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1029Le président Hamid Karzaï, sans doute réélu si le ciel et Allah votent pour lui dans quelques urnes déjà bénies, a fait donc parler de lui, avec son interview au Figaro, du 7 septembre 2009. (Un de nos lecteurs, “Bilbo” nous le signalaient ce même 7 septembre 2009, en nous en donnant quelques extraits.)
Les Américains ont dû cette fois s’apercevoir de quelque chose, malgré que le journal soit français, puisque la nouvelle est reprise d’une façon lisible et compréhensible (en anglo-américain). C’est notamment le cas de Reuters, ce même 7 septembre 2009, sous le titre quelque peu provocateur de «Karzai says United States wants to manipulate him». Suit le bla bla bla.
«Afghanistan's President Hamid Karzai has accused the United States of denouncing his friends and family in an effort to undermine his own position and make him more malleable.
»In a wide-ranging interview with Le Figaro daily, released on Monday, Karzai also condemned a NATO airstrike last week on hijacked fuel tankers, and said he supported a mooted shift in U.S. military tactics in Afghanistan.
»Karzai, who is closing in on a first-round victory in last month's presidential election, revealed strained relations with the United States and said U.S. criticism of his running mate, Mohammad Qasim Fahim, was actually aimed at him.
»“The Americans attack Karzai in an underhand fashion because they want him to be more tractable. They are wrong. It is in their interest ... that Afghanistan's people respect their president,” he said, referring to himself in the third person. “It is in no-one's interest to have an Afghan president who has become an American puppet,” he added.»
Bref, Karzaï n’est pas, qu’on se le dise, “an American puppet” (dito, “une marionnette des Américains”, comme le dit le texte original). Et il le dit dans un journal français, et il n’est pas du tout assuré que cette affirmation soit fausse – effectivement, comme “marionnette” soumise, respectueuse, etc., on ferait mieux. Le phénomène dont nous avons déjà plusieurs fois rendu compte se développe à belle allure. La fonction de “marionnette” est quelque chose qui se mérite, qui se soigne, qui se surveille, de la part des montreurs et manipulateurs de la marionnette. Si on traite la marionnette, à la fois comme si elle était un valet aux ordres, à la fois comme si elle était responsable de toutes les sottises qu’on fait soi-même, la marionnette finit par juger plus confortable la politique du bras d’honneur. Ce qui est de plus en plus le cas, cette fois par l’intermédiaire d’un journal français, ce qui n’est pas particulièrement respectueux pour les montreurs et manipulateurs de la marionnette.
C'est-à-dire que, de plus en plus, Karzaï est poussé à une position où il a évidemment intérêt à prendre ses distances des USA, sinon à s’opposer aux USA…
• Les USA sont aujourd’hui dans un épouvantable désordre pour ce qui concerne cette guerre en Afghanistan, de plus en plus divisés chaque jour, projetant une guerre massive sans en avoir vraiment les moyens, avec une critique de plus en plus violente au cœur de l’establishment, sinon une rupture en son sein. Leur côté n’est plus du tout sûr, puisqu’ils sont en train de monter à Washington même une crise plus grave qu’en Afghanistan.
• Chaque déclaration anti-US que fait Karzaï lui gagne un peu plus de soutien chez les Afghans, par le simple phénomène des vases communicants. L’exaspération furieuse anti-US est telle en Afghanistan que Karzaï, corrompu, illégitime, etc., peut se tailler une belle stature s’il devenait, par exemple, une sorte de leader afghan anti-US.
• Karzaï observe également qu’en prenant ses distances des USA, il peut trouver certaines alliances, ou disons proximités intéressantes. Les choses ne vont pas super-bien entre Européens et Américains.
Comme dit le major Joyce, qui a quitté la barque Gordon Brown-Afghanistant, en Afghanistan “France calculates”. Karzaï a parlé dans un journal français pro-gouvernemental, alors que la France s’est exclamé avec consternation, par la voix suave de Kouchner, contre les dernières souffrances infligées aux Afghans par deux avions de l’USAF. Peut-être juge-t-il, Karzaï, qu’en s’éloignant des USA, il peut se rapprocher de certains Européens qui prendraient leurs distances des Américains. Peut-être juge-t-il également qu’il peut se rapprocher des Russes, qui lui ont déjà fait les yeux doux.
Bref, nous répétons et confirmons que les marionnettes ne sont plus ce qu’elles étaient. Dans ces temps de libération sans fin des mœurs, elles aussi s’émancipent.
Mis en ligne le 8 septembre 2009 à 10H23
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