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1108Dans son excellent blog sur le désastre américain, Michael Snyder souligne les désastres urbains de Chicago et Baltimore ; il décrit une explosion de la violence, une décrépitude des infrastructures, un état de faillite, bref une crise digne du film de Lynch Eraserhead, qui métaphoriquement montrait l’écroulement de Philadelphie sous la désastreuse administration Johnson, et la monstruosité transhumaine qui en découlait par nécessité.
L’écroulement américain j’en ai déjà parlé. Il est physique et non virtuel bien sûr. On arrive à cet épisode d’Astérix où le lion obèse a bouffé tout le monde dans l’arène. La finance et le crédit (il a remplacé le credo, disait Marx) ont phagocyté le pays, et les villes en crise se vident les unes après les autres. Il y a celles qui se vident à cause de la crise, du déclin, de la désindustrialisation, et celles qui se vident à cause de leur luxe et de leur prix extravagant (j’en ai parlé à propos de New York, qui a perdu un million d’habitants). Le délire devient tel que l’on peut même parler d’une prolétarisation des milliardaires. Pour huit millions de dollars à Manhattan, t’as plus rien.
Beaucoup cherchent refuge hors des villes, ceux qui en ont au moins les moyens. Lisez Kunstler ou Jared Diamond. Moi je viens de décrire la survie en Patagonie, car la France de l’autre oligarque ne me rassure guère non plus, même si je n’y vis pas.
On est dans l’autre côté (Kubin) : il y a les condominiums de luxe, la vie en jet, les villes hors du temps et de l’espace, sortis d’un cauchemar brésilien, d’un fantasme romain. Pensez à ces villes chinoises où on ne voit plus la lumière. Le créateur du cyberspace William Gibson avait parlé d’une dystopie pour son beau pays – et c’était dans les années 90… Rappelons que l’on projette de construire un Zombi Park à Détroit, deux générations après le film prophétique de Romero.
Mais tout cela n’est plus très important, et les médias s’en foutent. Ce qui est important c’est la prochaine élection people qui remplacera le honni président people de la droite dure américaine. Et Snyder nous a donné à la liste : la Michelle Obama, The Rock (talentueux acteur qui palpe soixante millions par an, soit moins que Ronaldo) et même Zuckerberg.
Le programme de Zuckerberg ? Ne demandez pas le programme, il n’y a plus de programme, on est en mode postmoderne. C’est la bande de Gaza (indignez-vous !) masquée par le bandeau info.
On a d’un côté une réalité horrible faite de dettes, de laideur, de violence, d’obésité, de bêtise, de fausse vie, et de l’autre la matrice, le rêve, la richesse, le people et le leurre.
C’est du général Platon :
« Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu'ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête; la lumière leur vient d'un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. »
Zuckerberg se fera-t-il élire en un clic, par les deux milliards de connectés Facebook ? Président des USA, mais pourquoi pas directement du monde ?
Jamais en tout cas un système n’a eu une telle possibilité industrielle (au sens de Charles Perrault) de nous aliéner planétairement à ce point ; et ce n’est pas de la littérature.
Bonnal – La bataille des champs patagoniques (roman d’aventures) ; internet et les secrets de la mondialisation (Amazon.fr)
Jared Diamond – Guns, germs and steel
Platon – la République, VII, 514b
Dick – The Eye of the Sibyl
Kunstler – The long emergency
Perrault – le chat botté ; le Riquet à la houppe
Michael Snyder – Theeconomiccollapse.blog.com