Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
448
30 août 2004 — Toujours le débat sur l’alerte, sur l’attaque terroriste contre les USA, en pleine période électorale, pour influencer l’élection, et qui aura lieu, qui n’aura pas lieu, qui sera manipulée ou pas…
Deux pièces récentes :
• Un article du 25 août dans l’International Herald Tribune, nous disant que rien n’est fini, que l’alerte est toujours de rigueur, et qu’elle l’est même plus que jamais. La source est officielle : « “Credible reporting now indicates that Al Qaeda is moving forward with its plans to carry out a large-scale attack in the United States in an effort to disrupt our democratic process.” With this announcement, Homeland Security Secretary Tom Ridge intensified speculation around a question hanging over the November elections: How might a terrorist attack inside the United States change the American political dynamic on the eve of what is expected to be an extremely close presidential election? » Les mots sont clairs : il s’agit de ne pas s’endormir sur “nos lauriers” de l’“attaque” déjouée des 1er-2 août. Malgré toute l’ironie à la tonne qu’on peut lire dans cette phrase, il faut quand même accepter l’idée que les esprits fonctionnent de la sorte dans l’univers du système washingtonien : malgré tous les soupçons fondés de manipulation, lorsqu’il y a une alerte officielle, il est officiellement admis que cette alerte était fondée…
• Un article de ce jour dans le même International Herald Tribune, qu’on pourrait voir comme une réponse en forme d’avertissement au précédent. L’auteur, Ian Bremmer, la quarantaine, président du Eurasia Group et Senior Fellow au World Policy Institute, est un solide représentant de l’establishment classique de Washington, et nettement de tendance internationaliste et multilatéraliste : pas vraiment du même bord que GW, même s’il est du même monde. Et l’article de Bremmer (« Expect a very different war on terror … If America is attacked again ») va droit au but, pour dire à l’équipe GW : “ne jouez pas avec le feu (en jouant avec les alertes, en manipulant éventuellement, an so on…), parce que le résultat pourrait bien être différent de ce que vous en attendez”.
« The response to a terrorist attack on, say, Sept. 11, 2004 would be radically different.
» The public response would move much more quickly from shock to anger; debate over how America should respond would begin immediately. But it is difficult to imagine how the Bush administration could focus its response on an external enemy. Should the United States send 50,000 troops to the Afghan-Pakistani border to intensify the hunt for bin Laden? Far from instinctively rallying to the president's side, many Americans would wonder whether that was precisely what the administration pledged to do in the wake of the attacks three years ago. The president would face intensified criticism from those who have argued all along that the Iraq war was a distraction from “the real war on terror.”
» What if a significant number of the terrorists responsible for the pre-election attack were again Saudis? The Bush administration could hardly take military action against the Saudi government at a time when crude oil prices are already high and global supply is stretched to the limit.
» So where might a response be credible? Washington's concerns about Iran's nuclear ambitions and its ties to Al Qaeda are rising. In its report, the Sept. 11 commission noted evidence of cooperation between Iran and Qaeda operatives — if not direct Iranian advance knowledge of the Sept. 11 hijacking plot. But, in the absence of an official Iranian claim of responsibility for this hypothetical terrorist attack — which would never happen — the domestic opposition to such a war and the international outcry it would provoke make quick action against Iran unthinkable.
» In short, a decisive Bush administration response could not be external. It would be domestic. Instead of Rumsfeld leading a war effort abroad, Secretary Ridge and Attorney General John Ashcroft would pursue an anti-terror campaign at home.
» Forced to use legal tools more controversial than those provided for by the Patriot Act, Americans would see stepped-up domestic surveillance and border controls, much tighter security in public places, and the detainment of a large number of suspects.
» Many Americans would undoubtedly support enhanced law enforcement capability to combat terrorism. But concern for civil liberties and personal freedom would ensure that the government would have nowhere near the public support it enjoyed for the invasion of Afghanistan.
» Far from bolstering a Bush candidacy, the polarizing pressure of elections would nullify the rally around the flag effect. Perhaps if an attack occurred in the final two or three days before balloting — as it did in Madrid — the national conversation about possible responses might not come into play, and Bush could receive the political benefit of undiluted anger at terrorists. But in any other circumstance, an attack would benefit Senator John Kerry, making an already tight presidential race even tighter. »
Brillant, n’est-ce pas ? Sauf, que, paradoxalement, — ou machiavéliquement, qui sait ? — l’auteur indique que la seule attaque/alerte qui aurait quelque chance de “marcher” en faveur de GW Bush serait celle qui aurait lieu à deux-trois jours de l’élection. C’est d’ailleurs le scénario généralement favorisé par les pronostiqueurs divers, puisque “l’attaque-terroriste-pendant-l’élection” est devenue, à Washington, un jeu prévisionniste courant.
De façon assez paradoxale, cet article qui est plutôt destiné à contrecarrer la “stratégie de la tension” de l’administration, pourrait l’accentuer en nous confirmant le caractère absolument crucial de la période même de l’élection (disons 30-octobre-2 novembre). D’autre part, l’article nous indique une autre possibilité, voire une probabilité qu’on a jusqu’ici assez peu explorée puisqu’on se polarise sur l’élection. Une attaque terroriste, si elle avait lieu, et mis à part ses effets éventuels sur l’élection, aurait essentiellement des effets intérieurs, en alourdissant l’appareil sécuritaire et policier et en accentuant peut-être radicalement les protestations anti-gouvernementales. A ce point, cette perspective nous conduit effectivement à soulever la question des effets d’une attaque terroriste sur la cohésion de l’Amérique, entre le système et la population.