Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
999
28 juillet 2002 — Voici, ce dimanche 28 juillet, un article du Guardian, qui nous annonce les menaces qui pèsent sur le pouvoir en Arabie Saoudite. L'affaire est sérieuse. L'Arabie est menacée, ni plus ni moins, d'une déstabilisation populaire et/ou d'un coup d'État (type “révolution de palais”) de membres de la famille régnante, proches d'Al Qaïda. A terme plus ou moins sérieux, cela signifierait une prise de contrôle de l'Arabie par une tendance proche d'Al Qaïda. Perspective du type apocalyptique, qui ne cesse de donner des sueurs froides aux analystes du Foreign Office. Il se dit aussi que les Américains s'inquiètent, ce qui est plus préoccupant qu'autre chose (« Saudi sources said the Pentagon had recently sponsored a secret conference to look at options if the royal family fell »).
On se doute que la nouvelle n'est pas illogique, ce pourquoi on lui accorde du crédit. Depuis janvier 2002, l'Arabie ne cesse de tenter de prendre ses distances des USA, mais sans rompre totalement. C'est l'habituelle politique de balance entre le traditionnel engagement pro-US de la famille royale et les concessions nécessaires face aux pressions des extrémistes, mais aujourd'hui avec des concessions notablement renforcées. La question est de savoir si ces concessions, même renforcées, suffisent, et, peut-être, de savoir s'il n'est déjà pas trop tard à cet égard. Il semble bien que l'Arabie soit d'autant plus menacée de déstabilisation que la division de la famille régnante prend des allures d'affrontement direct (« British-based Saudi dissident Dr Saad al-Fagih said: 'There is now an undeclared war between the factions in the Saudi royal family »). Des événements récents sont signalés par le Guardian :
« Demonstrations across the kingdom broke out in March, triggered by a fire in a girls' school in which 14 pupils died after the religious police stopped them escaping.
» Unrest in the east of the country rapidly escalated into nationwide protests against the royal family that were brutally suppressed by the police. The Observer has obtained secret video footage of the protests smuggled out of the country last week that shows hundreds of Saudis, including women, demonstrating in support of the Palestinians and opposition to the regime.
A ces observations, l'article ajoute celle-ci, par ailleurs évidente : « The Foreign Office believes that the failure of Abdullah's recent Middle East peace plan could have terminally undermined his position. » On sait que l'échec de ce plan, unanimement salué comme une bonne voie de sortie de l'imbroglio israélo-palestinien, est du directement à l'action des extrémistes palestiniens et à l'action du gouvernement Sharon, les deux travaillant objectivement dans le même sens de la déstabilisation ; et aussi, et surtout, l'échec du plan est du indirectement mais de façon décisive, à l'action américaine, qui a préparé et favorisé ces conditions d'accentuation des tensions, qui n'a à aucun moment tenté de freiner Sharon, qui n'a apporté qu'un soutien très temporaire (celui de Powell) au plan.
En d'autres mots, le processus de déstabilisation qui menace l'Arabie est le produit indirect mais d'une évidence aveuglante de la politique américaine, dans son obsession de l'attaque contre l'Irak et du soutien au maximalisme de Sharon, dans son obsession déstabilisante de mener une politique de force contre un “ennemi” totalement insaisissable par ce moyen, le terrorisme. Cette même politique a obtenu, comme autre résultat,celui de rapprocher les deux “ennemis” Iran et Irak, dont l'antagonisme est une des clés de la sécurités des pays modérés de la région.
On dit que, durant le “séminaire secret” du Pentagone concernant une chute éventuelle de la monarchie wallabite en Arabie, et mise à part les suggestions de routine (invasion des champs pétrolifères, utilisation de l'arme nucléaire, etc), une voix s'est élevée pour proposer : « L'Arabie est menacée ? Attaquons très vite l'Irak » (ce qui donne, sous forme de slogan : « If Ryhad fall, bomb Saddam »). On laisse à nos lecteurs le soin de décider s'il s'agit d'une citation inventée ou d'une citation réelle (si non e vero, e ben trovato).