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4493• Articles du 4 mars 2022. • A côté des opérations militaires en Ukraine, il y a la puissante opération financière et sanctionneuse, qu’un ministre a malencontreusement qualifiée de « guerre économique totale ». • Il lui sera beaucoup pardonné d’avoir ainsi laissé échapper une vérité, d’autant que les effets de cette guerre pourraient être bien contrastés. • A la barre du char d’assaut de l’UE, l’Allemande directrice de la Commission Ursula von der Leyen. • Elle a tout d’une cheffe de guerre. • Collaborations : dedefensa.org et Alastair Crooke.
La parole est fameuse, pour qualifier l’action de tel officier de l’U.S. Army pour “protéger”, voire “sauver” un village du Sud-Vietnam menacé par le Vietcong, ordonnant un formidable barrage d’artillerie pour ce faire ; mettant quelques coups pas du tout ajustés sur le village, les autres à moitié-presque sur le village, quelques-uns fort bien ; aboutissant à des pertes vietcongs certes, mais aussi à raser complètement le village menacé, que les Vietcongs ne prendront pas, d’autant qu’il est devenu un tas de ruines. Dans la caricature habituelle de la propension US à “écraser un problème” plutôt qu’à le résoudre, cela s’appelle : “détruire un village pour le sauver”. C’est à peu près ce que Alastair Crooke décrit dans sa dernière livraison du 4 mars, à propos de la réaction hyperpuissante sinon hyper-écrasante du Système (du système néo-libéral) contre la Russie après l’attaque de l’Ukraine d’il y a une semaine.
Crooke décrit l’action d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne, qui a mené l’assaut à la façon d’une ‘Blitzkrieg’ ultralourde, ce qui sollicite les références allemandes de la dernière Guerre Mondiale et les références US de toutes les guerres depuis 1945 (83% des guerres depuis 1945 sont le fait des seuls USA, rappellent aimablement les Chinois).
Ces références guerrières, surtout du côté allemand, ne sont pas gratuites si l’on considère l’actuel enthousiasme de l’Allemagne-SPD pour se réarmer et armer les Ukrainiens. Ce n’est l’est pas moins pour von der Leyen, que Crooke qualifie de la sorte :
« L’intervention de Mme von der Leyen était peut-être de l'opportunisme, motivée par une résurgence de l'ambition allemande du SPD (et peut-être par sa propre animosité envers la Russie, découlant de son lien familial avec la prise de Kiev par les SS allemands), mais ses conséquences sont probablement profondes.
» Pour être clair, en un samedi, von der Leyen a actionné l'interrupteur pour désactiver les principaux éléments du fonctionnement financier mondial... »
... Par conséquent, il est intéressant de savoir de quel “lien familial” il est question, qui lie van der Leyen avec Kiev et avec l’action de la Wehrmacht et des SS en Ukraine durant la guerre de 1941-1945, – « sans réécrire l’Holocauste », comme note gracieusement, et sans y connaître des masses, Macron à l’égard, ou à l’encontre de Poutine, avec clin d’œil à la bienpensance des salons parisiens. Voici ce que nous dit la référence donnée par Crooke, venu d’un Bhadrakumar qui est sur le sentier de la guerre du racisme européiste et suprémaciste de l’UE et de l’Allemagne (dans ‘Strategic-Culture.org’ du 1er mars 2022) :
« Aujourd'hui, le SPD n’est que théoriquement “de gauche” et est en fait un promoteur enthousiaste du réarmement de l’Allemagne, tout autant que la CDU. Quant au complexe de culpabilité, il a disparu de l’écosystème politique allemand. Curieusement, l’ancienne ministre de la défense allemande de la CDU, Ursula von der Leyen, avait une ascendance nazie à revendiquer, tant du côté de son mari que du sien. Mais cela n’avait guère d’importance lorsqu’Angela Merkel lui a confié la tâche de diriger la Bundeswehr pendant sept ans.
» À propos, le grand-père de Mme von der Leyen était un nazi qui s'est porté volontaire pour combattre en 1940, est devenu sergent-chef dans la Wehrmacht et a dirigé une unité dite "antipartisane" sur le front soviétique oriental, chassant les groupes de résistance, participant à la prise de Kiev, la capitale de l'Ukraine, et prenant part au massacre barbare de Babi Yar en septembre 1941, au cours duquel plus de 33 000 habitants juifs de Kiev ont été abattus de sang-froid. On dit que “jusqu'à sa mort, il fulminait contre les Juifs, les Français et la perfide Albion. Il ne quittait plus jamais le pays et frôlait la panique à l'approche d'une frontière”.
