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5463Les diverses crises opérationnelles, notamment pour prendre la plus récente celle de l’attaque par des drones de l’Aramco, autant que les diverses crises du technologisme, notamment pour prendre la plus récente en plus d’être endémique celle de la situation catastrophique des grands porte-avions d’attaque US, suscitent des interventions, des commentaires et des réflexions importantes sur la “situation de la guerre” et sur l’“évolution des conceptions [des moyens] de la guerre”. On peut considérer la dernière intervention du ministre russe de la défense Shoigou comme une contribution importante au jugement sur la situation militaire russe, avec ses choix et ses orientations, par rapport à la situation des USA dans le même domaine. Shoigou parle bien entendu, lorsqu’il cite les « moyens que nous pourrions utiliser contre les groupes d'attaque[de porte-avions] » des missiles hypersoniques antinavires que la Russie a développés, et où elle exerce par rapport aux USA, et conjointement avec la Chine, un leadership particulièrement redoutable... C’est une plaidoirie contre les énormes dépenses militaires inutiles, où les USA sont les maîtres incontestés, par opposition à l’efficacité de certaines technologies plus ou moins nouvelles mais dans tous les cas assez peu coûteuses.
« Le budget militaire de la Russie a été augmenté il y a quelques années pour un programme de réarmement massif, mais il a été réduit ces dernières années. L'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm a estimé que la Russie serait le sixième plus grand pays du monde pour les dépenses de défense en 2018, derrière les États-Unis, la Chine, l'Arabie saoudite, l'Inde et la France. Pendant ce temps, le Pentagone a été inondé d'argent sous l'administration Trump, éclipsant ainsi les budgets militaires d'autres pays.
» Mais le responsable du ministère russe de la Défense dit que ses compatriotes russes n'ont aucune raison de s'inquiéter, parce que les roubles des contribuables sont bien dépensés.
» “Les États-Unis dépensent des sommes énormes pour des entrepreneurs militaires privés, pour des porte-avions. La Russie a-t-elle vraiment besoin de cinq à dix groupes d'attaque de porte-avions, sachant que nous n'avons pas l'intention d'attaquer qui que ce soit ?" Le ministre de la Défense Sergei Shoigu a déclaré lors de cette interview à un journal russe : “Nous avons besoin des moyens que nous pourrions utiliser contre les groupes d'attaque de l'ennemi si notre pays subissait une attaque. Ils sont beaucoup moins coûteux et bien plus efficaces”. »
Shoigou a également dit un mot sur le concept qui connaît une grande fortune depuis quelques années, et qui a évidemment été ressorti à l’occasion de l’attaque contre Aramco : « Nos collègues occidentaux adorent accuser la Russie de mener des ‘guerres hybrides’, ou quelque nom qu’on lui donne. Eh bien, je dis que c'est l'Occident qui mène des guerres hybrides. Les États-Unis sont sur le point de quitter l'Afghanistan quasiment réduite à des ruines et, en même temps, ils travaillent dur pour faire bouger les choses au Venezuela, – tout cela pour le ‘triomphe de la démocratie’ bien sûr. »
Ce concept de “guerre hybride”, extrêmement sexy, est certainement en train de se révéler pour ce qu’il est en ce qui concerne l’utilisation des technologies, – simplement une certaine évolution de la guerre en fonction des technologie nouvelles mais non révolutionnaires puisque développées logiquement dans le courant des améliorations de capacités électroniques éprouvées aux moindres frais et en fonction de leur efficacité. Cette évolution s’inscrit directement dans la logique du développement du technologisme, mais dans sa version la plus prudente et la plus expérimentée d’un point de vue opérationnel, depuis les années 1960 avec les RPV (avions sans pilote) de la firme Ryan déployés au Vietnam et depuis 1972 avec l’apparition des “bombes intelligentes” (‘smart bomb’ US à guidage laser au Vietnam). Aujourd’hui, le phénomène des “drones”est l’héritier de cette évolution, et ce sont eux, les drones, qui ont permis l’attaque d’une extrême efficacité de l’Aramco, – et à cette occasion, effectivement, l’on parle à nouveau de ‘guerre hybride’. En réalité, comme le montre bien l’article de Patrick Cockburn ci-dessous, il s’agit d’une guerre “à bon marché”, avec des moyens peu coûteux mais très efficaces. Cela conduit à apprécier l’Iran, puisque ce pays est perçu comme directement ou indirectement le maître d’œuvre de cette sorte d’attaque type-Aramco, comme la « superpuissance des drones ». Cette classification, venue des commentateurs US, est pour le moins surprenante pour un pays que les experts occidentaux considèrent avec le mépris du aux pays hors de la sphère occidentale, et qui est censé avoir été mis sur les genoux par la stratégie de “pression maximale” des sanctions US ; mais elle est logique si l’on se réfère à l’économie de cette sorte d’armement qui est finalement assez facile à produire, et si l’on écarte un tant soit peu les clichés absurdes et relevant du suprémacisme anglo-saxon, pour ce qui concerne “le reste du monde” par rapport aux technologies.
