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5267• Quelques réflexions utiles (?) après la téléconférence Poutine-Biden de mardi après-midi. • On s’est parlé, on a été assez poli, on a dit qu’on se parlerait à nouveau, on a même dit qu’il était beau le temps où USA et Russie (URSS) étaient bons et braves alliés contre le monstre commun (1941-1945). • Sur l’Ukraine, épineuse question de nos temps-devenus-fous, on tombe d’accord pour n’être d’accord sur rien, toujours aussi poliment. • Le simulacre perdure, et également les arguments qui rebondissent comme une balle de tennis sur un mur de granit, sans qu’aucune oreiller n’en saisisse le sens. • Le simulacre, c’est la menace imminente d’une “invasion” qui n’existe nulle part dans les plans de celui qui est jugé coupable avant que rien n’ait eu lieu. • Du côté du simulacre, on s’en fiche, parce qu’on pense à autre chose. • Cet “autre chose”, c’est la désintégration intérieure affectant divers pays du bloc-BAO, USA en premier. • Aujourd’hui, la politique extérieure est inexistante, sauf accident, et toute la tension de notre Grande Crise est affectée à l’effondrement interne d’une civilisation.
9 décembre 2021 – Est-il vraiment utile de s’attarder à ce que se sont dit et ne se sont pas dit Biden et Poutine en téléconférence mardi après-midi, pendant deux heures trente ? Question posée, réponse évidente... Poutine était seul à sa table pour ce sommet “à deux”, comme d’habitude maître de son sujet. Son interlocuteur était solidement encadré par trois très-hauts fonctionnaires, dont son secrétaire d’État et son conseiller spécial pour les questions de sécurité nationale (le directeur du National Security Council qui exprime la politique du président). On comprend que Biden était affectueusement secondé par trois “souffleurs” au chuchotement qui porte, éventuellement rédigeant l’une ou l’autre petite note hors caméra.
Cette répartition est une simple et symbolique indication de l’état de la politique étrangère au plus haut niveau du sommet aujourd’hui. Il n’y a rien de sérieux à en attendre même si les affaires traitées sont diablement sérieuses, mais surtout pour le désordre et le simulacre qui les caractérisent. Les Russes continuent à faire “comme si” (tout était normal) ; le côté US n’y prétend même plus, avec un président dans l’état où on le voit, qui n’est après tout pas complètement de sa responsabilité, et l’impossibilité de trouver une autre combinaison tant l’absence totale de personnalités acceptables est la marque du naufrage des restes de la civilisation (on parle de l’occidentale, alias bloc-BAO).
C’est pourquoi l’on est conduit à montrer une assez grande perplexité devant ceux qui voient éventuellement dans cette sorte de rencontre une possibilité quelconque d’un avancement, notamment pour la Russie. Les interrogations prospectives d’un Saker-US à cet égard, notamment en marge de la conférence, nous paraissent un peu trop audacieuses dans l’optimisme, même si elles répondent à une logique.
Pour dire notre sentiment quoiqu’avec quelques réserves, nous nous tournons vers la plume de Pépé Escobar, dans la partie conclusive de son texte sur la téléconférence Poutine-Biden (principalement sur Asia Times, mais aussi chez le même Saker-US, comme sur ZeroHedge.com).
« Il est vain d'espérer qu’une conversation en vidéo-conférence produise des résultats pratiques. Alors que l’OTAN reste embourbée dans des crises concentriques, le niveau actuel de tension élevée entre l’OTAN et la Russie est un cadeau du ciel pour maintenir la narrative commode d’une menace slave extérieure. C’est également un bonus supplémentaire pour le complexe militaro-industriel, les services de renseignement, les médias et les think tank.
» La tension ne continuera à mijoter sans devenir incandescente que si l’OTAN ne s’étend pas, sous quelque forme que ce soit, en Ukraine. Les diplomates de Bruxelles font régulièrement remarquer que Kiev ne sera jamais accepté comme membre de l'OTAN. Mais si les choses peuvent empirer, cela se fera : Kiev deviendra l’un de ces partenaires spéciaux de l'OTAN, un acteur voyou désespérément pauvre et avide de territoires.