» Pourtant, von der Leyen cohabita confortablement dans la grande coalition CDU-SPD sous Merkel avec le ministre des affaires étrangères de l'époque, Frank-Walter Steinmeier, qui était du SPD, – le parti de Willy Brandt, connu pour être réformiste et modéré ! En fait, Steinmeier lui-même entretenait, – et entretient toujours en tant que président de l'Allemagne, – de bonnes relations personnelles avec les dirigeants de Svoboda, la faction néo-nazie d'Ukraine. »
Il est remarquable d’observer combien ces circonstances finalement “anodines”, rencontrent en réalité une grande tendance parcourant l’UE sous domination allemande, et l’Allemagne elle-même désormais. Elle vient amener de l’eau au moulin de ces auteurs qu’on préfère situer “à la marge” ou sous une étiquettes ou l’autre (“comploteur”, ça irait ?), qui distinguent dans le projet européen aboutissant à l’UE un fumet préparatoire prenant ses sources dans les grandioses projets nazis ; comme John Laughland, par exemple, dans ‘The Tainted Source : The Undemocratic Origins of the European Idea’ :
« Les structures postnationales, – entreprises multinationales, “États-régions” et organisations supranationales telles que l'Union européenne - sont corrosives pour les valeurs libérales, à tel point que John Laughland montre de manière dévastatrice que l'idéologie postnationale constituait un noyau crucial de la pensée économique et politique nazie. Comme l'idéologie européenne d'aujourd'hui, elle prévoyait la dissolution de l'État-nation et de l'ordre libéral. »
Nous sommes donc sur la bonne fréquence et sur la même longueur d’onde pour en venir et en revenir à l’Ukraine, décidément chargée d’un sceau allemand très lourd et très voyant ; et, par conséquent, lorsque nous parcourons indiscrètement leurs exploits et leurs effectifs, en venir et en revenir aux unités néo-nazies et Ukronazie en Ukraine, celles qui qui-n’existent-pas selon le futur président-réélu de France. Celui-là serait ainsi chargé, selon la caricature qu’il importe de ne pas écouter, de l’honneur suprême de prolonger 1940 au travers de l’UE et à la lumière bling-bling des reportages sexy de ‘Elle’ sur les jeunettes mannequin(ne)s-Valkyries du régiment ‘Azov’.
Cela nous ramène fort logiquement, presque vertueusement, à l’entreprise remarquable de madame von der Lyden qui, depuis le 26 février, apparaît comme une cheffe maniant l’outil de la destruction avec la maestria d’un Guderian en 1940. Il s’agit donc bien de quelque chose qui ressemble curieusement à une “guerre économique totale” (non-dixit Bruno Lemaire), qui porte à la destruction, estime Cooke, de structures globalistes fondamentales ; ce qu’il exprime par le titre de son article du 4 mars, où il ne s’agit plus de “brûler le village” pour le sauver, mais bel et bien la structure globaliste : « Burning Globalist Structures to Save the Globalist ‘Liberal Order’ ».
D’où que l’on prenne le problème apparaît, comme constante du mouvement en cours, la dynamique de la destruction propre à l’ordre capitalistique extrême depuis son origine, qui n’a fait qu’enfler, jusqu’à des doctrines prônant la chose comme la vertu même ; tout se rejoint alors, cet aspect destructeur, l’aspect déconstructeur du wokenisme et de leurs inspirateurs philosophiques, le traitement déstructurant des nations et des souverainetés, tout n’est que brutalité, et madame von der Leyen au bout du compte, selon une tradition familiale... Poutine est brutal ? Eh bien, il va voir la brutalité qu’on lui réserve ! Cela n’étonne certainement pas Tom Luongo, ce vieux briscard de libertarien passé par Wall Street, écrivant le 2 mars :
« Je le crois toujours. Ce n'est pas une guerre pour l'Ukraine, c'est une guerre pour l'avenir du monde entier. L’Ukraine représente la colline sur laquelle Davos et la Russie ont choisi de vivre ou de mourir. »
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Dans sa triple frappe de sanctions contre la Russie, l'UE ne cherchait pas initialement à faire s'effondrer le système financier russe. Loin de là : Son premier instinct était de trouver les moyens de continuer à acheter ses besoins énergétiques (rendus d'autant plus vitaux par l'état des réserves européennes de gaz proches de zéro). Les achats d'énergie, de métaux spéciaux, de terres rares (tous nécessaires à la fabrication de produits de haute technologie) et de produits agricoles devaient être exemptés. En bref, à première vue, les nerfs du système financier mondial devaient rester intacts.
