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4245La Douma russe ayant terminé leur examen et accepté les articles pour la réforme constitutionnelle (avec référendum pour son adoption) proposée par Poutine, le président russe est venu faire son discours devant l’assemblée. Selon le texte de RT.com repris ci-dessous, ce discours « a semblé être l’un de ses plus sincères ». Quoi qu’il en soit et quoi qu’on pense des appréciations de RT, – et l’on en pense beaucoup, dans nos contrées, – il est évident que Poutine et le monde politique russe accordent une grande importance à cette réforme.
Mais tout cela n’est rien à côté de l’annonce de la possibilité que Poutine puisse être réélu président en 2024, ce qui a été évoqué publiquement et officiellement par la Douma et par Poutine lui-même. Tous les détails de cette nouvelle d’une importance indubitable sont exposés dans le susdit texte ci-dessous, ainsi que les premiers commentaires d’analystes russes. Il ne fait aucun doute que cette annonce va déclencher des cataractes colorées de commentaires dont la fureur, sinon la haine la plus purement démocratique, ne seront nullement absentes.
Quoi qu’il en soit (suite puisque la caravane passe tandis qu’aboient les chiens), il s’agit d’une possibilité d’une extrême importance, – puisque possibilité il y a de cette réélection de 2024, mais aucune décision, ni même aucune voie légale pour l’instant (il faut attendre le résultat du référendum, la mise en place de la réforme et l’avis de la Cour constitutionnelle). Elle mérite des commentaires plus développés, sur lesquels nous reviendrons à la lumière de nos précédentes interventions, du 19 février 2020 et du 9 mars 2020.
Pour le contexte, il ne fait aucun doute là aussi que cette possibilité d’un “Poutine pour l’après-Poutine” va nous permettre d’assister à une vague renouvelée d’antirussisme, avec les manœuvres et les initiatives habituelles dans les milieux belliciste et idéologiques des salons des capitales rancies du bloc-BAO. Bien entendu, comme le dit un des commentateurs ci-dessous (Badovski), c’est le meilleur moyen à la disposition du susdit bloc-BAO pour favoriser effectivement une réponse positive sinon empressée au projet de la prolongation de Poutine à la présidence, et de faire de l’“après-Poutine” un Poutine-II ou même un Poutine-III si l’on sépare ses premiers mandats entre les deux périodes 2000-2008 et 2012-2024 ; ou comment faire bon usage de “l’épée de Damoclès” puisque c’est effectivement ce qu’est pour les fins stratèges et les esprits éclairés des salons-BAO la prolongation du long cauchemar poutinesque, – et l’on peut leur faire confiance pour agir et réagir dans ce sens.
Ci-dessous, le texte de commentaire de RT.com du 10 mars 2020 en soirée. (Le titre complet est « “Western ideologists will go crazy” : Putin leaves door open to run for president again ».)
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Le discours de Poutine devant le Parlement russe mardi a semblé être l'un de ses plus sincères : il a fait valoir qu'un leadership stable est bon pour un pays en période de turbulences, mais cela signifie-t-il que nous le verrons vraiment au pouvoir au-delà de 2024 ?
Poutine a déclaré mardi qu'il cherchera à obtenir un nouveau mandat lorsque son mandat actuel sera terminé « seulement s'il est approuvé par la Cour constitutionnelle et si les citoyens soutiennent une telle proposition » lorsqu'ils voteront pour les amendements constitutionnels le 22 avril.
Il a abordé la question lors d'un discours au Parlement après que la députée et première femme dans l'espace, Valentina Tereshkova, ait demandé que le mandat de Poutine soit réinitialisé afin qu'il puisse être éligible à deux autres mandats avant d'être soumis aux nouvelles restrictions, prévues par les amendements.
Les modifications apportées à la loi principale de la Russie comprennent, entre autres, la redistribution de certains pouvoirs du président au parlement, l'interdiction pour les fonctionnaires de l'État d'avoir une nationalité étrangère et la fixation du salaire minimum au-dessus du coût de la vie de base.
