La question est bien de savoir si c’est la révolte qui commence

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Washington ne résonne que de cela : un appel bipartisan (deux représentants démocrates, deux républicains) présenté hier et qui, s’il était voté par la Chambre, enjoindrait au président GW Bush de commencer le retrait des forces US d’Irak en septembre 2006.

Les quatre parlementaires sont les républicains Walter Jones de Caroline du Nord et Ron Paul du Texas ; les démocrates sont Dennis Kucinich de l’Ohio et Neil Abercrombie de Hawaïi. Trois des quatre ont voté contre les pouvoirs donnés au président pour faire (notamment) la guerre en Irak, et deux (Paul et Kucinich) sont fameux pour leur opposition militante au conflit. Le cas de Jones est plus original : il a voté les pouvoirs permettant la guerre et il a été un militant belliciste. C’est lui qui a conduit l’héroïque campagne aboutissant au “re-baptême” à la cantine du Congrès des pommes frites (de French Fries en Liberty Fries) pour punir la France de sa félonie. Jones, qui mange toujours des “frites”, a changé d’avis à propos de la guerre.

Certes, on pourrait juger que ce rassemblement est bien faible, qu’il est bien partisan, qu’il n’a aucune chance d’emporter le soutien de la Chambre. Ce n’est pas si simple. Il existe aujourd’hui, à Washington, un épouvantable esprit de pessimisme en même temps que la vive perception d’une véritable paralysie du pouvoir. Il semble maintenant de plus en plus évident que la guerre en Irak est une entreprise destructrice où, selon certains, l’Amérique risque de perdre jusqu’à son âme.

Le Congrès est encore paralysé dans une servilité quasiment structurelle par rapport à l’exécutif. Mais des signes apparaissent d’un changement d’état d’esprit. Le retard incessant apporté au cas Bolton, nommé en février par GW Bush comme ambassadeur des USA à l’ONU et toujours en attente d’un vote du Sénat sur sa confirmation, est l’un de ces signes, et l’un des plus convaincants. On sait aussi que les divisions et les défections potentielles sont, aujourd’hui, très inquiétantes dans le parti républicain.

Dans une telle situation, une étincelle peut allumer l’incendie. La proposition des quatre mousquetaires de la Chambre provoquera-t-elle l’étincelle? Hier, l’hypothèse était risible, aujourd’hui, ce n’est plus impensable. Et si une telle résolution était adoptée, une guerre terrible commencerait, à Washington cette fois.


Mis en ligne le 17 juin 2005 à 10H50