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326On sait que le révérend Jesse Jackson, fameux leader africain américain aux USA, a le langage vert. On le lui a souvent reproché mais dans ces mornes univers politiciens et postmodernistes qui nous sont offerts il est souvent rafraîchissant. Un peu trop cette fois? Alors qu’il se croyait “off mike”, lors d’une émission à Fox.News, Jackson a eu une exclamation sévère à l’intention d’Obama: «I want to cut his nuts out.» (Comment trouver une expression correspondante? Puisque Fox.News a décrit l’expression comme: «Jackson threatened to cut off a certain part of Obama's anatomy», on pourrait avancer que cette expression pourrait aller: “je vais lui couper les couilles [s’il continue]”.)
Bref, la chose fait scandale. Outre l’aspect anatomique tonitruant, il y a l’aspect politique, important sans aucun doute. Cette importance est marquée par la rapidité avec laquelle Jackson, mis au courant de l’interférence de la communication globalisée sur ses pensées intimes, a adressé toutes ses excuses et toute sa tendresse à l’équipe Obama. Le candidat Obama, après avoir vérifié discrètement le bon état de son anatomie, a accepté les unes et l’autre avec reconnaissance.
Parmi beaucoup d’autres, le Guardian nous conte, aujourd’hui, les mésaventures du révérend Jackson, en nous avertissant de leur importance derrière l’aspect un peu leste.
«In an aside to another guest after a Fox News Channel interview on Sunday, Jackson had said Obama had been talking down to black people and added: “I want to cut his nuts out.” Initially, news organisations had hesitated to broadcast the off-air derogatory remarks. CNN's Wolf Blitzer said: “It's so crude we can't repeat it on the air.”
«Later, Fox television, which had the tape and withheld its broadcast until last night, reported that Jackson “threatened to cut off a certain part of Obama's anatomy”. The network played a clip in which Jackson said: “Barack, he's talking down to black people.”
»But by then, Jackson had already issued a statement lavishly praising Obama's run for the White House. “For any harm or hurt that this hot mic private conversation may have caused, I apologise,” Jackson said. “My support for Senator Obama's campaign is wide, deep and unequivocal.”
»The Obama campaign said it accepted the apology. But Jesse Jackson Jr, a co-chairman of the campaign, said that though he loved his father, “I thoroughly reject and repudiate his ugly rhetoric. He should keep hope alive and any personal attacks and insults to himself.”
»Clarence Page, a columnist at the Chicago Tribune, wrote that “Jackson, who recalled his remark as, ‘The senator is cutting off his you-know-what with black people,’ expressed deep regrets.”
»Jackson, who has known Obama's wife, Michelle, for years, made his remarks in what he thought was an off-air moment during an interview with Fox television. The conversation turned to Obama's recent speeches on morality in which he said African-American men were not living up to their responsibilities as fathers.»
Bien, redevenons sérieux parce que la chose est sérieuse. Jackson, hors-micro, exprime un ressentiment qui gagne dans ce qui constitue la base originale, aux deux sens du mot, du candidat Obama. Nous en avons déjà parlé, mais cette intervention de Jackson, qui a soulevé l’émoi par sa crudité inhabituelle pour le réseau de communication américaniste dont la bien-pensance est connue comme étant corsetée par un langage plusieurs fois châtié, suscite très sérieusement la préoccupation dans le clan Obama. L’excentricité de Jackson n’est pas sans substance; elle traduit avec éclat un malaise profond chez les Noirs. (Certains vont même jusqu’à imaginer que la “fuite” de Jackson était calculée, pour secouer le candidat Obama. Car c'est bien cela que divers leaders noirs envisagent: faire pression sur Obama pour le ramener vers la gauche.)
Comment rattraper cela? Obama se trouve devant l’habituelle quadrature du cercle des candidats qui s’affirment originaux au départ et songent ensuite à se banaliser dans le circuit démocratique pour aller à la pêche aux voix. D’autres proposent le qualificatif “démagogique” en lieu et place de “démocratique” mais c’est du mauvais esprit.
Bref, comment paraître aller vers la droite sans trop perdre sur sa gauche? Comment rassurer les braves WASP sans perdre les braves Africains Américains? Et ainsi de suite. Nous compatissons.
Mis en ligne le 10 juillet 2008 à 17H56