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1642La chose commence à être assez habituelle, voire rituelle, pour qu’on puisse parler d’une “politique de communication” de l’administration Obama. Il s’agit de reconnaître la responsabilité US ou in fine ou explicitement de présenter les excuses des USA, soit à un pays, soit à une région, soi au reste du monde pour une attitude ou une politique fautive des USA.
• Il y a eu, le 25 mars 2009, la reconnaissance par Hillary Clinton de la responsabilité US dans la crise de “la guerre des cartels de la drogue” au Mexique (et aux USA).
• Il y a eu, le 4 avril 2009, la reconnaissance par Obama que les USA ont eu une “attitude arrogante” vis-à-vis de l’Europe.
• Il y a désormais, ce 27 avril 2009, la présentation des excuses des USA par Hillary Clinton, devant la conférence sur la crise du changement climatique, à Copenhague. Cette fois, les excuses concernent la responsabilité des USA dans les émissions de pollution et la faiblesse de la lutte US contre cette situation. (Dans ce cas, la responsabilité est éventuellement étendue au monde développé, qui tient évidemment le plus grand rôle dans le cas de l’émission de la pollution.)
«The Obama administration issued a mea culpa today on America's role in causing climate change, in a move to get the major economies working together on a global warming treaty. The admission by Hillary Clinton at a two-day meeting of the world's biggest polluters was intended to ease some of the obstacles towards a deal at UN talks in Copenhagen in December. She placed the gathering of officials from 17 countries, the European Union and the United Nations on a par with the G20 meeting on the economic crisis earlier this month.
»Clinton addressed the complaints of developing countries such as India and China that America and the EU, by demanding binding emissions cuts, want to saddle them with the burden of climate change; they argue they did not cause the problem and must prioritise growth. She said the US recognised industrialised countries bore a responsibility: “Some countries like mine are responsible for past emissions.” She wanted China and India to grow their economies: “We want people to have a higher standard of living”"
»Obama had broken with eight years of denial under George Bush, Clinton said. “The United States is fully engaged and ready to lead and determined to make up for lost time both at home and abroad … the US is no longer absent without leave.” She saw climate change as the gravest problem facing the international community: “The facts on the ground are outstripping the worst case scenario models.”»
Cette reconnaissance de la responsabilité US dans la crise climatique a une double importance. D’abord, effectivement, parce qu’elle confirme ce qu’on doit nommer une “politique de communication” destinée à restaurer l’image des USA dans le monde, en reconnaissant, – dans une mesure tout de même contrôlée, certes, – les fautes et les excès, ou certaines fautes et certains excès de ces mêmes USA. L’effet sur le reste du monde reste à voir puisqu’il peut être d’alimenter encore plus la critique du rôle des USA et d’exiger une politique beaucoup moins agressive de la part des USA, autant qu’effectivement de “restaurer l’image des USA”; on pourrait dire, bien sûr, que les deux sont liées, que l’image des USA ne sera restaurée que si une modification de politique suit ces déclarations. Sur le plan intérieur, par contre, cette “politique des excuses” doit aggraver encore plus la vigueur de l’opposition à Obama, de la part de la droite dure et des populations US qui sont attachées à l’image de l’“exceptionnalité” des USA et ne supporte pas que les USA “présentent leurs excuses”, et de quoi d’ailleurs, etc..
Pour le cas lui-même de la crise climatique, les déclarations d’Hillary Clinton devraient effectivement apporter une dramatisation de la perception de cette crise et de son urgence. Il est intéressant d’observer que cette dramatisation intervient au cœur de la crise économique et financière, que la crise climatique est placée sur le même niveau d’urgence et de dangerosité que cette crise économique, alors que la lutte contre la crise économique se traduit par la recherche d’une relance de l’activité économique qui implique évidemment un renforcement des conditions qui aggravent la crise climatique. Cette contradiction n’est pas nouvelle puisqu’elle tient au système lui-même, qui suit un type de développement qui est fondamentalement déstructurant et, dans ce cas, destructeur des conditions stables de l’environnement. La déstructuration s’exerce aussi bien contre les conditions naturelles que contre les diverses situations de civilisation, les structures souveraines des nations, les structures culturelles et sociales, etc.
De ce point de vue, les “excuses US” de Copenhague complètent en les élargissant, notamment, les “excuses” de Clinton pour le rôle US dans la crise mexicaine (consommation de drogue et vente d’armes). Dans ce cas également, il s’agit, de la part du fonctionnement du système US, d’une action de déstructuration conduisant à l’instabilité et à la destruction de certaines normes de la vie sociale. Ces constats divers font de cette “politique de communication” de l’administration Obama bien plus qu’une simple offensive dans ce domaine (la communication est souvent assimilée à de la propagande). Ils contribuent à faire prendre conscience, certes du rôle des USA, mais, surtout, du caractère déstructurant du système américaniste et occidental.
Mis en ligne le 28 avril 2009 à 10H33
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