En un sens, c’est un peu la méthode qu’ont suivi les Russes dans leur développement militaire, aujourd’hui avec un budget de dix à quinze fois moindre que celui des USA, et qui leur assure pourtant une supériorité décisive dans nombre de domaines fondamentaux. Lorsque Shoigou affirme que la Russie n’est pas intéressée par les énormes porte-avions à $15-$20 milliards au bas mot l’unité, mais plutôt par les missiles hypersoniques dont le coût est de cinq à dix mille fois moindre l’unité, et dont deux ou trois coups au but envoient le porte-avions en cale sèche pour des années ou dans les abysses humides du fois de la mer, il fait ce que le bloc-BAO nomme avec une nuance de reproche comme l’on se dit entre enfants “c’est pas d’jeu”, une ‘guerre hybride’ alors qu’il ne s’agit que de faire une guerre efficace et bon marché.
(On notera que cette conception russe n’est pas nécessairement celle de la Chine, s’il s’avère que les Chinois construisent effectivement une grande flotte de porte-avions. On ne peut que noter cette possibilité, sans élaborer plus avant, sinon à observer que la Chine reste une puissance énigmatique quant à ses intentions concernant les outils de la puissance, d’ailleurs sans référence historiques dans le champ des grands affrontements internationaux du XXème siècle, avec l’apparition des technologies avancées dans la guerre de haute intensité.)
Le paradoxe de cette situation est que ce sont les USA qui ont développé les premiers les drones, à partir de leur expérience depuis 1960-1970 et qui les produit massivement à partir de 2005-2006, jusqu’à en faire un outil favori pour l’élimination de terroristes (avec les ratages à mesure) sous l’administration Obama. Mais les grands services, surtout USAF et Navy, n’ont pas pu accepter ni même concevoir que le drone, si bon marché, pouvaient devenir une arme centrale de l’offensive aérienne, comme les Iraniens l’ont fait (et les Houthis, et le Hezbollah). Pour eux, leurs drones, si développés et si chers soit-il pour la catégorie (les USA arrivent toujours à rendre très cher ce qui est bon marché en y mettant toute l’électronique imaginable), ne peuvent remplacer les très-grands systèmes qui font la gloire-simulacre de leur puissance militaire, – du F-35 aux porte-avions. Les drones sont en général cantonnés aux missions d’élimination anti-terroristes, aux missions de surveillance électronique, etc. ; jamais, ils ne pourraient concevoir le drone comme arme centrale de l’attaque aérienne, comme ils l’ont été dans l’attaque contre Aramco ; le drone, comme le missile guidé, reste une arme d’appoint à cet égard.
Totalement sous l’empire du Règne de la Quantité dans une mesure qui relève de la métaphysique comprise dans l’inversion des structures principielles, les USA américanistes continuent à privilégier le poids, le “lourd”, le “très-cher”. Ils sont donc totalement sous l’empire des mastodontes bourrés d’électronique et finalement inutilisables à cause des limites catastrophiques du technologisme, sinon à en faire des cibles en or massif extrêmement vulnérables dont la perte, du fait des drones et missiles hypersoniques adverses, deviendrait une catastrophe d’ampleur nationale. De même, et toujours dans la logique de leur impuissance psychologique à comprendre ce qu’il y a dans l’esprit de leurs adversaires, – cette absence d’“empathie opérationnelle” liée à leurs psychologie d’inculpabilité-indéfectibilité, – les USA ont totalement négligé les défenses rapprochées, à la manière des Russes, qui seules permettent de s’opposer à des offensives de drones.
Il nous paraît absolument assuré et évident que les USA, c’est-à-dire ce monstre autonome qu’est le Pentagone, ne changeront pas cette attitude, même après l’attaque d’Aramco bien entendu. Cette impuissance à se dégager des pressions de l’aspect quantitatif, tant matériel qu’économique, dans la manifestation de leur puissance jusqu’aux limites de blocages catastrophiques qu’ils expérimentent désormais, fait partie intégrante et fondamentale du processus d’effondrement de leur puissance. On ne change pas une formule qui perd quand on s’effondre ; on n’échappe pas au Règne de la Quantité quand on s’est entièrement soumis à lui pour répondre à l’“idéal de puissance”.
La guerre “nouvelle” que décrit Patrick Cockburn dans UNZ.com dans l’article ci-dessus, à partir de l’expérience de l’attaque de l’Aramco, sera donc regardée avec un mépris et un hybris considérable par les généraux et les bureaucrates du monstre-Pentagone, d’un seul et même regard. (Le titre original de l'article de Cockburn est : « The Saudi Arabia Drone Attacks Have Changed Global Warfare ».)
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The devastating attack on Saudi oil facilities by drones and missiles not only transforms the balance of military power in the Middle East, but marks a change in the nature of warfare globally.
On the morning of 14 September, 18 drones and seven cruise missiles – all cheap and unsophisticated compared to modern military aircraft – disabled half of Saudi Arabia’s crude oil production and raised the world price of oil by 20 per cent.
