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5747• Pendant qu’il accusait Poutine de menacer d’“emploi en premier” du nucléaire, le Pentagone modifiait sa Stratégie Nationale de Défense pour y inclure cet “emploi en premier” pour lui-même. • Cette mesure qui semble agressive, ne l’est pas du tout : elle tente de servir de contrepoids à la menace d’action de missiles hypersoniques à capacité de destruction stratégique. • Mesure absurde, théoriquement et pratiquement, qui rend compte de l’impuissance et de la panique US face à cette nouvelle catégorie d’armement où les Russes exercent une complète maîtrise.
Nous abordons ici, une fois de plus, la question de l’emploi éventuel de l’arme nucléaire dans le conflit ukrainien et toutes les occurrences catastrophiques dont est gros ce conflit (l’ensemble que nous nommons ‘Ukrisis‘, pour ‘Ukranian Krisis‘). Il ne s’agit pas d’une analyse mais plutôt d’une spéculation logique et intuitive à la fois, à partir d’éléments épars, dans un environnement intellectuel et communicationnel dont nous connaissons la prolifération folle dans le simulacre et le désordre. Dans ce cadre insaisissable, une vérité-de-situation émerge seulement au terme d’une quasi-enquête policière alors qu’en des temps échappant aux influences maléfiques qui se découvrent dans les périodes-clef, la Vérité devrait être et s’affirme finalement comme une force irrésistible s’imposant par sa seule vertueuse et évidente puissance.
Note de PhG-Bis : « Dans ce travail courant du site, et de PhG, la notion de chose ‘maléfique’ apparait souvent. Elle est toujours laissée dans le flou, qui doit être également défini comme l’‘indicible’, qualificatif d’une nature et d’une puissance infiniment différentes et qualitativement supérieures que celles du concept du ‘flou’. Malgré la prudence de PhG à cet égard, on voudra bien tenir comme absolument essentielle, omniprésente, fondamentale, la présence de cet élément ‘indicible’ dans son travail, comme dans cetexte pour sa conclusion. Il règle tout. »
Il s’agit donc de réunir différents éléments épars pour les faire se correspondre (technique du néo-puzzle, à partir d’autres puzzles de convenance, faits d’une apparente complexité pour satisfaire la seule pensée conformiste, hyper-bornée). Notre but est de rechercher la signification du facteur nucléaire dans la présente crise, ce qui écarte la recherche prospective qui fait d’habitude l’attraction de cette sorte de recherche (utilisera-t-on ou pas cette arme ? Etc.). Ci-dessous, nous publions l’introduction d’un article sur des scénarios d’emploi de l’arme nucléaire. (‘Jeune Nation’ du 5 novembre 2022.) Le paradoxe de ce texte, de notre point de vue, est que nous partageons absolument son introduction qui est pour nous plutôt un fondement se suffisant à lui-même, et rejetons absolument les propositions qui en découlent. Le « Nous ne savons pas » du début du texte conditionne tout le reste et ôte tout crédit aux spéculations qui sont proposées dans la deuxième partie.
Ce n’est pas critiquer et condamner ces spéculations, y compris sur le plan grossier de la morale, c’est acter de leur inutilité et du possible effet pervers, chez le lecteur, de faire croire à leur utilité, c’est-à-dire de “leur donner vie” alors qu’elles décrivent une intentionnalité opérationnelle qui a pour seul et unique objet d’“imposer l’anéantissement” ; car c’est bien comme cela que sont perçues dès l’origine les armes nucléaire, non pas “destruction massive” mais bien “anéantissement”. Toutes les sottises extraordinaires des neocons et du camp du Bien faisant bloc (bloc-BAO par conséquent) comme on l’est dans une sorte de remake de Fort-Apache n’y changeront strictement rien.
« Nous ne savons pas si l’ambiance nucléaire actuelle doit être prise au sérieux ou si elle n’est qu’un nième avatar de l’ambiance médiatique qui encore dernièrement nous a bien soûlés avec le Covid, une crise sanitaire de gravité minime. Mais pour le nucléaire, au moins, nous ne partons pas de zéro, nous savons qu’une bombe atomique ça fait mal, et nous savons qu’il y en a beaucoup, bien réparties dans des camps rivaux, pour ne pas dire mortellement antagonistes. Nous savons aussi que la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens, pour y voir plus clair, nous avons alors la ressource de nous demander de quelle politique la guerre nucléaire pourrait-elle être la continuation et selon quels scénarios. »
A partir de là nous empruntons un extrait d’un autre article du même ‘Jeune Nation’ (publication du 28 octobre), qui nous ‘rappelle’ certaines dispositions et déclarations US autour de l’aménagement, l’‘upgrading’ de sa ‘National Defense Strategy’ (NDS) incluant notamment, et principalement, la possibilité d’une frappe nucléaire “en premier” (‘first strike’). Certains ont fait des gorges chaudes de cette initiative des plus officielles, au moment où le chœur des vierges folles du bloc-BAO dénonçait avec une violence proche de l’obsession (sorte de paranoïa sexuelle ?) les affirmations jamais dites ni par Poutine ni par aucun officiel russe de l’intention de la Russie d’utiliser en premier du nucléaire tactique en Ukraine, – certainement, complète-t-on, pour tenter d’amortir le choc titanesque de ‘effondrement de l’armée russe.