» Poutine exigeant des Etats-Unis, – qui dirigent l'OTAN, – une garantie écrite, juridiquement contraignante, que l'alliance ne progressera pas davantage vers l'est, vers les frontières russes, cela change la donne.
» L’équipe Biden ne peut pas fournir cette garantie : elle serait dévorée vivante par l’establishment [washingtonien] War Inc. Poutine a étudié son histoire et sait que la “promesse” de papa Bush à Gorbatchev sur l'expansion de l’OTAN n’était qu’un mensonge. Il sait que ceux qui dirigent l’OTAN ne s’engageront jamais par écrit.
» Cela permet donc à Poutine de disposer d’un éventail complet d'options pour défendre la sécurité nationale russe. L’“invasion” est une blague ; l’Ukraine, qui pourrit de l'intérieur, rongée par la peur, le dégoût et la pauvreté, restera dans les limbes, tandis que Donetsk et Lougansk seront progressivement interconnectés avec la Fédération de Russie.
» Il n’y aura pas de guerre de l'OTAN contre la Russie ; comme Martyanov lui-même l’a amplement démontré, l’OTAN ne tiendrait pas cinq minutes contre les armes hypersoniques russes. Et Moscou se concentrera sur ce qui compte vraiment, sur le plan géoéconomique et géopolitique : la consolidation de l'Union économique eurasienne (UEEA) et du partenariat pour la Grande Eurasie. »
Si nous sommes inclinés à suivre cette conclusion, sans avoir particulièrement étudié le dossier mais parce qu’elle correspond selon nous à une évidence de la situation éclairée par une intuition complètement lisible, nous divergeons sur la dernière nuance qu’on retrouve dans l’assemblage de quelques mots mis hors-contexte mais renvoyant à la même idée selon laquelle Moscou/Poutine “sait à quoi s’en tenir” et travailler là où il faut :
« Cela permet donc à Poutine de disposer d’un éventail complet d'options pour défendre la sécurité nationale russe. [...] Et Moscou se concentrera sur ce qui compte vraiment, sur le plan géoéconomique et géopolitique : la consolidation de l’Union économique eurasienne (UEEA) et du partenariat pour la Grande Eurasie. »
Cette perspective nous paraît illusoire, simplement parce que les USA et le troupeau otanien continueront à s’agiter, – d’ailleurs au risque d’un “accident” du côté de l’ivresse SDF et alcoolique de l’Ukraine, – notamment parce que les USA (et certains autres du bloc-BAO) ne sont pas dans un état meilleur à leur façon, que n’est l’Ukraine. Cette espèce d’agonie se fait dans la fièvre, la fureur, l’hallucination et les menaces sans nombre de l’impuissante puissance des civilisations qui s’effondrent. Les Russes auront ainsi bien des difficultés à travailler sereinement.
Les USA sont toujours intéressants à suivre à cet égard, nous voulons dire à propos de cette “espèce d’agonie” ; et, pour faire bonne mesure, l’absence chez les Européens tremblants de soumission d’information, de communication, de connaissance de la véritable situation US, est une bonne mesure de la catastrophe civilisationnelle du bloc-BAO dans son ensemble.
Quelques citations que nous reproduisons régulièrement nous renseignent sur le jugement qu’il faut porter sur cette situation des USA, qui commande et influence tout le reste. Ici, on retient celui d’un historien de haut vol, Craig Shirley, auteur de ‘December 1941: 31 Days that Changed America and Saved the World’, interviewé le 7 décembre sur le réseau radio de Breitbart.News :
« [Andrew Breitbart] a dit un jour, très finement, que la politique est en aval de la culture. [Notre culture aujourd’hui, c’est que] nous ne mangeons plus les mêmes céréales au petit déjeuner. Nous ne lisons pas les mêmes journaux. Nous ne percevons pas les mêmes nouvelles. Nous sommes divisés de toutes les manières possibles et imaginables dans notre culture, et cela se traduit donc en aval dans notre politique. Je pense personnellement, – et non pas que je l’espère, je ne suis qu'un observateur, – mais je pense que les États-Unis se dirigent vers une rupture. C'est déjà le cas. »
Car « le tabou est brisé » : c’est la conclusion d’une remarquable étude de Terry Hulsey, le 20 novembre 2020, où il étudiait la façon dont le mot “sécession” avait été complètement tabou, banni de tout écrit historique et politique aux USA depuis 1865... Mais aujourd’hui, c’est-à-dire dans une période (nos temps-devenus-fous) depuis quelques années (2015-2016 à notre estime), et plus que jamais depuis le début 2020 et les deux crises conjuguées du Covid et du wokenisme, le mot “sécession”, le concept, la perspective donc la rupture sont complètement revenus dans tous les esprits aux USA, pesant sur la psychologie et la culture, et donc sur la politique.