L'objectif principal était plutôt de bloquer le cœur de la capacité du système financier russe à lever des capitaux, – complété par des sanctions spécifiques à l'encontre d'Alrosa, un acteur majeur du marché du diamant, et de Sovcomflot, un opérateur de flotte de pétroliers.
Puis, samedi matin dernier (26 février), tout a changé. C'est devenu une guerre éclair : « Nous menons une guerre économique et financière totale contre la Russie. Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe », a déclaré le ministre français des finances, M. Le Maire (des mots qu'il a regrettés par la suite).
Ce samedi-là, l'UE, les États-Unis et certains alliés ont pris des mesures pour geler les réserves de change de la Banque centrale russe détenues à l'étranger. Et certaines banques russes (sept au final) devaient être exclues du service de messagerie financière SWIFT. L'intention a été ouvertement admise dans un briefing américain non attribuable : il s'agissait de déclencher un “bear raid” (c'est-à-dire une vente massive orchestrée) du rouble le lundi suivant, qui ferait s'effondrer la valeur de la monnaie.
L'objectif du gel des réserves de la Banque centrale était double : Premièrement, empêcher la Banque de soutenir le rouble. Et deuxièmement, créer une pénurie de liquidités dans les banques commerciales en Russie afin d'alimenter une campagne concertée au cours du week-end pour faire peur aux Russes en leur faisant croire que certaines banques nationales pourraient faire faillite, – ce qui provoquerait une ruée vers les distributeurs automatiques de billets et le début d'une ruée vers les banques, en d'autres termes.
Il y a plus de deux décennies, en août 1998, la Russie a fait défaut sur sa dette et a dévalué le rouble, déclenchant une crise politique qui a abouti au remplacement de Boris Eltsine par Vladimir Poutine. En 2014, les États-Unis ont tenté de faire chuter le rouble par des sanctions et en provoquant (avec l'aide de l'Arabie saoudite) une chute de 41 % des prix du pétrole en janvier 2015.
Il est clair que samedi matin dernier, lorsque Ursula von der Leyen a annoncé que des banques russes “sélectionnées” seraient exclues de SWIFT et du système international de messagerie financière, et qu'elle a annoncé le gel presque sans précédent des réserves de la Banque centrale russe, nous avons assisté à une répétition de 1998. L'effondrement de l'économie (comme l'a dit Le Maire), une ruée sur les banques nationales et la perspective d'une inflation galopante. On s'attendait à ce que cette combinaison se transforme en une crise politique, – bien qu'elle soit destinée, cette fois, à voir Poutine remplacé par Eltsine, – un changement de régime en Russie, comme l'a proposé cette semaine un important groupe de réflexion américain.
En fin de compte, le rouble a chuté, mais il ne s'est pas effondré. La monnaie russe a plutôt, après une chute initiale, récupéré environ la moitié de sa chute initiale. Les Russes ont fait la queue devant leurs distributeurs automatiques de billets le lundi, mais une ruée sur les banques de détail ne s'est pas produite. Elle a été “gérée” par Moscou.
Ce qui s'est passé ce samedi-là et qui a incité l'UE à passer de sanctions modérées à une participation pleine et entière à une guerre financière à outrance contre la Russie n’est pas clair : cela a pu résulter d'une intense pression américaine ou venir de l'intérieur, l’Allemagne ayant saisi un alibi opportun pour se remettre sur la voie de la militarisation pour la troisième fois au cours des dernières décennies : Pour reconfigurer l'Allemagne comme une grande puissance militaire, un participant puissant à la politique mondiale.
Et cela, – très simplement, – n'aurait pas été possible sans l'encouragement tacite des États-Unis.