Poutine en est actuellement à son quatrième mandat de président russe, mais il n'a pas contourné les règles de la constitution pour le faire. Il a d'abord été chef de l'État entre 2000 et 2008 avant de passer au poste de Premier ministre pour les quatre années suivantes. Il s'est ensuite de nouveau présenté avec succès à la présidence en 2012 et est resté à ce poste depuis.
En vertu de la Constitution russe actuelle, le président est limité à deux mandats consécutifs, – et la question de savoir si Poutine briguera un autre mandat intéresse fortement les analystes politiques russes et étrangers depuis des années. Nombreux sont ceux, en Russie et à l'étranger, qui ont catalogué son règne comme un « régime personnel » et qui voudraient le voir partir, mais beaucoup d’autres le considèrent comme « le meilleur parmi les dirigeants mondiaux actuels » et demandent son maintien au pouvoir.
« C'est une polémique très délicate pour nos partenaires occidentaux », a déclaré Aleksey Moukhine, le directeur du Centre d'information politique, commentant les propos de Poutine sur la possibilité de se représenter en 2024. L'annonce même des amendements constitutionnels prévus au début de cette année a provoqué une frénésie dans les médias grand public. Elle a été rapidement interprétée comme une tentative de Poutine de conserver sa mainmise sur le pouvoir.
Moukhine a rappelé que le président a déclaré à de nombreuses reprises qu'il ne se présenterait pas en 2024, mais « il a laissé une telle opportunité ouverte pour lui-même afin que nos partenaires occidentaux restent dans l’incertitude ».
« C'est un geste très habile, il provoquera [à l’Ouest] une forte réaction négative qui sera cependant absolument vaine. »
Beaucoup d'Occidentaux seraient bien sûr furieux si Poutine restait en fonction après 2024, malgré le fait que ce geste contribuera à la stabilisation de la situation sur la scène internationale, a suggéré l'analyste politique Dimitri Babich.
« Poutine est cohérent. Ce qu'il va faire est clair. Si vous regardez de près, – toutes ses initiatives de fermeté de ces dernières années n'étaient que des réponses à des initiatives encore plus dures de l'Occident... Il n’y a pas eu de situation de crise créée par Moscou », a déclaré Babich.
La réunification de la Crimée avec Moscou a été une réaction au coup d’État en Ukraine en 2014 et n’aurait pas eu lieu sans cela. Quant au déploiement des forces russes en Syrie, il n'a eu lieu qu'en 2015 alors que l'Occident soutenait les militants anti-gouvernementaux dans ce pays depuis quatre ans, a-t-il dit.
M. Babich a souligné que la Russie avait à la fois des amis et des ennemis en Occident et « nous ne parlons pas de certains pays avec certains partis politiques, – la frontière se situe entre les pragmatiques et les idéologues… »
Les pragmatiques ont bien compris que la Russie n'a pas l'intention de détruire l'Occident et ils travaillent étroitement pour rétablir les relations, ce qu'ils souhaitent autant que Moscou.
Mais « les idéologues occidentauxdeviendront fous de fureur » si Poutine est réélu parce qu'ils « voient la Russie comme un État réactionnaire et un ennemi potentiel », qui rejette la société à vocation féministe et écologiste qu'ils sont en train de construire à l'Ouest, a déclaré M. Babich.
Cependant, même ces idéologues pourraient commencer à envisager de rechercher des compromis s’ils réalisent que Poutine est là pour rester et qu’ils ne pourront pas par conséquent « briser la Russie dans les années à venir ».
Le directeur de l'Institut d'études socio-économiques et politiques de Moscou, Dimitri Badovski, a précisé que le vote du 22 avril ne visait pas en fait à prolonger le mandat présidentiel de Poutine, mais seulement à modifier la constitution.
Poutine se présentant à nouveau aux élections, ce n’est qu’une perspective lointaine [2024]. « Le fait qu'il réalise l'opportunité d'être à nouveau élu dépend de nombreuses choses, notamment de la situation dans le pays, de l'évolution de la situation internationale et de ses aspirations personnelles ».
Mais Badovski a averti les critiques de Poutine à l'Ouest qu'ils pourraient eux-mêmes promouvoir contre leur gré son nouveau mandat par leurs politiques agressives. Une telle attitude ne ferait qu'augmenter la demande d'un dirigeant fort dans la société russe.