Hulsey le constatait il y a un an déjà et concluait :
« Le tabou est brisé. De même que la Norvège a pu se séparer pacifiquement de la Suède en 1905 et prospérer en tant que petit pays, de même que Singapour a pu se séparer pacifiquement de la Malaisie en 1965 et prospérer en tant que petit pays, de même que 15 anciennes républiques soviétiques ont pu se séparer pacifiquement de cet État policier nucléaire [l’URSS] en 1991, de même l'un des États américains, – qui ont tous une histoire antérieure de sécession, – finira par se séparer de la mythique Union. Et avec ce seul fil tiré, l'Union tout entière s'effilochera comme un pull bon marché. L'Union ne peut pas être forcée par un million de baïonnettes ; elle peut prospérer sous la forme de cantons et de régions plus petites, chacun poursuivant ses propres objectifs, avec son gouvernement sous l’œil vigilant de citoyens jaloux de leurs libertés. L'Union américaine est trop grande pour satisfaire les besoins politiques très divers de quelque 330 millions de personnes. »
Bien entendu, nous pensons que tout cela est très fortement lié, selon une logique de déconstructuration et d’inversion. C’est-à-dire qu’on ne peut séparer, ni même penser, singulièrement dans le cas des USA mais pas seulement, la politique étrangère sans se référer directement à la situation de la politique intérieure. D’une façon approximative, nous dirions que, compte tenu d’une multitude d’éléments prédisposés dont nous avons souvent parlés et qui constituent cette vision historique et métahistorique que nous définissons par le concept du “déchainement de la Matière”, le processus suivant s’est déroulé à partir de l’attaque du 11-septembre :
• A partir de 9/11 et à peu près jusqu’à la crise financière de 2007-2008, la “politiqueSystème” s’est développée presqu’exclusivement dans le domaine de la politique étrangère, avec une forte opposition intérieure (antiguerre de gauche [très forte] et de droite) ;
• partir de 2010-2011, la politique étrangère a “morphé” avec le cycle du soi-disant “printemps arabe” et de l’Ukraine : toujours la politiqueSystème en fait de politique extérieure, mais cette fois trempée dans la potion magique du droitdel’hommisme, donc avec implication forte d’une grande partie de la gauche (“alliance” neocon-R2P) ;
• à partir de 2015-2016, avec Trump et les grands simulacres autour de lui, jusqu’à 2020-2021 et la Grande Crise à visage découvert, d’une certaine façon la politiqueSystème a envahi la scène intérieure des pays du bloc-BAO aux dépens de leur politique extérieure devenue une sorte de résidu bouche-trou incohérent et incompréhensible, paralysé dans une sorte d’affectivisme débridé, avec tout de même le risque qu’un “accident” pourrait nous amener la Grande Troisième-dernière forcément nucléaire... Aujourd’hui, l’essentiel est la scène politique intérieure soumise au rythme fou de la politiqueSystème, versions nos temps-devenus-fous, avec une gauche qui mène la danse dans une sorte de folie, au bras du fringant et super-friqué « Woke-capitalisme ».
D’une certaine façon, en se transformant comme on l’a vu faire, en passant de la pseudo-géopolitique complètement frimée dans une effrayante et stupide brutalité des années 2001-2008 au sociétal-progressisme, au culturel-marxo/Gramsci, à l’antiracisme “de toutes les couleurs” des scènes intérieures, les événements extérieurs et les grands courants qui les influencent nous ont totalement échappés des mains et de nos conceptions, lesquelles ne tenaient d’ailleurs plus qu’à un fil. En, ce sens, nous disons et confirmons avec empressement qu’il s’agit bien de l’ultime stade de la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES) où plus personne ne peut plus rien faire, parce que plus personne, essentiellement sinon exclusivement parmi nos dirigeants, ne peut plus rien en voir ni de sérieux ni de cohérent.