Et cette pantalonnade a pris corps au moment où le Pentagone pondait son NDS ! Eh bien, justement, pourquoi le Pentagone pondait-il ? Le journal cité explique pourquoi le Pentagone “se réserve le droit de répondre à des menaces conventionnelles de façon préemptive avec l’arme atomique”.
« Contre qui ? La Chine est “le seul concurrent qui ait à la fois l’intention de remodeler l’ordre international et, de plus en plus, le pouvoir de le fair”, la Russie ne représentant qu’un “menace aiguë” selon ce document. “Des capacités non nucléaires développées par des concurrents pourraient infliger des dommages de niveau stratégique aux Etats-Unis et à leurs alliés et partenaires”, note le Pentagone, admettant en filigrane la suprématie des armes non nucléaires russes (hypersoniques), et bientôt chinoises... »
L’interprétation qu’en fait l’article est complètement de type offensif, contrairement à notre interprétation Il s’agit d’une machination US pour introduire une dimension nucléaire sur le théâtre européen en en attribuant la faute aux Russes :
« Sans surprise, le narratif de la prétendue menace nucléaire russe sert bien un objectif précis : Washington et son proxy Bruxelles ne voient aucun inconvénient à transformer l’Europe en théâtre de conflit nucléaire, si nécessaire, pour affaiblir voir annihiler la remontée en puissance de la Fédération de Russie. Et cela, quand bien même l’Union soviétique, institutionnelle et prosélyte (à ne pas confondre avec l’idéologie communiste), n’existe plus depuis plus de 30 ans, ni le Pacte de Varsovie qui réunissait 8 pays d’Europe (URSS, Albanie, RDA, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie) dont 7 sont maintenant membres de l’OTAN ! »
Les Russes, par la voix de Poutine qui n’a jamais prononcé les mots qui lui sont rapprochés concernant une frappe nucléaire tactique en Ukraine, a un qualificatif parfait pour caractériser la qualité du débat : pri-mi-tif. Cela est justement et finement trouvé, – même si affirmer une telle chose, rassurez-nous et promettez-le nous, ne fait pas de nous des propagandistes poutiniens avérés et promis à un séjour en un camp de redressement en banlieue :
« Nous n’avons pas besoin de faire cela, cela ne sert à rien – ni sur le plan politique, ni sur le plan militaire. Ils [l’Occident] recherchent une sorte d’incident nucléaire pour blâmer la Russie […] L’objectif de l’agitation d’aujourd’hui autour des menaces nucléaires est très primitif… Ils [l’Occident] recherchent des arguments supplémentaires pour affronter la Russie. »
En effet certes, pourtant nous ne suivons pas non plus complètement Poutine, surtout si c’est sur le terrain où la NDS américaniste du Pentagone a semé troubles et circonstances. Nous, par contre, avons une idée précise qui diverge, et nous allons nous en expliquer : la mesure annoncée par le Pentagone n’est pas offensive mais défensive et elle reflète un état d’esprit confus et affolé, pour ne pas dire paniqué... Car enfin, ce que nous dit le Pentagone est quelque chose de tout à fait inédit qu’il convient d’observer avec attention : il existe des actes conventionnels possibles qui méritent une frappe nucléaire préventive. Les Russes, eux, ne disent pas cela, malgré le chœur et le cœur des vierges folles.
Bien entendu, et sans doute y pense-t-on déjà, notre réserve fondamentale est alimentée par la remarque évidente qui met en scène les missiles hypersoniques russes (et bientôt chinois, mais pour l’instant il s’agit bien de la Russie, qui a une avance remarquable sur le reste) :
« “Des capacités non nucléaires développées par des concurrents pourraient infliger des dommages de niveau stratégique aux Etats-Unis et à leurs alliés et partenaires”, note le Pentagone, admettant en filigrane la suprématie des armes non nucléaires russes (hypersoniques), et bientôt chinoises... »
Cette remarque rejoint ce que nous avons déjà noté à plusieurs reprises à propos des armes hypersoniques dont la flexibilité extrême (autonomie, emport de charge, vols avec manœuvres et altitudes différentes, extrême vitesse et incapacité d’interception, énorme puissance à l’impact du fait de l’énergie cinétique suscitée par la vitesse) leur donne des capacités de frappe stratégique équivalentes à celle d’une arme nucléaire de décapitation et de destruction ciblée. Notre analyse nous conduisait à considérer l’hypersonique dans toutes ses capacités comme installant un nouvel échelon dans l’échelle de la dissuasion, un échelon où le conventionnel devient aussi important que des frappes nucléaires intermédiaires, y compris stratégiques. (Voir notamment le 22 mars 2022 et le 9 octobre 2022.)
