La panique de la Fed

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L’intervention de la Federal Reserve hier a constitué une surprise importante. Les précédents de cette intervention, tant par l’importance de la mesure (trois-quarts de point de réduction du taux d’intérêt) que par la procédure choisie, mesurent le caractère exceptionnel de la décision. Pourquoi la Federal Reserve a-t-elle agi de cette façon?

L’analyse publiée aujourd’hui par Gerald Baker, chroniqueur du Times chargé des affaires américaines, est intéressante. Baker a une opinion tranchée, très pro-américaniste, et son analyse ne peut ainsi être suspectée d’un parti pris d’appréciation défavorable. Cet élément renforce encore l’intérêt qu’on peut trouver dans son appréciation.

Pour Baker, La Federal Reserve et son président Ben Bernanke ont réagi à la panique qui les saisissait face aux événements des derniers jours. Baker précise le caractère historique de la décision de la Fed et commente:

«Putting yesterday’s almost unprecedented move in this historical context gives some idea of the concern at the US central bank about the outlook for the economy. But the timing of this extraordinary rate cut also raises a serious question for the Fed’s credibility: did the leadership of the world’s most powerful central bank panic in response to a financial market crisis?

»Only six weeks ago, at the last regular meeting of its Federal Open Market Committee, the Fed seemed relatively unfazed by the proliferating evidence of economic weakness caused by the continuing credit crunch. At that meeting Ben Bernanke, the Chairman, and his colleagues explicitly rejected the pleas of many in financial markets – and one of their own committee members – for a more aggressive response. They cut rates by just a quarter-point. Since then, of course, the economic picture has darkened considerably – with further stagnation in the labour market, in consumer spending and in housing.

»But all of this has been known for at least the past week or so. The Fed’s next regularly scheduled meeting is only a week away, and recent comments by Mr Bernanke had indicated that the Fed was going to cut rates then – by at least half a percentage point. So why move yesterday?»

Baker propose deux explications. Dans les deux cas, la panique a joué. Dans les deux cas, craint Baker, le résultat est similaire.

La première explication est la plus simple: une réaction immédiate par crainte d’une explosion financière. «But there is a real danger that Mr Bernanke is now held hostage to the panics of jittery financial markets…»

La seconde est mitigée de tactique: provoquer un effet psychologique qui serait poursuivi et amplifié par une seconde mesure de réduction (un demi-point) du taux d’intérêt à la fin du mois.

«The problem is that, even if that was the reason for yesterday’s decision, Mr Bernanke is going to have a hard time dispelling the notion that he did not engineer the Fed’s biggest interest-rate cut in a generation primarily in response to a swoon in equity markets.

»Whatever his real intentions, the world’s most powerful central banker looks like he has been forced into a hurried decision by panicked global equity traders.»

Comme toute analyse de ces questions, nous sommes ramenés dans le domaine de la psychologie. Nous ne l’avons jamais quitté d’ailleurs, s’il s’agit de donner une explication à l’hypothèse de la panique. Le comportement de Bernanke, comme celui de l’administration Bush, depuis des semaines, depuis des mois, est de refuser de prendre réellement au sérieux les signes de la crise, les tensions, les alertes et les poussées de fièvre. C’est l’habituelle psychologie américaniste, la confiance aveugle dans la puissance américaniste, également évidente lors de la chute du dollar de l’automne (ce qui était décrit en novembre 2007 par Clyde Prestowitz, de l’Economic Strategy Institute, de cette façon: «It’s ignorance and arrogance. The candidates, the voters, the country’s elite – they all take it for granted that the US currency is always going to be the world’s currency. It hasn’t hit them yet.»).


Mis en ligne le 23 janvier 2008 à 02H25