La logique, cul par-dessus tête

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Les Israéliens partisans de l’attaque de l’Iran, particulièrement dans l’actuel gouvernement, sont très sérieusement touchés par la NIE 2007. Leur raisonnement s’attaque donc à la logique pour la mettre au service, non de la raison, mais bien de leur propre perception. On dira que ce n’est pas nouveau mais, exposée de cette façon, la chose fait grand désordre. Ainsi l’argument devient-il que la NIE 2007, qui annonce l’absence d’armes nucléaires chez les Iraniens, est en réalité un pas en avant redoutable pour un conflit au Moyen-Orient, évidemment contre Israël, – avec la destruction d’Israël comme conséquence potentielle. Ainsi l’absence d’armes nucléaires iraniennes devient-elle, aussi bien que l’existence de telles armes, une menace gravissime contre Israël.

D’une façon très significative, dans le discours proposé ci-après, du ministre de la Sécurité Avi Dichter, les capacités de la CIA sont complètement mises en doute jusqu’à la possibilité d’une intention maligne, – les Israéliens sont aussi adeptes de la théorie du complot anti-israélien que leurs adversaires en Occident sont adeptes de la théorie du complot israélien. Cela impliquerait donc que, dans l’esprit évaluateur des Israéliens, les Iraniens ont la bombe, ou l’auront demain matin, et que la guerre qu’ils ne manqueront pas de lancer en verra l’usage. Pourtant le ministre ne parle que de “guerre régionale” du type de celle d’Octobre 1973, définition qui ne peut impliquer le recoures à l'arme nucléaire.

Enfin, voici quelques extraits d’un dépêche AP du 15 décembre sur cette plaidoirie fiévreuse et hystérique, avec une sévère leçon faite au renseignement US de la part d’un pays qui a montré tout son brio dans ce domaine lors de la deuxième guerre du Liban de juillet-août 2006:

«Israel's public security minister warned Saturday that a U.S. intelligence report that said Iran is no longer developing nuclear arms could lead to a regional war that would threaten the Jewish state.

»In his remarks — Israel's harshest criticism yet of the U.S. report — Avi Dichter said the assessment also cast doubt on American intelligence in general, including information about Palestinian security forces' crackdown on militant groups. The Palestinian action is required as part of a U.S.-backed renewal of peace talks with Israel this month.

»Dichter cautioned that a refusal to recognize Iran's intentions to build weapons of mass destruction could lead to armed conflict in the Middle East.

»He compared the possibility of such fighting to a surprise attack on Israel in 1973 by its Arab neighbors, which came to be known in Israel for the Yom Kippur Jewish holy day on which it began.

»“The American misconception concerning Iran's nuclear weapons is liable to lead to a regional Yom Kippur where Israel will be among the countries that are threatened,” Dichter said in a speech in a suburb south of Tel Aviv, according to his spokesman, Mati Gil. “Something went wrong in the American blueprint for analyzing the severity of the Iranian nuclear threat.”

»Dichter didn't elaborate on the potential scenario but seemed to imply that a world that let its guard down regarding Iran would be more vulnerable to attack by the Islamic regime.»

Dans tous les cas, l’attaque d’Avi Dichter, tout comme celles des Israéliens en général et de leurs relais US (les neocons), n’ont guère de chance d’avoir d’effet. Ils ne s’attaquent pas un choix de politique extérieure US où l’influence d’Israël est importante mais à un domaine faisant partie d’une bataille intérieure entre différents pouvoirs américanistes, où son influence est par contre réduite (à part les agents doubles israéliens qu’Israël place parfois, comme d’autres pays, au sein du renseignement US). Il y a vraiment bien peu de chance qu’une force extérieure parvienne à modifier/à faire modifier l’orientation de la NIE 2007.

Sur le plan de la la politique intérieure washingtonienne où les Israéliens ont l'habitude de manoeuvrer, les deux principaux alliés d’Israël dans le pouvoir US sont indisponibles. L’administration Bush est KO dans cette affaire et paraît incapable de reprendre l'initiative. Le Congrès est très favorable à cette action des services de renseignement US, qu'il a nettement favorisée pour l'affirmation de l'indépendance de ces services par rapport au pouvoir politique. (Cette attitude du Congrès, d'habitude complètement acquis à Israël, est le signe, là aussi, que cette affaire n'est pas dans le domaine de l’habituel réseau d’influence israélien.)


Mis en ligne le 17 décembre 2007 à 05H29