Nous insistons bien : “nos dirigeants” en première ligne de l’aveuglement et de la surdité invertiues, comme membres de nos élites, et ces élites (élites-zombies) avec eux. Tous ceux-là sont les plus aveugles et les plus sourds qu’on puisse imaginer à la véracité de cette Grande Crise, à sa cause, à sa puissance, à sa problématique. Ils en comprennent bien moins que le dernier des gilets-jaunes ou l’avant-dernier des non-vaccinés, ou l’avant-avant-dernier des blacks partisans de Zemmour... Bref, nos élites-zombies n’y comprennent rien, même si elles acceptent complètement l’idée qu’il y a une crise. Elles la perçoivent, certes, elles savent qu’il y a crise, et même “immense crise” dont elles désignent les responsables parmi tous ceux qui la subissent, et elles veulent la résoudre en la bourrant de mesures et de pressions tyranniques, qui sont du même effet que de l’essence à très-très haut octane jetée par jets puissants sur un incendie grondant et hurlant.
C’est justement là qu’est l’essentiel : cette occurrence de leur ignorance, de percevoir dans une totale inversion la substance, voire l’essence (!) de la crise si l’on admet que cette crise est créatrice d’un effet crisique colossal promis à engendrer une ontologie complètement différente. (Disons, comme si la Grande Crise constituait l’essence crisique créant et alimentant les divers avatars crisiques qui en constitueraient la substance [ici, le Covid, le wokenisme, et en second rideau complètement indirect et chaotique, l’Ukraine, Taiwan, les tensions avec la Russie et la Chine, etc.].)
Ainsi peut-on être assurés que les événements sont absolument, totalement, décisivement hors de leur portée, – à la fois de nos directions pour tenter de les orienter, à la fois de nos élites-zombies pour tenter de les comprendre. Cela vaut aussi bien, sinon mieux, pour la politique extérieure qui est du sur-place furieux parcouru d’anathèmes et de manœuvres-bidons avec des forces armées éthiques et wokenisées qui ne savent plus dans quelle direction souffle le vent, et même s’il souffle encore. C’est ce qu’on voit en Ukraine et dans l’antirussisme général où rien, absolument rien ne correspond à la réalité, avec une narrative construite sur du sable et des marionnettes qui ne comprennent même plus ce que veulent leurs maîtres. (Ce qui peut d’ailleurs conduire à cet “accident” dont personne, ni les Russes ni les USA notamment, – mais cela aussi, les événements en décideront.)
Nous sommes obligés aujourd’hui de raisonner selon cette approche métahistorique et métapolitique, dans une époque qui a perdu toute raison qui ne soit subvertie, et donc où la métaphysique règne en grande maîtresse du destin du monde... Raisonner alors que la raison est devenue folle de subversion et d’inversion : c’est une tâche bien rude, mais une tâche selon l’ampleur et l’énergie de la Grande Crise. Nous continuons à penser que la lumière se trouve du côté de l’intuition, dont il faut toujours, pour ne pas se tromper soi-même, rechercher le degré de véracité par rapport aux emportements incontrôlés de la psychologie.
Nous savons au moins une chose pour notre compte et tout à notre honneur : c’est que nous ne savons pas ; et nous sommes sûrs de cette autre chose : que tout ce qui vient de nos dirigeants et des élites-zombies, et de leur presseSystème, est absolument présumé coupable et faux... A moins, à moins, – qu’une démonstration ou l’autre, dans une occurrence rarissime et remarquable et une glorieuse exception confirmant la règle, nous montre que pour une fois dans cet océan de bêtise et de mensonge ils seraient innocents et ils diraient vrai... (Après tout, Elon Musk nous dit bien que « la civilisation va s’effondrer... [si les gens ne font pas plus d’enfants »])
Où l’on voit que nous n’avons pas l’esprit sectaire et que nous ne manquons nullement de bienveillance.
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