This happened despite the Saudis spending $67.6bn (£54bn) on their defence budget last year, much of it on vastly expensive aircraft and air defence systems, which notably failed to stop the attack. The US defence budget stands at $750bn (£600.2bn), and its intelligence budget at $85bn (£68bn), but the US forces in the Gulf did not know what was happening until it was all over.
Excuses advanced for this failure include the drones flying too low to be detected and unfairly coming from a direction different from the one that might have been expected. Such explanations sound pathetic when set against the proud boasts of the arms manufacturers and military commanders about the effectiveness of their weapons systems.
Debate is ongoing about whether it was the Iranians or the Houthis who carried out the attack, the likely answer being a combination of the two, but perhaps with Iran orchestrating the operation and supplying the equipment. But over-focus on responsibility diverts attention from a much more important development: a middle ranking power like Iran, under sanctions and with limited resources and expertise, acting alone or through allies, has inflicted crippling damage on theoretically much better-armed Saudi Arabia which is supposedly defended by the US, the world’s greatest military super-power.
If the US and Saudi Arabia are particularly hesitant to retaliate against Iran it is because they know now, contrary to what they might have believed a year ago, that a counter-attack will not be a cost-free exercise. What happened before can happen again: not for nothing has Iran been called a “drone superpower”. Oil production facilities and the desalination plants providing much of the fresh water in Saudi Arabia are conveniently concentrated targets for drones and small missiles.
In other words, the military playing field will be a lot more level in future in a conflict between a country with a sophisticated air force and air defence system and one without. The trump card for the US, Nato powers and Israel has long been their overwhelming superiority in airpower over any likely enemy. Suddenly this calculus has been undermined because almost anybody can be a player on the cheap when it comes to airpower.
Anthony Cordesman, a military expert at the Centre for Strategic and International Studies in Washington, succinctly sums up the importance of this change, writing that “the strikes on Saudi Arabia provide a clear strategic warning that the US era of air supremacy in the Gulf, and the near US monopoly on precision strike capability, is rapidly fading.” He explains that a new generation of drones, cruise missiles, and precision strike ballistic missiles are entering the Iranian inventories and have begun to spread to the Houthis in Yemen and Hezbollah in Lebanon.
Similar turning points in military history have occurred when the deployment of an easily produced weapon suddenly checkmates the use of a more complicated one.
A good example of this was the attack on 11 November 1940, on five Italian battleships, moored at their base at Taranto by 20 slow moving but sturdy British Swordfish biplanes, armed with torpedoes and launched from an aircraft carrier. At the end of the day, three of the battleships had been sunk or badly damaged while only two of the British planes were missing. The enormity of the victory achieved at such minimal cost ended the era when battleships ruled the sea and replaced them with one in which aircraft carriers with torpedo/bomber were supreme. It was a lesson noted by the Japanese navy which attacked Pearl Harbour in similar fashion a year after Taranto.
The Saudis showed off the wreckage of the drones and missiles to assembled diplomats and journalists this week in a bid to convince them that the Iranians were behind the air raid. But the most significant feature of the broken drone and missile parts was that, in full working order, the weapons that had just rocked the world economy would not have cost a lot. By way of contrast, the US-made Patriot anti-aircraft missiles, the main air defence of Saudi Arabia that were so useless last Saturday, cost $3m (£2.4bn) apiece.
Cost and simplicity are important because they mean that Iran, the Houthis, Hezbollah and almost any country can produce drones and missiles in numbers large enough to overwhelm any defences they are likely to meet.
Compare the cost of the drone which would be in the tens or even hundreds of thousands of dollars to the $122m (£97.6m) price of a single F-35 fighter, so expensive that it can only be purchased in limited numbers. As they take on board the meaning of what happened at Abqaiq and Khurais oil facilities, governments around the world will be demanding that their air force chiefs explain why they need to spend so much money when cheap but effective alternatives are available. Going by past precedent, the air chiefs and arms manufacturers will fight to their last breath for grossly inflated budgets to purchase weapons of dubious utility in a real war.
The attack on Saudi Arabia reinforces a trend in warfare in which inexpensive easily acquired weapons come out on top. Consider the track record of the Improvised Explosive Device (IED), usually made out of easily available fertiliser, detonated by a command wire, and planted in or beside a road. These were used with devastating effect by the IRA in South Armagh, forcing the British Army off the roads and into helicopters.
IEDs were used in great numbers and with great effect against US-led coalition forces in Iraq and Afghanistan. Immense resources were deployed by the US military into finding a counter to this deadly device, which included spending no less than $40bn (£32bn) on 27,000 heavily armoured vehicles called MRAPs. A subsequent army study revealed that that the number of US servicemen killed and wounded in an attack on an MRAP was exactly the same as in the vehicles which they had replaced.
It is unthinkable that American, British and Saudi military chiefs will accept that they command expensive, technically advanced forces that are obsolete in practice. This means they are stuck with arms that suck up resources but are, in practical terms, out of date. The Japanese, soon after they had demonstrated at Pearl Harbour the vulnerability of battleships, commissioned the world’s largest battleship, the Yamato, which fired its guns only once and was sunk in 1945 by US torpedo aircraft and bombers operating from aircraft carriers.
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