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1249Les observations que nous voulons faire, qui concernent l’attitude présente des milieux bureaucratiques qui se préparent à appliquer les nouvelles (?) orientations des nouveaux dirigeants US, s'il y en a, pourraient être introduits par la référence au texte du 25 novembre de William Pfaff. Le sujet du texte de Pfaff est la promesse de retrait d’Irak d’Obama et la façon dont Obama tiendra ou ne tiendra pas cette promesse. L’introduction et la conclusion du texte de Pfaff renvoient à un sujet plus général que la seule question irakienne, qui implique notamment la perception des premières difficultés d’Obama. L’importance du thème général peut être perçue au travers des expression employées par Pfaff, avec des mots extrêmement tranchants (soulignés en gras par nous) qui soulignent combien la perception de l’administration Obama est déjà puissante, complexe et contrastée, avant que cette administration n’existe effectivement: «…if Obama is to be his own man. He has to rid himself of George Bush’s folly. He must make Iraq truly independent. If he does not, it can destroy his administration.»
One might think that if Barack Obama believes he can make a success of his new administration by largely reconstituting the Clinton administration, Hillary Clinton included, he should know better than to take on the reckless ambitions and commitments of the George W. Bush administration as well: the government that gave America the Mid-East and Asian crisis, blunders, and humiliations of the past six and one half years.
[…]
»In Washington, the Pentagon is against withdrawal on Obama’s terms. It still wants permanent bases in Iraq. It claims Obama’s timetable is logistically impossible. The Republicans will shout “treason” and “betrayal.” American oil companies and the corporations already part of the occupation, as well as those which have big ambitions for moving into an American-secured Iraq, will demand that the U.S. stay.
»All this must be resisted if Obama is to be his own man. He has to rid himself of George Bush’s folly. He must make Iraq truly independent. If he does not, it can destroy his administration.»
Ces remarques introduisent des observations que nous avons obtenues de diverses sources, notamment européennes, sur des contacts désormais importants qui sont actuellement en cours entre Européens et des Américains qui seront proches de ou dans l’administration Obama, ces Américains surtout des fonctionnaires en activité, avec une expérience diplomatique et bureaucratique dans le système, et appelés à figurer dans les cadres intermédiaires et élevés de l’administration et de la bureaucratie de sécurité nationale. Deux sentiments prévalent sans distinction, marqués par un très fort contraste qui est quasiment contradictoire, exprimés dans des termes très crus, très abrupts, qui ne laissent aucun doute sur leur puissance psychologique.
• D’une part, une extraordinaire contrition, parfois pathétique et même tragique, sur la période qui vient d’avoir lieu, les huit années de Bush. Cette période est perçue comme une tragédie extraordinaire, «une honte épouvantable, un déshonneur, une période sombre et affreuse pour l’Amérique, précise une source. Tous nos interlocuteurs veulent absolument se faire pardonner pour cette période épouvantable et ils s’enquièrent avec angoisse de savoir si elle n’a pas laissé des traces trop profondes chez nous, Européens. C’est un spectacle absolument pathétique, parfois même émouvant.»
• D’autre part, une invitation à aller de l’avant, à sortir de ce cauchemar en lançant de nouvelles orientation et initiatives politiques, – qui, justement, n’ont strictement rien de “nouveau”! Sans absolument rien voir de la contradiction avec ce qui précède, les Américains proposent des programmes qui perpétuent le plus souvent toutes les lubies, les craintes, les soupçons de la période Bush. Il faut contenir les situations dangereuses en Amérique latine, surveiller et bloquer Chavez, Moralès, il faut affronter les Russes, leur faire sentir qu’ils doivent être contenus, voire pressés dans leur retranchement pour bloquer ce qui est désigné comme une attitude expansionniste et provocatrice. Cela va même aux extrêmes, avec l’exemple d’un contact avec un officiel du Pentagone chargé de la transition au Pentagone, et donc avec une certaine proximité d’Obama, qui est rapporté par une autre source: «Dans ce contact personnel, mon interlocuteur a répété plusieurs fois qu’une attaque contre l’Iran est quelque chose d’inéluctable, qui aurait lieu sans le moindre doute; par conséquent cela valait explicitement pour l’administration Obama, selon lui» … D’une façon générale, on retrouve toutes les grandes tendances d’une politique dont l’effet a été de provoquer pour les USA la situation catastrophique pour laquelle les mêmes personnes n’ont pas de mots assez dur pour la condamner, et qui les met dans cet état extrême de contrition.
