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29 mai 2003 — Voici deux textes qui mettent en évidence de façon circonstanciée et intéressante les contradictions de l’alliance américaine des Britanniques. Le sel de l’affaire est que ces deux articles viennent ou mettent en scène des conservateurs, qui sont en théorie les plus chauds partisans de cette alliance.
• Un texte de The Independent du 27 mai met en évidence des dysfonctionnements qui eurent lieu en Irak, aux dépens des forces britanniques, à cause de la soumission de ces forces aux Américains. Il s’agit d’une protestation qui vient du “ministre de la défense” du shadow cabinet conservateur, — et l’on comprend alors de quelle ironie nous voulons parler. Le problème est simple : des forces britanniques eurent besoin d’un appui aérien qu’elles n’eurent pas dans certaines circonstances de la guerre. Elles ne l’eurent pas parce que le commandement américain, qui contrôlait tout, avait envoyé les avions britanniques d’appui (en plus des avions US) en appui des forces américaines. Conclusion révolutionnaire du “ministre” Jenkin, sur la pointe des mots : il faudrait que les forces britanniques contrôlent leurs propres moyens d’appui. Ce qui n’est évidemment pas le cas avec les alliances avec les Américains. On souhaite bien du plaisir aux Britanniques avec le JSF.
« Bernard Jenkin, the Shadow Defence Secretary, declared that, in future Anglo-American military actions, British forces should have first call on RAF aircraft.
» Mr Jenkin said that placing British warplanes in the coalition ''pool'' had resulted in delays in receiving air support while British forces were attempting to take Basra in southern Iraq.
» He said: “I have not made any criticism of the Americans. I think it is entirely natural that they would regard their main effort as the attack on Baghdad and that the slow and painstaking approach to Basra by the British forces was a secondary issue to them, and I think that is perfectly understandable. My criticism is whether it is right for British forces to pool our air support with the coalition as a whole rather than to maintain dedicated close air support with our own forces.” »
• Un texte, le même jour, du parlementaire conservateur Daniel Hannan dans le Daily Telegraph, met en évidence un autre problème à propos de la même contradiction due à l’alliance américaine. Hannan explique qu’il est effectivement fondé de s’opposer à une “armée européenne” et aux efforts de l’UE dans ce sens, selon le point de vue patriotique des conservateurs de refuser toute abdication de la souveraineté nationale, — mais que dire alors de l’OTAN ?
« The unfortunate truth is that almost all international bureaucracies are, to a greater or lesser extent, bad — not because they contain bad people, but because they are not accountable. When there are no consumers to please, producers please themselves; when there are no voters to worry about, civil servants arrange matters for their own benefit. Most British people can see this when talking about the EU, but we have a collective blind-spot when it comes to Nato.
» Ah yes, the EU. Now we come to the real reason why so many people are determined to cling to the Atlantic Alliance. For all its faults, Nato is seen as the only viable alternative to a European Army. This view, unquestioned in the British press, would be met with utter bewilderment in SHAPE, Nato's Belgian headquarters.
(...)
» Don't take my word for it; listen to Nato itself. As early as 1990, the Alliance declared: “The move within the European Community towards political union, including the development of a European identity in the domain of security, will contribute to Atlantic solidarity”.
» In every subsequent summit, Nato has reaffirmed its support for closer EU defence integration. And why not? The two organisations, after all, share the same supra-nationalist assumptions, the same belief that fonctionnaires know better than elected politicians.
» This may be your view, too. Perhaps you feel that Britain ought in principle to share sovereignty in defence matters. Or perhaps you believe we are not strong enough to act without allies (although, as the fourth military power in the world, it is hard to see how much stronger we would need to be). That is an honourable stance.
» What is harder to understand is the position of my fellow Euro-sceptics, who oppose a common European defence without seeming to realise that this is precisely what we now have. Michael Portillo famously declared that he did not want British soldiers to die for Brussels. Absolutely. Let's pull them out of Nato command. »
Nous compatissons à ces remarques désolées de deux hommes qui sont certainement sincères et entendent protéger la souveraineté britannique. Nous les jugeons pathétiques dans leur volonté de tenter d’éviter à tout prix d’aborder le vrai problème, — Jenkin en refusant de faire porter quelque responsabilité que ce soit aux Américains dans l’affaire qu’il dénonce, Hannan en évitant de nous dire que le roi est nu, c’est-à-dire que l’OTAN n’est pas une organisation multinationale comme les autres, mais qu’elle est un outil de manipulation des Américains, et que les Britanniques s’y soumettent parce que leur politique américaine les y oblige.
Dans les deux cas, c’est la politique américaine du Royaume-Uni qui est en cause, c’est elle qui sacrifie le bien essentiel et la marque fondamentale d’une nation, pour lesquels les Britanniques se disent prêts à mentir, à se battre, à résister jusqu’à la mort, — leur souveraineté nationale. Question redondante : combien de temps encore les Britanniques résisteront-ils à tant d’humiliations et de dommages infligés, indirectement de leur propre volonté, à ce qui leur est le plus cher ?