« ...Cela implique la possibilité, dans le cas d’une escalade, de la mise en place et de l’existence d’un échelon intermédiaire entre la guerre conventionnelle de haut niveau et la guerre nucléaire avec son enchaînement quasiment inéluctable du tactique au stratégique (guerre totale d’anéantissement). Dans l’état actuel des forces, cette novation serait au seul avantage des Russes, grâce à leur missiles hypersoniques qui, dans certaines conditions, pourraient frapper avec précision une cible militaire aux USA (bases, centre de commandement, etc.) sans provoquer les dégâts collatéraux catastrophiques d’une frappe nucléaire. »
Ainsi la mesure de possibilité de “première frappe” annoncée par la NDS concerne bien entendu ces capacités inédites des hypersoniques (russes pour l’instant). L’on admettra qu’il s’agit d’une mesure quasiment absurde du fait qu’une nécessité de prévention (nucléaire) de l’usage opérationnel d’un tel système est quasiment impossible toujours en fonction de leur “flexibilité extrême” détaillée plus haut et de la multiplicité des cibles stratégiques US, non seulement aux USA mais hors des USA (porte-avions, bases stratégiques en Europe, au Moyen-Orient, en Asie, dans le Pacifique...). Il est manifeste que les chefs des forces US ont pris là une mesure d’urgence sans la moindre efficacité, qui trahit tout simplement leur impuissance et leur panique. Cela rejoint les remarques déjà rapportées le 22 septembre 2022, de l’amiral Richard, chef du Strategic Command (forces stratégiques nucléaires US)
« La première de ces remarques est la reconnaissance par le chef des forces stratégiques et nucléaires US que les États-Unis se trouvent devant un adversaire à leur mesure dans tous les domaines de la puissance stratégique et nucléaire.
» “Nous n'avons tout simplement pas été confrontés à des concurrents et des adversaires de ce type depuis longtemps”. »
On notera l’emploi du même mot de « concurrents » (en plus d’« adversaires ») dans les deux cas (Richard et la NDS), ce qui implique la notion d’ennemi au moins au même niveau, sinon en position de dépassement. Cette précision sémantique est pour nous une mesure du même sentiment déjà signalé, – impuissance et panique.
Pour terminer et bien nous faire comprendre lorsque nous parlons de l’arme nucléaire comme nous faisons, face au tsunami de stupidité déferlante qui nous assaille de toutes parts, nous reprendrons un extrait d’un texte que nous publiions le 29 octobre 2016 alors que la candidate démocrate, l’intrigante Hillary Clinton, jouait joyeusement avec la possibilité d’une guerre nucléaire, notamment avec la Russie qu’elle avait impliquée dans le montage du ‘Russiagate’ réalisé pour couvrir ses propres larcins, ses propres mensonges et ses nombreux comportements illégaux et corrupteurs.
L’extrait tente de montrer qu’il s’agit, avec cette “arme” d’une rupture métaphysique dans la psychologie, comme l’avait bien compris les savants créateurs de la Bombe et observant dans le désert du Mojave, en juillet 1945, le première explosion « plus claire que mille soleils ». Il est évident que, dans nos jeux prospectifs et de communication autour de l’arme nucléaire, nous avons perdu tout contact avec cette métaphysique de haute spiritualité de la perception du phénomène ; on ne s’en étonnera pas puisque l’on trouve là une parfaite mesure de l’époque et de la qualité de ceux qui prétendent la conduire.
« Assistant à l’explosion de Trinity, la première bombe atomique, le 17 juillet 1945, James M. Farrel nota pour son compte-rendu officiel :
« Les effets lumineux défièrent toute description. Tout le paysage fut illuminé par une lumière écrasante d'une intensité plusieurs fois supérieure à celle du soleil de midi. Elle était dorée, mauve, violette, grise et bleue. Elle éclaira chaque pic, crevasse et crête de la chaîne de montagne voisine avec une clarté et une beauté qui ne peut être décrite mais doit être observée pour être imaginée... »
» Bainbridge dit à Oppenheimer :
» “Maintenant nous sommes tous des fils de pute.”
» Oppenheimer dit qu’il avait pensé à ce verset du Bhagavad-Gita :
» “Si dans le ciel se levait tout à coup la Lumière de mille soleils, elle serait comparable à la splendeur de ce Dieu magnanime...”
» Plus tard, en 1965, pour la constitution des Atomic Archives, il précisa longuement en modifiant d’une manière significative la citation, passant de l’illusion de l’éclair à la pénombre de la méditation au bord des abysses du Mordor :
» “Nous savions que le monde ne serait plus le même. Certains ont ri, certains ont pleuré. La plupart étaient silencieux. Je me suis souvenu d'une ligne du texte hindou, le Bhagavad Gita ; Vishnou essaye de persuader le Prince de faire son devoir et, pour l‘impressionner, prend son apparence aux multiples bras et lui dit : ‘Maintenant je suis la Mort, le destructeur des mondes’. Je suppose que nous avons tous pensé cela, d'une façon ou d'une autre.” »
Mis en ligne le 6 novembre 2022 à 14H50