L'ambassadeur Bhadrakumar note que les changements sous-jacents rendus manifestes par von der Leyen le samedi « annoncent un profond changement dans la politique européenne. Il est tentant, mais finalement futile, de situer ce changement dans le contexte d'une réaction à la décision russe de lancer des opérations militaires en Ukraine. Le prétexte ne fournit qu'un alibi, alors que le changement est ancré dans le jeu de pouvoir et possède une dynamique propre ». Il poursuit ,
« Sans aucun doute, les trois développements, – la décision de l'Allemagne d'intensifier sa militarisation [en dépensant 100 milliards d'euros supplémentaires], la décision de l'UE de financer les livraisons d'armes à l'Ukraine et la décision historique de l'Allemagne d'inverser sa politique de ne pas fournir d'armes aux zones de conflit, – marquent un changement radical dans la politique européenne depuis la Seconde Guerre mondiale. L’idée d'un renforcement des capacités militaires, la nécessité pour l'Allemagne d'être un participant “énergique” à la politique mondiale, l'abandon de son complexe de culpabilité et la nécessité d'être “prêt au combat”, tout cela est de loin antérieur à la situation actuelle en Ukraine. »
L'intervention de Mme von der Leyen était peut-être de l'opportunisme, motivée par une résurgence de l'ambition allemande du SPD (et peut-être par sa propre animosité envers la Russie, découlant de son lien familial avec la prise de Kiev par les SS allemands), mais ses conséquences sont probablement profondes.
Pour être clair, en un samedi, von der Leyen a actionné l'interrupteur pour désactiver les principaux éléments du fonctionnement financier mondial : blocage de la messagerie interbancaire, confiscation des réserves de change et coupure du nerf du commerce. Apparemment, cette “mise à feu” des structures libérales mondiales est effectuée (comme l'incendie des villages au Vietnam) pour “sauver” l'ordre libéral mondial.
Cependant, il faut considérer cette décision en parallèle avec la décision de l'Allemagne et de l'UE de fournir des armes (pas à n'importe quelle “zone de conflit») mais spécifiquement aux forces qui combattent les troupes russes en Ukraine. Les “Kick Ass ” des forces ukrainiennes qui “résistent” à la Russie sont des forces néo-nazies qui ont une longue histoire d'atrocités commises contre les peuples ukrainiens russophones. L'Allemagne se joindra aux États-Unis pour former ces éléments nazis en Pologne. La CIA fait cela depuis 2015. (Ainsi, alors que la Russie tente de dé-nazifier l'Ukraine, l'Allemagne et l'UE encouragent les volontaires européens à se joindre à un effort dirigé par les États-Unis pour utiliser des éléments nazis pour résister à la Russie, tout comme de la manière dont les djihadistes ont été formés pour résister à la Russie en Syrie).
Quel paradoxe ! En fait, Mme von der Leyen supervise la construction d'un “mur de Berlin” européen, – bien que son objectif soit désormais inversé, – pour séparer l'UE de la Russie. Et pour compléter le parallèle, elle a même annoncé que les émissions de Russia Today et de Sputnik seraient interdites dans toute l'UE. Les Européens ne pourront entendre que les messages autorisés de l'UE... (Toutefois, une semaine après le début de l'invasion russe, des fissures apparaissent dans ce récit occidental étroitement contrôlé,– « Poutine n'est PAS fou et l’invasion russe n'est PAS en train d’échouer », avertit un éminent analyste militaire américain dans le Daily Mail. « Se contenter d’estimer que l’attaque russe se passe mal peut nous faire sentir mieux mais est en contradiction avec les faits », écrit Roggio. « Nous ne pouvons pas aider l'Ukraine si nous ne pouvons pas être honnêtes sur sa situation difficile. »)
Ainsi, Biden a enfin obtenu son “succès” en politique étrangère : L'Europe s'est isolée de la Russie, de la Chine et du marché asiatique intégré émergent. Elle s'est libérée de sa “dépendance” à l'égard du gaz naturel russe (sans perspective d'alternative immédiate) et s'est ralliée au projet de Biden. Prochainement, l'UE va-t-elle sanctionner la Chine ?
Cela va-t-il durer ? Cela semble improbable. L'industrie allemande a une longue histoire de mise en scène de ses propres intérêts mercantiles avant des ambitions géopolitiques plus larges, – avant, même, les intérêts de l'UE. Et en Allemagne, la classe économique est en fait la classe politique et a besoin d'une énergie à prix compétitif.
Alors que le reste du monde montre peu ou pas d'enthousiasme à se joindre aux sanctions contre la Russie (la Chine a exclu de prendre des sanctions contre la Russie), l’Europe est en pleine hystérie. Celle-ci ne va pas s'estomper rapidement. Le nouveau “rideau de fer” érigé à Bruxelles pourrait durer des années.
