier à une sorte de “pré-série” englobant diverses opérations de rattrapage de tests non effectués, avec les mauvaises surprises possibles/probables, en même temps qu’avec le rôle d’une part de siphonner un peu d’argent pour le programme, d’autre part de verrouiller des engagements de partenaires non-US). Le coût des deux F-35A est plantureux: €274 millions. L’accord doit être signé fin avril au plus tard.

Ces mêmes sources estiment qu’il sera impossible de finaliser un contrat pour cette date, parce qu’il sera impossible d’obtenir effectivement un “prix fixe” à temps, permettant à la procédure de se dérouler “conformément au plan prévu”. La demande du Parlement apparaît comme une interférence majeure. Une possibilité sérieuse, dit-on à La Haye, est que cette affaire conduise effectivement à un délai, et pour le choix officiel, et pour la commande des deux F-35A (étant admis ce qui est dans l’esprit de tant et tant, que le “choix” du gouvernement devrait être le JSF, avec la commande des deux F-35A suivant aussitôt). Ce délai serait une chose importante, en lançant, en relançant plutôt un débat sur le JSF, à l’heure où le programme ne cesse de s’affaiblir, où les doutes naissent de toutes parts, dans cette situation où, évidemment, le temps travaille désormais contre le JSF. La partie serait ainsi loin d'être conclue.

Mais voyons bien les choses d'un autre point de vue. Si la Hollande exige effectivement, si le gouvernement hollandais est conduit sous la pression du Parlement à exiger effectivement un prix fixe, les USA seront dans un grand embarras et dans une réelle confusion. Un “prix fixe” pour le JSF, aujourd’hui, c’est la quadrature du cercle, c’est l’énigme du sphinx, c’est le nœud gordien, – en un mot, c’est l’inconnu total.


Mis en ligne le 18 février 2009 à 15H48

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