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12 novembre 2003 — La décision de Georges Soros, investisseur d’origine hongroise et étoile classique depuis une quinzaine d’années du monde internationale de la finance et de l’investissement, d’entrer en guerre contre la réélection de GW Bush ouvre une nouvelle période dans l’histoire de l’Amérique. Soros ne sera d’ailleurs pas seul dans cet effort, il s’associe à Peter Lewis, milliardaire et propriétaire de compagnies d’assurance.
Soros a déjà entrepris divers actions, dont la publication d’un livre, The Buble of the American Supremacy. Ses attaques contre GW et la politique américaine sont d’une violence extrême puisque, chez lui, l’assimilation de l’administration GW Bush aux Nazis est chose courante. (Soros est d’origine hongrois mais il est naturalisé américain depuis quelques années.)
« In the book, [Soros argues] that the US is doing itself immeasurable harm by its heavy-handed role in the world. “The dominant position the United States occupies in the world is the element of reality that is being distorted,” he writes, according to an excerpt to be published in next month's Atlantic Monthly magazine. “The proposition that the United States will be better off if it uses its position to impose its values and interests everywhere is the misconception. It is exactly by not abusing its power that America attained its current position.”
» The Bush administration's “war on terrorism” cannot be won, he argues, but is instead ushering in “a permanent state of war”. He uses the emotive terms like “supremacist ideology” deliberately, saying that some of the rhetoric coming from the White House reminds him of his childhood in Nazi-occupied Hungary.
» “When I hear Bush say, ‘You're either with us or against us,’ it reminds me of the Germans,” he said in yesterday's interview. “My experiences under Nazi and Soviet rule have sensitised me.” »
L’intrusion du milliardaire Soros constitue un élément nouveau d’importance dans la vie politique américaine. Spéculateur (ou “investisseur” en langue chic) international, Américain par simple accident et prise en compte d’intérêts classiques, Soros reste marqué par un internationalisme appuyé et son origine d’Europe centrale. Son intervention dans la vie politique américaine est celle d’un homme hors de la sphère washingtonienne, une intervention “du dehors” si l’on veut.
D’autre part, il s’agit évidemment d’un événement exceptionnel par son caractère privé. Une fortune privé (deux avec l’autre milliardaire Lewis) jette un défi au président américain en lui affirmant qu’il ne sera pas réélu, grâce à une action médiatique diverse (TV, radio, journaux, etc). C’est une étrange “privatisation” du domaine politique le plus haut. Le parti républicain a l’impudence de jeter les hauts cris, en dénonçant l’intervention de l’argent, au motif hypocrite que les deux milliardaires ne sont pas soumis aux règles des limites des donations. Les républicains ont montré, avec l’administration GW Bush, l’ampleur de leur corruption par le Big Business et leurs critiques sont nécessairement liées à cette contradiction. Elles n’ont ainsi pas la moindre consistance.
« [Soros’] remarks have infuriated the Republican party, which has accused him of promoting his interests with the steady flow of money to like-minded institutions, and avoiding federal limits on donations to political parties — an allegation which Democrats consistently level at big business for its links with the Republicans.
» “George Soros has purchased the Democratic party,” said Christine Iverson, a Republican national committee spokeswoman. »
Dans le cas Soros, il y a deux choses : la critique de l’administration GW Bush, qui est une chose classique aujourd’hui, quoique dite dans des termes extraordinairement radicaux. La seconde est beaucoup plus intéressante. C’est l’intervention désormais massive et sans le moindre contrôle de forces internationales et de forces privées dans le processus électoral américain. (Cela rejoint en un sens les remarques que nous faisions hier sur les démocrates se référant à l’ONU, à l’OTAN et à l’Europe.) La fonction présidentielle et le processus politique lui-même en sont complètement dévalorisés. Mais à qui la faute ? Au monde politique US dans son entièreté, — mais avec les républicains qui ne le cèdent à personne, eux qui, depuis Reagan, n’ont cessé de “privatiser” la vie politique américaine, la soumettant aux forces de l’argent, nationales ou internationales. L’archétype de cette situation, c’est l’administration Bush bien plus que l’intervention de Soros.