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1002Le point de sublimation du réel a été entrevu lorsque l’ancien ministre de la Justice de Gadhafi dans son rôle d’animateur d’une révolution libyenne a justifié benoîtement la fabrication de fausses informations pour étayer la thèse d’un régime honni par la peuple et à abattre à tout prix. La mise en scène et le tournage de fausses manifestations antigouvernementales sur la place Bab Al azizia de Tripoli dans les studios d’Al Jazeera à Doha sont des actes moraux, ils devaient hâter la chute du tyran.
La réalité est superfétatoire. La commune, à consommer, il ne faut pas s’en inquiéter ni enquêter pour la mettre au jour. Elle se fabrique tout au long d’images, de chiffres, de livres, films, légendes, statistiques dont on ne peut plus dire faussaires mais composées au gré d’impulsions et d’humeurs de cette fraction de 0,01% de l’humanité qui communique ses représentations hallucinées.
Les indicateurs économiques qui servent de fondement aux appréciations des ‘investisseurs’ et autres spéculateurs sont également de cette consistance du théâtre des ombres que fournit l’ingestion de champignons enthéogènes.
L’adoption d’une comptabilité créatrice qui considère un crédit avec espérance nulle pour son remboursement comme un titre et un fonds propre, lequel adosse d’autres emprunts rend difficile voire illusoire une appréciation, non pas objective, mais juste classique des entreprises financières ou non.
Le substrat des agences de notation est un réarrangement d’éléments manipulés, distordus, essorés de leur sens premier. Leurs avis, biaisés en outre par la croyance que leurs modèles de calcul sont des outils scientifiques et par le ménagement de susceptibilités politiques, sont capables malgré cet océan d’imprécisions et d’approximations avantageuses pour quelques spéculateurs de grever grandement les dettes publiques, le coût de leur service et la vie concrète de centaines de millions d’humains.
La falsification du Libor, index londonien qui reflète le taux auquel les principales banques se prêtent entre elles, s’accomplit en plein jour et avec l’aval des gouvernements occidentaux comme mesure de protection des économies nationales dont ils ont la charge. Tricher et mentir à cette échelle donc produire de la fiction est une vertu essentielle pour le capitalisme.
La création monétaire continue de la Federal Reserve pour alimenter les trésoreries des banques presque faillies et acheter de la dette fédérale procède de la vieille ambition des alchimistes, transformer du vil en bon aloi, enfin aboutie.
La réduction du budget du Pentagone est impensable, les risques de Dépression seraient majeurs, car encore une fois les dépenses militaires représentent plus de 40% du PIB étasunien. Un poste non négligeable de ces engagements financiers est représenté par les soins aux retraités de l’armée dont le nombre des mal en point quand ils ne se sont pas suicidés s’accroît inexorablement, traumatisés psychiques et authentiques impactés sur l’encéphale, près de 250 000.
Le plus haut gradé de l’armée étasunienne nous l’assure, les US(a) poursuivront leur présence en Afghanistan au-delà de 2014, ainsi d’autres encéphales seront blessés, ils nécessiteront d’autres IRM et d’autres soins et gonfleront le PIB.
Les taux de chômage délivrés par les gouvernements griment grossièrement la réalité d’une inoccupation de plus en plus importante des populations occidentales qui dépendent pour leur survie de l’obtention d’un salaire contre du travail ou encore d’aides sociales. Le travail est de plus en plus rare et les aides vont se rabougrissant au fur et à mesure que s’instaure l’austérité.
La France affiche un 10,5% qui doit être la façon pudique de cacher un bon 15-20% quand on comptabilise les temps partiels imposés, les contrats précaires de très courte durée et les différentes formations ou stages qui sortent leurs bénéficiaires de la liste des demandeurs d’emploi. La France continue de se désindustrialiser. En 2012, selon Trendeo, 266 sites industriels ont été fermés soit un progrès de 46% par rapport à 2011. Depuis 2009, 1087 usines ont fermé pour 703 d’ouvertes. Les nouvelles unités de production embauchent en moyenne 8,5 % moins d’employés que celles qui ont cessé leur activité.
Une certaine colère sociale est en train de monter contre les firmes qui licencient et un gouvernement qui ne peut ‘aider’ à renflouer les entités industrielles par empêchement européen. Les vrais syndicalistes soucieux de défendre les travailleurs qui les ont délégués rappellent au ministre de la police et des cultes qu’en cas de viol par le gouvernement des droits du peuple, l’insurrection est le plus sacré des droits et le plus impérieux des devoirs.
La violence qui consisterait à occuper des usines bientôt désertées n’est qu’une légitime défense.
Est-ce cette panique sur le plan social qui convergeant avec d’autres raisons, toutes mauvaises car de piètre fabrication, a décidé le chef des Armées à donner une petite impulsion au PIB français en allant au Mali ? Que ne faut-il invoquer pour infléchir cette courbe en pente raide des sans emploi salariés ?
Un roman est arrivé à point nommé, pas nouveau, certes non, il a goût du rance et du réchauffé.
Un ancien ministre, pas du tout sénescent quand il plaide pour le MEDEF, ressort un vieux machin, le devoir de civiliser. L’argument qui servait quand la France impériale envoyait ses troupes, ses anthropologues des Langues Orientales et ses missions de l’Institut Pasteur, mal conservé dans sa naphtaline, est avancé avec beaucoup de maladresse.
Les fonds souverains arabes représentent une part non négligeable de ce qui alimente les bourses mondiales. Les princes du pétrole sont ignorants mais d’un orgueil chatouilleux, sans doute l’unique trait de la civilisation dont ils assurent mal l’héritage qu’ils arborent encore comme relique.
Le gouvernement social-démocrate quand il passe commande à de telles plumes pour conformer l’opinion des lecteurs de l’imMonde devrait prendre quelque précaution.
Envelopper une intervention qui se terminera très vite dans un fiasco militaire et enfoncera plus encore la France dans l’impasse idéologique et stratégique dans un tel tissu d’imposture et d’arrogance est d’une négligence et d’une indigence insignes.
Badia Benjelloun
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