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324Depuis quelques jours, dans telle ou telle circonstance, on évoque l’idée hypothétique d’une intégration de la Russie dans l’OTAN. La chose est dite, notamment et pour la première fois pour la séquence, par une voix institutionnelle non négligeable, et significative pour notre propos, celle du ministre polonais des affaires étrangères Radoslaw Sikorski.
On trouve des précisions sur ces événements, notamment dans EUObserver du 1er avril 2009.
«… Polish foreign minister Radoslaw Sikorski said Russia should join the military alliance, if it meets the membership criteria. “We need Russia for the resolution of European and global problems. That is why I think it would be good for Russia to join NATO,” Mr Sikorski had said at an acacdemic symposium in Poland, as quoted by Polish daily Gazeta Wyborcza.
»The same view was echoed on Wednesday at a civil society event in Brussels called the ‘Shadow NATO summit,’ aimed at feeding the debate around the future of the military alliance. “The problem is not that NATO extended to Russia's borders, but that it stopped there,” said Gareth Evans, President of the International Crisis Group, a Brussels-based advocacy group. “NATO should welcome Russia in its inner ring, provided it complies with the human rights criteria,” he added, while admitting that this was not a short-term option, especially after the Georgian war.
»However, Mr Evans stressed that allies should at least start to “conceptualise” Russia's potential NATO membership…»
La réaction russe à cette hypothèse exprimée ici et là vient principalement du représentant de la Russie auprès de l’OTAN, Dimitri Rogozine. Elle n’est pas particulièrement encourageante et montre surtout une solide rancœur russe à l’encontre de l’OTAN, évidemment comme suite principalement de la crise géorgienne et de ce que les Russes ont perçu du comportement de l’OTAN.
«“There is no such necessity at this moment, but we cannot rule out this opportunity in the future,” Mr Rogozin said in a phone interview on Tuesday (31 March)… […]
»“We don't consider it necessary to make any concessions in terms of our sovereignty and we are capable of solving all the threats in an independent way. What we are ready for is to create some temporary coalitions, but at the moment we are not happy about many things happening in NATO,” Mr Rogozin said, adding that this was a reason why membership was out of the question at this point. “Great powers don't join coalitions, they create coalitions. Russia considers itself a great power," the Russian ambassador stressed.
»He said Russia wanted to be NATO's “partner,” provided the alliance took into account Moscow's “interest” – a catchphrase alluding to NATO enlargement to its neighbouring Ukraine and Georgia, which it fiercely opposes.
»Mr Rogozin strongly criticised NATO's solidarity with Georgia during and after Russia's invasion of its territory following Tbilisi's attack on South Ossetia. “We are extremely frustrated and astonished by NATO's actions in August-September last year, when our soldiers were killed and instead of support, we only saw the hypocrisy of their policy. NATO turned out to be the only organisation that sided fully with the aggressor,” he said. “For the moment, we don't see any real change in the organisation, we only see the organisation getting ready for the wars of past Europe,” Mr Rogozin concluded.»
L’idée vient donc principalement des Polonais, et aucune précision structurée et de fond, et officielle encore moins, ne l’accompagne. Une hypothèse pour expliquer ce qui paraît être une sorte de “ballon d’essai” pourrait être que les Polonais commencent à mesurer l’importance de la réorientation de la politique US en Europe, essentiellement avec de meilleures relations des USA avec la Russie et un certain “désengagement” US d’Europe, dans tous les cas sans aucun doute un intérêt moindre portée à l’Europe. La garantie de sécurité US que les Polonais jugeaient comme acquise avec le déploiement du BMDE n’existerait plus avec l’administration Obama et un probable abandon du BMDE. Dans ce cas, la garantie de sécurité, selon les conceptions extrêmement inquiètes des Polonais, pourrait devenir radicale avec l’idée d’inviter la Russie dans l’OTAN. (Pour mieux tenter de cerner l’attitude des Polonais, on doit rappeler que cette affaire intervient alors qu’on constate d’une façon générale une évolution d'une distanciation grandissante des rapports de l’Europe de l’Est avec les USA.)
La réaction russe, comme on le voit, est plutôt rugueuse. Elle pourrait être aussi, si l’idée persistait, de relancer la proposition Medvedev d’un nouvel accord de sécurité paneuropéen, – ce qui pourrait être dans ce cas défini, disons, comme “une réponse du berger à la bergère”.
Mis en ligne le 2 avril 2009 à 04H22
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