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299315 décembre 2020 – Hier, avisant par pur hasard (qui sait ?) et frôlement de bibliothèque un bouquin qui traînait... Je feuilletais Les Rostand, qui rapporte l’histoire des diverses et brillantes individualités de cette famille, notamment et bien sûr le premier chapitre sur le premier d’entre les Rostand, avec le formidable événement théâtral et littéraire qu’il créa avec Cyrano de Bergerac.
On ne peut lire un texte sur cette pièce considérable à tous égards sans s’arrêter au mot qui la caractérise absolument en englobant, en ciselant le personnage de Cyrano : le panache. Edmond Rostand en donne cette définition :
« Le panache n'est pas la grandeur mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif — et d’un peu frisé […], le panache c'est l’esprit de bravoure. […] Plaisanter en face du danger c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l'héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime... »
Je trouve beaucoup de choses dans ce mot, et la définition de Rostand y aide considérablement. J’y trouve surtout quelque chose, non pas d’aérien mais d’au-dessus de l’humain (« quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle ») ; une sorte de vertu d’au-dessus de l’humain mais affirmée avec bienveillance et empathie, une grâce harmonieuse et apaisée, qui détonnerait presque en l’harmonisant de l’espèce de tohu-bohu sublime qui caractérise les manifestations humaines du panache, qui lui donne la gratuité permettant d’échapper aux contraintes du sort et des affaires. (Par exemple, Obama, comme vu hier, a de la grande classe, il n’a pas de panache. Il ne fait rien qui ne soit commandé principalement par la cause qui l’anime et l’effet, la somme, l’avantage qu’il en espère.)
Bref et ainsi défini, je trouve au panache quelque chose de métaphysique.
Et aussitôt, considérant la dérision et la petitesse des situations humaines à propos de laquelle se manifeste le panache, parfois jusqu’à la mort (Cyrano), j’en viens à une rêverie au départ bien conventionnelle, pour acter cette parenté peu ordinaire entre la dérision des causes d’un comportement, puis d’un acte qui leur est lié, et la grandeur de la grâce qui peut aller jusqu’au sacrifice de sa vie. Ma réflexion revient assez vite à un commun “on est bien peu de choses”, même si c’est avec panache et quoique le panache signifie tout de même de grandes choses ; ainsi défilent les images jusqu’à celles qui fait de ces êtres de “bien peu de choses” comme des petites choses qui se dispersent dans l’immensité de l’univers ; et dès lors que j’insiste sur la grandeur du panache qui est “au-dessus d’elle” et donne à ces “petites choses” assez ordinaires un poids si particulier et si extraordinaire, c’est qu’alors “l’immensité de l’univers” tend à se présenter comme l’infini qui permet leur transmutation, et qu’il faut alors y voir quelque chose de divin. C’est ainsi que j’en viens à la parabole de l’“immense univers” qui serait comme l’Esprit de Dieu, le cerveau immense qui recueille ces “bien peu de choses” pourtant touchés par la grâce dans son éternité.
Il faut alors préciser que j’avais à l’esprit, pour me conduire à la parabole, la connaissance de deux chiffres concernant les nombres de deux certains types spécifiques de planètes et de neurones, – que je qualifierais pour marquer leur extrême relativité scientifique de planètes-X et de neurones-X, – choses entendues très récemment de sources qu’on doit qualifier à la fois, dans la déferlante de la communication et de la post-vérité, d’assez ‘crédibles’ et de complètement ‘incertaines’. Je ne fais ici qu’appliquer la nouvelle règle établie par le déferlement de critères assurés et de jugements ‘scientifiques’ également assurés, qui sont à la fois différents et contradictoires, qui sont parfaitement de ce temps nouveau de la post-vérité où la vérité ne compte plus, et tout cela dans le plus complet désordre.
La crise du Covid et le déferlement des spécialistes avec chacun leurs versions, leurs points de vue antagonistes, leurs jalousies acides, – “humain, trop humain”, –dans notre société saturée jusqu’à la nausée de communications, ont marqué profondément et décisivement à mon sens ce nouveau caractère des sciences... On en tire le constat assuré de la crise complète de la sûreté de la donnée scientifique, de la sûreté du diagnostic, de la sûreté du jugement scientifiques. Je prétends que le caractère absolument objectif de la science s’est abîmée entièrement jusqu’à la désintégration complète dans la complète subjectivité de cette époque post-vérité. Voici les règles de cette nouvelle situation selon mon estimation et sous mon entière responsabilité, mais également dans ma complète subjectivité puisque c’est la façon où l’on est forcé d’être désormais, et pour mon compte à partir de quoi je recherche sans aucunement me décourager les vérités-de-situation :
• “la seule chose dont on est assuré désormais dans le flux dynamique des connaissances scientifiques, c’est qu’au plus ces connaissances progressent dans une mesure exponentielle gigantesque comme elles font, au moins on est assuré de la véracité de cette dynamique et de la vérité de ce qui en est produit” ;
• “la seule perspective mesurée qu’on peut envisager est celle de la post-vérité dans les sciences, sans doute destructrice des sciences occidentales : au plus nous avançons avec de monstrueux amas de ‘connaissances’, au plus disparaît ce qui reste d’affirmation de vision objective du monde, et cela jusqu’à la néantisation de cette prétention en cours de réalisation” ;
• “La seule chose dont je suis assuré pour mon compte est que les sciences ont totalement perdu leur prétention à l’objectivité vertueuse, que je ne veux plus par conséquent envisager la véracité et la vérité des sciences ; car les sciences font partie désormais de l’hyperdésordre, phénomène de la ‘post-vérité’ dont je crois absolument à l’existence et à la pertinence” ;
• “Par conséquent, la seule chose dont on est assuré aujourd’hui dans les sciences, c’est que rien n’est assuré ; et le savoir sans rechigner est un précieux atout pour l’esprit”.