Ce sont des cas exemplaires, remarquable de clarté, de la contradiction de la démarche intellectuelle des milieux de la bureaucratie de sécurité nationale US. Nous ne limiterions pas cette contradiction à cette bureaucratie, bien que ce soit chez elle que la contradiction soit la plus frappante, dans les circonstances décrites ici. L’explication doit être plus générale et porter sur les caractères de la psychologie américaniste, que nous avons tentés de définir par les termes d’ “inculpabilité” et d’“indéfectibilité”. L’effet est une incapacité psychologique d’établir un lien entre des jugements politiques et les politiques qui en découlent, qui sont l’effet systématique de cette psychologie et qui sont jugés comme vertueux et évidents, et les effets politiques catastrophiques, et jugés comme tels jusqu’à ces exercice de contrition extraordinaire, de ces jugements politiques et des politiques qui en découlent. L’intervention au niveau d’une psychologique ainsi conformée, qui est inconsciente par définition, permet cette contradiction extraordinaire.
La psychologie américaniste, qui doit être perçue comme spécifique, implique la vertu axiomatique de la vision américaniste, son caractère d’ignorance de la culpabilité qui est sans rapport possible avec elle, qui ne peut être affectée par la culpabilité, qui ne peut être prise en défaut sur aucun de ses actes lorsque ceux-ci sont posés; cela doit être apprécié à partir de l’existence axiomatique d’une conception générale d’une nation vertueuse et, par conséquent, qui est toujours dans son droit parce qu’elle est une émanation naturelle du Droit, et qui exprime une justesse morale, également axiomatique, en prétendant à l’empire du monde dans un but qui ne peut être naturellement que bénéfique pour tous (tous les autres, du reste du monde). Le constat que les effets des actes précédents et de même constitution psychologique sont catastrophiques n’est absolument pas confronté avec les jugements politiques et les politiques qui en découlent, dont l’historique démontre pourtant qu’ils conduisent à ces effets catastrophiques. La responsabilité est renvoyée à des concepts assez vague et souvent de caractère symbolique et de l’ordre du cliché, concernant une administration (GW Bush dans ce cas) jugée comme diabolique et destructrice, sans que cet état soit lié au jugement politique et aux politiques qui ont découlé de cette administration. Cette impasse psychologique est le frein essentiel, pour l’instant absolument hermétique à toute réforme, par exemple dans le cas de décisions politiques générales qui demanderaient une position politique et une politique des USA, avec l’administration Obama, diamétralement différentes de ce que furent celles de la situation de l’administration GW Bush. Pour sortir de cette impasse, il faudrait des actes arbitraires de rupture puissants, qui relèveraient d’une sorte de “révolte” de la direction US, exigeant cette politique en dépit du jugement, voire contre le jugement que la psychologie américaniste suggère impérativement; il faudrait une sorte de “coup d’Etat” psychologique
La psychologie américaniste est expansionniste, unilatéraliste, interventionniste et exceptionnaliste par mécanisme inconscient, si l’on veut “sans intention” et bien sûr “sans conscience” de l’être ni de nuire, donc en déformant inconsciemment et exclusivement à l’avantage de l’américanisme le sens de ces mots (expansionnisme, unilatéralisme, interventionnisme, exceptionnalisme). Nous ne sommes pas au bout de nos peines.
Mis en ligne le 28 novembre 2008 à 10H07
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