La révolution en forme d'hélice, un nouveau pas

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La révolution en forme d'hélice, un nouveau pas

200 000 euros à 300 000 ce doit être la perte moyenne d’un pétro-prince de la tribu des Séoud en ½ heure de casino.

C’est aussi la menue monnaie distribuée annuellement par la fondation de Pierre Mourad Omidyar à une ONG ukrainienne, le Centre UA, dirigée par un ancien banquier ukrainien très à la pointe des doctrines néolibérales Oleh Rybachuk. Rybachuk avait servi à différents postes le gouvernement de Viktor Yushchenko héros de la Révolution Orange et président de l’Ukraine de 2004 avant d’être balayé par les élections de 2010.

Omidyar a couvert le financement du Centre UA, censé œuvrer pour lutter contre la corruption, pour près de 40% de son budget officiel. Le reste des subsides provenait de l’USAID et d’autres donateurs étasuniens très riches et philanthropes.

Jusque-là, rien que du très banal.

Les excédents financiers considérables dégagés des entreprises d’intermédiation se placent dans l’ingénierie des révolutions nouvelle manière.

Or Pierre Omidyar est aussi celui qui pour lancer un nouvel organe de presse a enrôlé Greenwald et Poitras mis en difficulté depuis qu’ils prirent en charge la publication des fonds Snowden.

D’une main, le fondateur d’eBay en partenariat avec la branche financière officielle de la CIA aide à construire les cinquièmes colonnes non exemptes de corruption pour déstabiliser un régime ukrainien qu’il faut à tout prix soustraire à la sphère d’influence russe.

De l’autre, il s’assure à peu de frais – il a traîné des semaines durant pour dégager quelques malheureux 50 millions de dollars – la main haute sur tous les secrets de la NSA.

Avancer du même pas dans deux directions différentes, c’est du twist ou des opérations de couvertures très prisées dans les salles de marché ? Parier pour la faillite de l’état ukrainien et favoriser son sauvetage, c’est win-win, gagner dans les tous les cas.

Privatiser à ce point les manigances et les manœuvres frauduleuses du soft power c’est prendre le risque certain - sans couverture possible- de rendre susceptibles les Etats-Unis d’Amérique à des séismes de faible intensité et d’origine aléatoire donc impossibles à parer.

Sarközy avait réussi à jouer le rôle d’un pompier efficace lors de la crise géorgienne de 2008.

En 2014, son successeur aura-t-il la latitude de porter secours à son camp avec la même discrète diligence ? Entre-temps, il y a eu la Libye puis la Syrie toujours en cours et une équipe de néo-conservateurs sionistes à la direction du Quai d’Orsay comme on n’ose même plus en exhiber aux Us(a). Chenal étroit pour le passage d’un pédalo ou même d’un scooter à trois roues. Sa déclaration récente fait craindre le pire. Il risque d’engager la France, le peu qui reste de ses armées et de ses capacités, dans une nouvelle guerre de Crimée comme l’impécunieux Napoléon le plus petit l’avait fait avant lui pour le compte des Anglo-Saxons en 1853.

Soros tout magyar qu’il est s’en trouve un peu dépassé.

Sur le front de la manigance financière et de la basse besogne politique par un nouveau venu d’origine iranienne donc crédité de quelques connaissances en échecs et jeux de stratégie orientaux. Qui sait ce que recèlent comme nouvelles figures d’alliances encore dans l’ombre les parties en cours.

Également par l’évolution de la politique en Hongrie.

Elle soutient la Russie dans sa réaction vue comme défense légitime en Ukraine. Mise à sac par le FMI, la Hongrie, enfin dégrisée des promesses de jours meilleurs au sein de l’Europe, en dénonce l’action dévastatrice et adoptera peut-être l’attitude islandaise de répudiation de sa dette. En janvier 2014, la Hongrie a signé un accord avec Gazprom pour doubler la capacité de sa centrale nucléaire. La Russie prête 80% des fonds pour 30 ans. Il semble que le montant pour l’adjonction de deux nouveaux blocs à l’usine préexistante s’élève à 10-12 milliards d’euros.

L’issue immédiate de la crise en Ukraine est imprévisible.

Une scission ne dérangerait en aucun cas la fédération de Russie qui n’a pas besoin de plus de profondeur que son Est russophone. Les jérémiades pathétiques de Barak Hussein Obama qui se voulaient rodomontades à propos de l’intégrité territoriale de l’Ukraine sont à la mesure de son impuissance à la fois idéologique, financière et militaire.

Les Us(a) n’ont pas hésité à fragmenter la Yougoslavie.

Ils ont eu une plaque tournante pour toute sorte d’économie de l’ombre au Kosovo.

Ils ont explosé le Soudan, scindé en deux avec un Sud doté d’un Président coiffé d’un chapeau de cow boy mais incapable de mettre en ordre quoi que ce soit dans ce nouvel éclat d’instabilité africaine.

L’Ukraine occidentale, la polonaise et austro-hongroise, catholique et non slave, telle qu’elle semble se dessiner héritera de la dette à laquelle les banques européennes l’ont soumise et qui les a en retour fragilisées. Les révolutionnaires du Maydan de Kiev voulaient l’Europe. Qu’ils y restent. Le salaire horaire moyen y est inférieur à celui appliqué en Chine pop et le prix du gaz se trouvera très vite multiplié par 6 ou 7. Pour se réchauffer, ils travailleront plus fort et plus vite pour l’Allemagne qui elle est prête pour recueillir les fruits de l’une ou l’autre des issues de la crise.

Badia Benjelloun