La puissance d’Internet

Nous pensons que l’incident du démenti de Condi Rice sur les manigances de Cheney pour une attaque contre l’Iran représente, comme nous le commentons par ailleurs, le «cas le plus évident et le plus impressionnant de la nouvelle puissance d’Internet comme acteur majeur de la communication et de l’information, avec des conséquences politiques directes et mesurables».

L’information de Clemons, mise en ligne sur le site TheWashingtonNote.com, a bénéficié d’une considération à l’égale d’un article du Washington Post ou de révélations de Seymour Hersch dans le New Yorker. L’enchaînement, jusqu’aux déclarations de El Baradei et de Rice, représente un événement diplomatique majeur susceptible d’amener d’importantes conséquences internationales dans la crise iranienne, à partir de la seule source originelle de Clemons.

Ce qui est inédit dans cet incident, c’est l’intervention de l’information fournie par Internet dans un processus diplomatique en cours, maîtrisé par des appareils diplomatiques puissants qui ont jusqu’ici privilégié leurs propres sources sur les sources extérieures, et encore plus Internet.

Jusqu’alors, Internet créait l’événement en publiant ou en révélant des informations spectaculaires sur tel ou tel cas, même indirectement (le cas de la prison d’Abou Ghraib et de ses tortures, avec les documents publiés par CBS parce que ces documents étaient en possession de plusieurs sites et sur le point d’être publiés). Il s’agissait d’actes d’Internet qui forçaient à la prise en compte de l’intervention d’Internet à cause du caractère impératif des informations ou des images publiées. Cette fois, il s’agit d’un processus diplomatique en cours, qui aurait très bien pu ne pas accepter l’information venue d’Internet. Au contraire, il l’a acceptée. Il s’agit de la confirmation qu’Internet s’impose comme un acteur sans restriction, comme une véritable partie du “Quatrième Pouvoir”, sans doute destiné à prendre la première place à cause de sa complète liberté d’action, de son indépendance financière, de sa souplesse et sa rapidité d’action.

Mis en ligne le 2 juin 2007 à 13H56