La réelle situation d’autonomie des forces US en Irak et le pouvoir chiite à Bagdad

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Certaines déclarations, du sénateur Kennedy et auparavant du conseiller de la sécurité nationale Ben Bartlett, jettent une lumière étonnante sur les conditions dans lesquelles évoluent les forces US en Irak.

Voici ce qu’en rapporte RAW Story, dans ses éditions du 11 janvier :

«During an appearance on the Ed Schultz Show today [11 January], Senate Armed Forces Committee member Ted Kennedy (D-MA) will say that it was “news” to Congressional members that US troops are “restricted by the Iraqis,” RAW STORY has learned, after receiving a copy of the prerecorded interview.

»The most-listened to liberal talk show host is set to break the news on his 12pm-3pm EST show.

»“I was startled to find out that our servicemen and women in cleaning out Baghdad have been restricted by the Iraqis,” Kennedy says, “and about where they can go, the battles that they can fight.”

»Schultz asks the senator if retiring CENTCOM Commander General John Abizaid had ever told Congress.

»“No, but we've heard that now from the national security adviser,” Kennedy says. “Mr. Bartlett said that yesterday on CNN and this is all news to us.”

»Before President Bush's speech on Wednesday, White House conselor Dan Bartlett had said that troops were “handcuffed by political interference by the Iraqi leadership.”

»“The rules of engagement, where those troops can go, who they can go after,” Bartlett had said, “we're severely restricted by politics in Baghdad.”

»“That's going to change as well,” Bartlett added. “Prime Minister Maliki has made that very clear.”»

Il nous intéresse moins, ici, de savoir si ces “règles d’engagement” déterminées par les Irakiens vont changer, que d'apprendre qu'elles existent. Ce qui en est dit implicitement signifie que les forces US ont été et sont encore soumises à un contrôle d’une autorité étrangère, en l’occurrence le pouvoir irakien en place à Bagdad. Cela peut paraître stupéfiant si l’on a à l’esprit l’insistance extrême que portent les USA sur l’autonomie et la souveraineté de leurs forces, et le peu de cas qu’ils font eux-mêmes de l’autonomie et de la souveraineté des autres, — et, éventuellement, du peu de respect qu’ils ont pour les consignes des autres lorsqu’ils opèrent sur un territoire soumis à la souveraineté de ces “autres”.

Pourtant, il y a tout lieu de croire à la réalité des dispositions signalées par Bartlett et Kennedy, si l’on considère les circonstances et le niveau où ces dispositions sont débattues (notamment le fait que leur existence est utilisée par Kennedy comme argument contre l’administration). On ne voit pas l’intérêt que l’administration aurait à se diminuer et à s’affaiblir aux yeux de son opposition dans le climat tendu qu’on connaît à Washington, en inventant de telles dispositions.

Il faut plutôt envisager que les rapports entre l’administration GW et le gouvernement irakien sont très différents de ce qu’on croit ; que le gouvernement irakien est beaucoup plus en position de force et beaucoup plus autonome dans son action que l’image qui en est présentée ; que les Américains acceptent beaucoup plus de contraintes et de restrictions qu’on ne croit, parce que leur position de faiblesse en Irak les y contraint, — ce qui, enfin, nous en dit long à ce propos. Cela laisse beaucoup à penser sur la force réelle de l’influence des USA sur le pouvoir chiite à Bagdad.


Mis en ligne le 12 janvier 2007 à 16H24