La politique de Lockheed Martin?

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Les réactions américaines aux ventes d’armes (russes puis espagnoles) au Venezuela de Chavez ont été extrêmes, frisant parfois le ridicule à force d’être excessives (comme à propos de la vente de 100.000 Kalachnikov AK-47 par la Russie). Elles ne sont accompagnées, bien entendu, d’aucune restriction du côté américain, notamment dans l’aide militaire à la Colombie, voisin du Venezuela avec un régime proche de Washington et parfois hostile à Chavez.

Cette attention portée aux armements a une raison militaro-commerciale bureaucratique très précise: la présence de Otto Reich dans l’administration GW Bush jusqu’en novembre dernier, et le maintien de contacts serrés avec l’administration depuis que Reich est retourné au secteur privé (reprise de son activité de lobbyist, temporairement interrompue en 2001-2002 lorsqu’il entra dans l’administration, venu de sa société de lobbying RMA). Avant de venir au département d’État, Reich avait représenté Lockheed Martin avec RMA. C’est lui qui, en 2001-2002, après avoir fait lever l’embargo des armes US à destination de l’Amérique Latine, avait mené la vente de douze F-16 au Chili. Reich était passé directement de Lockheed Martin au département d’État sans changer d’emploi. Il apparaît que, revenu au secteur privé, il continue ce même travail en coordination directe avec l’administration.

A cet égard, les achats d’armes non-US de Chavez sont très dangereux, selon Lockheed Martin et ses représentants en dehors et dans l’administration. Il y a déjà eu, bien sûr, des achats d’armes non-US en Amérique Latine mais le danger, ici, est que cet achat est directement connecté à une politique anti-US (celle de Chavez) de très grande ambition, avec une volonté d’influence continentale et peut-être même globale. Une source industrielle européenne observe que « la grande crainte de Washington est que l’argument de l’indépendance politique de Washington devienne le principal argument de commande d’armes non-US ».


Mis en ligne le 9 avril 2005 à 11H15