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660Ce texte en catimini, venu un peu tard puisque nous n’avons pas rendu notre hommage convenu aux libérateurs américains et exclusifs de la Deuxième Guerre Mondiale. Heureusement, notre président était là pour nous, qui salua le Nouveau Monde d’un vibrant «Nous vous devons la liberté». Tenons-nous-en au compte-rendu du très-fidèle Figaro qui tient haut et fort que «sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur», dans ses éditions du 7 juin 2009.
…Tenons-nous-en également au rapide compte-rendu que le même Figaro fait du discours du président français car, dans ce résumé en pilule pré-digéré, nous avons bien l’essentiel: “Monsieur le Président des USA (brave BHO, tiens)… Vous nous avez rendus la liberté”; et puis, ensuite, quelques autres également sympas, – «tant d’autres encore», – qui se trouvaient également là, le 6 juin 44, sur les annexes d’“Obama beach” – comme n’a pas manqué de désigner cette plage, peut-être après nous avoir lu, un Gordon Brown qui avait l’esprit ailleurs.
«15h20: Discours de Nicolas Sarkozy. Le président français a rendu hommage dans une allocution à l'intervention américaine du 6 juin 1944. “Monsieur le président américain, je veux rendre hommage à ceux qui ont versé leur sang sur la terre normande et qui y dorment encore”, a-t-il déclaré. “Nous vous devons notre liberté. Jamais la France n'oubliera. [...] C'est sur cette terre que ce noue l'amitié indéfectible entre les Etats-Unis et la France”. Le chef d'Etat a également longuement énuméré tous les autres soldats qui avaient soutenu la France dans cette guerre: “les soldats britanniques, (...) canadiens, (...) les polonais, (...) les aviateurs tchèques, danois, norvégiens (...) et tant d'autres encore».
Bien. Il est sincèrement original et audacieusement postmoderne d’affirmer que c’est “sur cette terre” (normande, le 6 juin 44) que “se noue l’amitié indéfectible entre les Etats-Unis et la France”. Vergennes, Beaumarchais et La Fayette en rient encore… Passons, puisqu’aucun de ces trois-là n’a encore été invité à l’Elysée pour que le Président fasse leur connaissance et s’en instruise là-dessus. Pour le reste on sait que les forces qui débarquèrent en Normandie étaient largement bien autant celles du Commonwealth que celles des Etats-Unis, ce qui se déduit aisément du seul décompte des deux grandes unités engagées le 6 juin, comprenant toutes les forces combattantes terrestres, comprises les unités aéroportées: la Ière Armée US avec 73.000 hommes; la IIème Armée britannique avec 83.115 hommes, dont 61.715 britanniques.
Pour le reste et, plus largement, il nous semble utile de rappeler ce qu’on peut dire du rôle des USA dans cette guerre; c’est-à-dire, hors du catéchisme ambiant à cet égard, et de la version cinématographique qui nous en est offerte. Nous signalons ainsi à nos lecteurs deux textes anciens, que nous avions publiés en 2003, alors que la campagne anti-française battait son plein aux USA. Nous avons un peu “rafraîchi” ces textes, notamment en fonction des problèmes posés par les “liens” qui disparaissent, auxquels nous avons essayé de remédier tant bien que mal. Nous en ajoutons un troisième, qui présente une interprétation de la Deuxième Guerre mondiale comme “Grande Guerre américaniste” tenant un rôle essentiel dans la survie des USA menacés d’être emportés par une Grande Dépression que personne ne parvenait à réduire.
• Un texte de février 2003, que nous avions mis en ligne à l’occasion de la violente querelle entre la France et les USA à propos de la guerre en Irak en préparation. La campagne anti-française aux USA, d’une vigueur et d’une haine extraordinaires, prenait essentiellement comme référence la Deuxième Guerre mondiale, le rôle qu’y jouèrent sans aucun doute les USA et le rôle que n’y auraient certainement pas joué les Français. Cela nous avait conduit à commenter cette campagne anti-française autant qu’à rappeler certaines réalités de la Deuxième Guerre mondiale.
• Un texte déjà mis en ligne en 2003 et que nous mettons à nouveau à votre disposition, qui donne quelques indications sur la réalité du “miracle” industriel que fut la production de guerre des USA durant la Deuxième Guerre mondiale. Ce texte se réfère à une étude de Alan P. Gropman, Mobilizing U.S. Industry in World War II, publié en 1995 par le National War College, dépendant du Pentagone.
• Un extrait d’un livre en préparation de Philippe Grasset, La grâce de l’Histoire, présentant une interprétation de la Deuxième Guerre mondiale comme “Grande Guerre américaniste”.
Mis en ligne le 8 juin 2009 à 16H09
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