La poussée britannique autour de Ashton

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Les échos ne cessent de se confirmer d’une poussée bureaucratique colossale des Britanniques dans l’appareil qui est mis en place autour de la Haute Représentante, la baronne Ashton. Ces appréciations poursuivent et complètent en quelque sorte celles que nous donnions hier, le 23 décembre 2009, sur la même baronne Ashton.

@PAYANT Des indications venues des milieux français proches des institutions européennes indiquent que les Français estiment avoir été “battus” dans le processus d’installation des structures autour de la baronne Ashton, dans tout ce qui représente la mise en place de l’énorme bureaucratie européenne de politique extérieure et de bureaucratie. «Les Français sont furieux, nous indique une source européenne, de l’action des Britanniques, conduite sans le moindre scrupule et avec le plus complet cynisme, et également, on s’en doute, d'une façon très efficace. Il se pourrait bien, d’ailleurs, que cette mauvaise humeur se manifeste officiellement.» Mais le constat ne doit pas s’arrêter là, sûrement pas à une concurrence franco-anglaise. Notre source poursuit: «Mais ils [les Français] ne sont pas les seuls. Cette réaction de rancœur et de colère est partagée par d’autres pays de l’UE. On a un peu l’impression que, cette fois, les Anglais en ont fait vraiment trop, que tout le monde commence à en avoir assez.»

Le paradoxe est que, du côté britannique, la perception est qu’il s’agit d’abord d’une poussée presque de contre-attaque. Les Britanniques ont été fortement secoués par la nomination de Barnier à la Commission sur les matières financières et de régulation des marchés, et que les Français se sont ainsi acquis des pouvoirs exorbitants, tout cela dramatisé par la passe d’armes Sarko-la City. De leur point de vue, leur offensive autour d’Ashton est d’abord une riposte. Mais cette vision est loin d’être partagée, comme on l’a vu, et demeure l’évaluation décrite plus haut de réactions très défavorables devant le comportement britannique.

Ce n’est pas la première fois qu’on observe de telles réactions devant le comportement britannique, qui a toujours été semblable au sein des institutions européennes. Mais cette fois, le moment est extrêmement important parce que de nouvelles forces se mettent en place et que les différents nouveaux postes dirigeants vont ainsi marquer leurs territoires. D’autre part, l’effondrement britannique avec la crise du 15 septembre 2008, cette crise elle-même déclenchée à partir de pratiques dont les Britanniques sont les promoteurs, rend d’autant plus difficile à accepter cet “impérialisme bureaucratique”.

Plus que jamais, nous confirmons notre analyse d’hier, où nous mettions en évidence le poids potentiel de Van Rompuy. S’il y a une riposte à l’“entrisme” britannique, elle se fera en recherchant un renforcement du poids du nouveau président de l’UE, qui dispose en théorie de forces bureaucratiques très réduites à sa disposition. S’il y a une “riposte Van Rompuy”, elle devra se faire autour du personnage, qui a devant lui la possibilité de jouer un rôle de “sage”, défendant fermement une spécificité européenne contre les manœuvres bureaucratiques. S’il joue ce jeu, Van Rompuy aura des soutiens dans les Etats membres.

…Ce qui permet de conclure, en passant, que l’Europe post-Lisbonne, soi-disant acte de la mise en place de la “vraie” Europe, conduit surtout à élargir notablement le champ de la bataille entre les différentes forces antagonistes caractérisant cette Europe. En un mot, le contraire de l'Europe dont ils disent poursuivre l'accomplissement.


Mis en ligne le 24 décembre 2009 à 08H21