Installé avec assurance dans la certitude de cette complète absence de certitude, avec un sourire narquois pour moi-même (par solidarité) et essentiellement pour le sapiens-scientifique redevenu sapiens incertain et hésitant des origines, je ne débattrai pas une seconde sur la justesse de ces deux chiffres dont je parle ici (neurones-X et planète-X), ni n’accepterai qu’on en débatte pour les contester. Je ne fais pas une tentative de démonstration qui serait presque de facture scientifique (un comble !), j’instruis mon lecteur à propos de la formation d’une parabole.
L’essentiel est que j’avais à l’esprit ces chiffres de 15 milliards & 15 milliards avant d’en venir à l’intuition dont je fus l’objet et que je ces prends chiffres pour ce qu’ils sont, comme un facteur structurant de mon esprit toujours en quête de vérité-de-situation, existant avant l’intuition à ce propos et lui servant de guide pour l’opérationnaliser. Les deux chiffres concernant les neurones-X et les planètes-X sont pris comme facteurs de révélation pour mon parcours intuitif que je décris : apprenant d’abord récemment qu’on avait comptabilisé récemment dans le cerveau le nombre de 15 milliards de neurones-X, j’appris plus récemment qu’on avait comptabilisé le nombre de planètes-X dans l’univers.
J’entendis que ce deuxième nombre était également de 15 milliards. La correspondance me sembla à la fois extraordinaire et révélatrice.
C’est dire, avec deux chiffres précis mais sans la moindre assurance de véracité et vérité, comme le reste, tout le reste, – c’est dire combien je tenais là la parabole très puissante d’une correspondance à la fois véridique et réelle qui éclaire le raisonnement que j’ai rapporté à partir d’une intuition : le cerveau humain structuré comme l’univers connu, selon la parabole intuitive que l’univers ‘connu’ est le cerveau de Dieu ; et le cerveau, qui est également le “Tout’ dans ce cas, étant bien l’Esprit de Dieu.
On comprend que les deux chiffres dont la fonction est d’être complètement incertains, ne sont là que pour établir une correspondance qui doit illustrer l’évidence que cette conception ne dit strictement rien des capacités humaines, et surtout pas de leur puissance affirmées depuis la Renaissance ; qu’elle dit tout de cette vieille image que Dieu fait tout ‘à son image’ ; qu’elle redonne ainsi quelque crédit à cette conception du Fond des Temps de l’affirmation évidente, allant-de-soi, d’un divin-existant, dans ces temps de complète déroute d’une science prétendant se substituer au divin.
Maintenant, concluons notre histoire : je vous emmène quelques décennies plus tôt, au temps de ma jeunesse bénie...
Quelque part entre 1966 et 1968, je ne sais plus très bien, j’avais lu une nouvelle de Ray Bradbury dont j’ai oublié le titre. C’était l’époque de l’installation au début de leur développement des ordinateurs, avec l’existence des modèles géants procurant une capacité à mesure. Dans sa nouvelle, Bradbury imagine bien entendu une sorte de Fédération Mondiale des États qui se réunit un jour pour aborder cette question centrale : “Comment trancher définitivement la question de l’existence de Dieu ?” (L’arrivée des ordinateurs-géants ouvrait en effet l’ère des Fins dernières résolues pour sapiens-simulacre.) Cela donna à peu près ceci, dans sa conclusion, rapportée ici dans l’esprit de la chose et nullement dans la précision du détail et de la situation.
On décida de rassembler et de connecter tous les ordinateurs géants que possédaient les États, pour arriver à une unité, – nommons-là U.P. pour Unité Planétaire, – qui disposerait de toutes leurs capacités ajoutées, – et lui poser LA question.
On procéda à l’opération, assez longue et complexe. Lorsque cela fut fait, ce fut le Grand Jour et l’on mit en marche, pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité, l’U.P. fécondée par le sperme planétaire et néanmoins informatique de tous les ordinateurs-géants dignes de ce nom... (Cette image eut du mal à passer la censure-Tweeter, pour blasphème antiféministe, mais enfin nous voilà.)
– Dieu existe-t-il ?” interrogea la Fédération Mondiale, attendant, haletante, pour la première fois les mots et la voix de U.P. (« Au commencement était le Verbe », murmura un évêque qui avait mené la charge de la modernité au Concile Vatican II et en avait oublié comment l’on se signe.)
– Désormais et à partir de maintenant, Il existe”, répondit l’Unité Planétaire.
Les conceptions, imaginations & intuitions peuvent diverger jusqu’à l’opposition radicale et sans appel ni retour, pour traiter la même question. On le mesure ici. On fera son choix entre l’“immense univers” qui est le cerveau et l’Esprit de Dieu d’une part, et l’U.P. d’autre part ; ou bien l’on ira boire un verre dans un café rouvert, déconfinement acté pour une semaine ou deux, avant de réintégrer le Goulag.
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