Mais qu'en est-il des conséquences involontaires de la “Blitzkrieg” des sanctions de samedi dernier : les “unknown unknowns” du célèbre mantra de Rumsfeld ? La mise hors circuit sans précédent d'un élément clé du système mondialiste ne s'est pas téléchargée dans un contexte neutre et inerte : elle s'est transformée en une atmosphère de russophobie à forte charge émotionnelle.
Alors que les États de l’UE espéraient épargner les expéditions d'énergie russes, ils n’ont pas tenu compte de la frénésie soulevée contre la Russie. Le marché pétrolier s’est mis en grève, agissant comme si l'énergie était déjà dans le viseur des sanctions occidentales : les pétroliers avaient déjà commencé à éviter les ports russes par crainte des sanctions, et les tarifs des pétroliers empruntant les routes du brut russe ont été multipliés par neuf au cours des derniers jours. Mais aujourd'hui, face à la crainte croissante de se heurter à des restrictions complexes dans différentes juridictions, les raffineurs et les banques hésitent à acheter du pétrole russe, selon des traders et d'autres acteurs du marché. Les acteurs du marché craignent également que des mesures visant directement les exportations de pétrole soient imposées si les combats en Ukraine s'intensifient.
Les marchés des produits de base sont en ébullition depuis le début de l'opération militaire spéciale. Le gaz naturel européen a bondi de 60 % mercredi, car les acheteurs, les négociants et les expéditeurs évitent le gaz russe. La combinaison des sanctions et des décisions commerciales prises par les expéditeurs et les assureurs pour se tenir à l'écart a fortement réduit cette contribution à l’approvisionnement mondial au cours de la semaine dernière. Une cascade de faillites des entreprises occidentales est parfaitement possible. Et la perturbation des lignes d'approvisionnement est inévitable.
Nombreux sont ceux qui seront touchés par la tourmente des matières premières, mais la Russie assurant 25% de l'approvisionnement mondial en blé, la hausse de 21% du prix du blé et de 16% du prix du maïs depuis le 1er janvier représentera une catastrophe pour de nombreux États du Moyen-Orient, entre autres.
Toutes ces perturbations des marchés interviennent avant même que Moscou ne réponde par ses propres contre-mesures. Ils sont restés silencieux jusqu'à présent, – mais que se passera-t-il si Moscou exige que les futurs paiements pour l'énergie soient effectués en yuan ?
En résumé, les changements proposés par Mme von der Leyen et l'UE, ainsi que la flambée des prix du pétrole brut, pourraient faire basculer les marchés mondiaux dans la crise et déclencher une spirale inflationniste. L'inflation créée par la hausse des coûts de l'énergie et les perturbations alimentaires n'est pas aussi facilement accessible aux remèdes monétaires. Si le drame quotidien de la guerre en Ukraine commence à s'estomper et que l'inflation persiste, le coût politique du drame du samedi de Mme von der Leyen risque d'être une récession à l'échelle européenne.
« Depuis bien avant l'invasion russe en Ukraine, les Européens se débattent sous le poids de factures énergétiques galopantes », note OilPrice.com. En Allemagne, pour certains, un mois d'énergie coûte le même prix qu’une année entière ; au Royaume-Uni, le gouvernement a augmenté le plafond des prix des factures d'énergie de 54 %, et en Italie, une récente augmentation de 40 % du coût de l'énergie domestique pourrait maintenant presque doubler.
Le New York Times décrit l'impact sur les entreprises et les industries locales comme rien moins qu’“effrayant”, car toutes sortes de petites entreprises à travers l’Europe (avant les événements de la semaine dernière) ont été contraintes de cesser leurs activités parce que les coûts énergétiques dépassaient les bénéfices. Les grandes entreprises n'ont pas non plus été épargnées par le choc des prix. « Près des deux tiers des 28 000 entreprises interrogées ce mois-ci par l'Association des chambres de commerce et d'industrie allemandes considèrent les prix de l'énergie comme l'un de leurs principaux risques commerciaux... Pour les entreprises du secteur industriel, ce chiffre atteint 85%. »
On se souvient de cette vieille prédiction du Moyen-Orient, selon laquelle les valeurs occidentales se retourneraient contre l'Occident lui-même, pour finalement le dévorer.
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