La politique de l'alignement en retard d'une guerre

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Dans certaines de ses applications les plus spécifiques et les plus caractéristiques, la “politique étrangère” de Sarkozy ne trouve, de plus en plus, sa juste définition que dans la caricature, caractérisée par l’humeur (du président) et l’art du contre-temps par conséquent. Des sources diplomatiques (indirectement proches du Quai d’Orsay) nous donnent des indications à ce sujet.

@PAYANT Ces sources indiquent que le décalage de la politique extérieure française est particulièrement évident avec l’Iran. Aujourd’hui, on peut considérer que le président français est le plus acharné partisan d’une action vigoureuse contre l’Iran, selon une conception héritée de la politique étrangère US des années 2005-2008, – mais les temps changent... «Actuellement, disent ces sources, nous sommes bombardés de pressions et d’interventions de l’administration Obama pour participer à un effort de… reprise du dialogue avec les Iraniens. C’est le monde renversé! Le ministère français est obligé de repousser ces demandes à cause de la position radicale du président, soutenu par son ministre des affaires étrangères. Les Britanniques, également, sont beaucoup plus modérés que les Français»

On peut bien entendu épiloguer selon les nombreuses théories en vogue sur les raisons cachées de la “diplomatie” de Sarkozy, mais notre conviction est plutôt qu’il faut aller du côté de la psychologie d’un personnage par ailleurs complètement déstabilisé par ses divers échecs, aussi bien dans sa situation intérieure que dans sa politique extérieure, ce qui laisse la place aux obsessions et aux humeurs en même temps qu’aux influences irresponsables. Ainsi cette position française est-elle moins le résultat d’un calcul, même si elle entre dans le cadre d’une vue très américano-atlantiste de la question, que d’un entêtement du président français. Par rapport à l’enjeu politique, des facteurs incroyablement futiles, – même s’ils sont malheureux, – tiennent une place importante dans cette position. C’est aussi, bien entendu, le cas de Kouchner, toujours présent lorsqu'il s'agit de futilité. «La question de la lapidation de l’Iranienne Sakineh joue actuellement un rôle très important dans cette politique. Si cette affaire était résolue heureusement, on peut être sûr que Kouchner pourrait changer radicalement de position vis-à-vis de l’Iran..»

Cette faiblesse extraordinaire des structures de l’action diplomatique française est caractéristique d’une position marquée effectivement, du côté du couple Sarko-Kouchner, par une absence complète de caractère, laquelle engendre une complète incompréhension de la substance de la politique extérieure. Ainsi pourrait-on dire que la France a plus une “non-politique” étrangère qu’une politique “alignée” (sur les USA, bien entendu), puisque, justement, elle n’est pas “alignée” sur Washington dans l’occurrence présente, dans la crise iranienne. Dans son contenu, la politique française est surannée, obsolète, vaguement inspirée d’une mystique neocon qui continue à nourrir les réflexions des intellectuels des beaux quartiers, du “parti des salonards” relayé par l’épouse de Sarkozy qui fait partie de ces “influences irresponsables” ; le “parti des salonards” est en retard d’une inspiration comme la politique de Sarko est en retard d’une allégeance, – comme on est en retard d’une guerre, dans l'un et l'autre cas.

La politique française à l’OTAN est également définie comme catastrophique. La France n’a, du point de vue de la politique et hormis des satisfactions de bivouac des militaires pour des commandements qui ont aujourd’hui autant d’utilité que les gros bataillons sophistiqués engagés dans des guerres incompréhensibles, aucun avantage dans cette aventure. Au contraire, sa nouvelle position dans l’OTAN lui a fait perdre sa stature originale, qui était de servir de relais autant que d’expression pour les positions et les situations marginales et contestataires d’une part, pour les positions et les situations de coordination et de coopération avec l’extérieur d’autre part, dans des organisations dont la position est caractérisées et définie par rapport aux normes du système américaniste-occidentaliste. Il se trouve qu’aujourd’hui ce type de “positions et de situations ” domine, et la France est absente, volontairement annihilée et anesthésiée. «Par tradition et par position structurelle, c’est la France qui devrait exprimer et polariser les réflexions et les positions critiques concernant l’Afghanistan, ou concernant les relations entre l’UE et l’OTAN, etc. Avec sa nouvelle positon dans l’OTAN, elle ne le peut plus et, curieusement, on pourrait croire que certains pays pensent “la France nous manque”, c’est-à-dire la France d’avant Sarkozy…» (On pourrait observer que c'est également le cas dans la crise iranienne, bien sûr.)

Nos sources jugent qu’il existe désormais un courant d’un réel mécontentement, d’une réelle insatisfaction et d’une réelle inquiétude dans l’appareil diplomatique français à l’égard, ou à l’encontre de la politique conduite par Sarkozy. Le sentiment que nous avons est que ce sentiment porte au moins autant sur la forme et sur la structure de cette politique, sur le contenu de son impulsion psychologique et politique (ou son absence de contenu…), que sur les choix de cette politique.


Mis en ligne le 13 septembre 2010 à 09H44