La perception s’enracine: les USA sont la première menace mondiale pour les Européens

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Qu’on médite ces deux chiffres de 2006, 15 ans après la fin du communisme. En moyenne, 2% des Européens considèrent que la Russie est une “menace pour la stabilité globale”; 30% des mêmes considèrent que les USA sont cette menace-là (largement en tête devant l’Iran). Cette révolution des profondeurs du jugement stratégique, politique et culturel est désormais installée en Europe.

Il s’agit d’un sondage dans cinq pays (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni). Certains chiffres sont impressionnants. Pour l’Espagne, 44% des gens voient les USA comme première menace, avec en deuxième position l’Iran (15%): pour le Royaume-Uni, c’est respectivement 36% et 19%. Ces deux pays mènent la charge des anti-américanistes en Europe. (Les deux mêmes n’expriment que 1% de jugements anti-russes.) Pour le Royaume-Uni, on peut prendre quelques minutes pour méditer sur l’“effet-Blair”. Sans l’actuel Premier ministre et sa politique, jamais l’hostilité anti-US n’atteindrait ce niveau.

Le présentation du sondage est faite, depuis hier, sur le site Angus Reid Global Scan.

Les pays jugés respectivement comme “Threat to Global Stability” sont les suivants (successivement: résultats allemand, espagnol, français, italien, britannique).

USA: 24%; 44%; 28%; 21%; 36%.

Iran: 24%; 15%; 24%; 31%; 19%.

Chine: 13%; 14%; 21%; 19%; 10%.

Irak: 18%; 15%; 10%; 13%; 12%.

Corée du Nord: 6%; 5%; 8%; 5%; 14%.

Russie: 4%; 1%; 2%; 1%; 1%.

Ce sondage n’est pas le premier du genre à donner ces résultats. Mais il accentue les tendances et tend à nous les faire percevoir comme structurelles. Désormais, on peut avancer que la perception des USA comme première menace du monde est un sentiment qui habite une forte majorité des jugements dans l’opinion publique européenne. C’est un fait d’un poids extraordinaire, malgré les discours du conformisme officiel. Il faudra le temps qu’il faut pour que ce développement se fasse sentir mais l'effet est inéluctable. La séparation antagoniste transatlantique est un fait acquis.


Mis en ligne le 6 septembre 2006 à 11H00