La position de la France dans la “nouvelle Europe”

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Avec la nomination des deux nouveaux “dirigeants européens” et compte tenu de leurs personnalités effacées (voir notre F&C de ce 21 novembre 2009), les organisations qui vont les “seconder” vont jouer un rôle considérable. Cette remarque vaut essentiellement, dans la pratique, pour la baronne Ashton, Haut(e) Représentant(e) chargée du “service (diplomatique) commun” et de la PESD (politique européenne extérieure, de sécurité et de défense). D’importants développements et de nouveaux arrangements sont prévisibles avec cette nomination d’une Britannique, par rapport à ce qui était d’abord envisagé.

@PAYANT Le fait de la nomination d’une Britannique va entraîner très probablement l’effacement de Robert Cooper de la position de chef d’un des adjoints du Haut Représentant qu’il devait occuper, estime une source européenne. «Cooper étant lui-même Britannique, il est extrêmement probable qu’il n’occupera pas le poste qu’il aurait dû occuper. C’est une question d’équilibre des nationalités, alors que le Haut Représentant est de nationalité britannique.» C’est un point très important, dans la mesure où Cooper est un homme idéologiquement très marqué, qu’on peut identifier comme une sorte de “néo-conservateur” européen, que son poids et son influence sont considérables. Son absence au sommet de la hiérarchie bureaucratique devrait atténuer considérablement l'aspect activiste qu'on avait d'abord identifié pour la future activité de politique extérieure (plutôt que “politique extérieure” tout court) de l'UE.

Un deuxième point important est le rattachement des services chargés des questions de défense à la nouvelle Haute Représentante. «Il y a eu une très longue bataille à ce propos, note notre source, les Français luttant contre le rattachement. Finalement, les Français ont cédé, mais en obtenant des concessions importantes qui donnent à ces services une certaine autonomie et une position assez cloisonnée par rapport au reste.» Le résultat est que les services européens de défense vont avoir une position hybride qui les mettra beaucoup plus sous l’influence des Etats que le reste.

Plus encore, pour la France, c’est la Française Claude-France Arnould, Directrice Général chargé des questions de défense au secrétariat général de l’UE, qui devrait prendre en charge ce service. Arnould serait ainsi de facto une des trois adjoints du nouveau Haut Représentant et, certainement, la plus autonome. Interrogeant notre source, nous avons pu obtenir cette évaluation: «Effectivement, à cause de la situation autonome de ses services par rapport au reste, on pourrait considérer qu’Arnould aura une position qu’on pourrait comparer, en quelque sorte, à celle d’un ministre de la défense de l’Union européenne. Cela pourrait s’avérer une position importante à l’avantage de la France, d’autant plus bien sûr en raison de sa position plus proche des Etats-Membres que ses collègues, et donc de la France pour un domaine où ce pays joue un rôle principal.»

A cette lumière, on peut considérer que la France obtient une position intéressante. D’une part, la nouvelle organisation n’exerce que des contraintes assez lâches sur les Etats-membres à cause de la faible personnalités des deux nouveaux “dirigeants européens” et de la diffusion des pouvoirs que cela implique. D’autre part la France obtient un poste qui pourrait s'avérer important avec Arnould, complété par la nomination du Français de Boissieu à la tête du secrétariat général qui subsiste, en remplacement de Solana. (En théorie, Solana est remplacé par Ashton, mais en réalité, le poste d’Ashton étant nouvellement créé, le départ de Solana libère la direction du secrétariat général qui revient à de Boissieu.)


Mis en ligne le 21 novembre 2009 à 13H06

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