La Russie, pôle de la Tradition

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La Russie, pôle de la Tradition

• Poutine a signé un décret historique : les conditions pour faciliter l’entrée en Russie des immigrants “socio-culturels”. • C’est une affirmation institutionnalisée des valeurs de tradition défendues par la Russies contre les conditions (socio-culturelles) imposées par le néolibéralisme. • Il s’agit d’instituer d’une façon opérationnelle et bureaucratique le statut de “réfugié spirituel” que la Russie est prête à accueillir, et d’affirmer que ces valeurs sont universelles. • C’est bien plus qu’une déclaration de guerre, c’est une déclaration de fin d’un Temps.

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C’est essentiellement sous l’impulsion d’une députée de la Douma, Maria Butina, qu’a été développé le projet d’un texte officiel, finalement élaboré et mis en forme par l’administration idoine pour être signé lundi par Poutine en un décret décidant d’ouvrir une fenêtre d’immigration temporaire à des personnes fuyant leurs pays (essentiellement américanistes-occidentalistes) pour des raisons socio-culturelles, et notamment la nouvelle dictature néo-libérale du Politiquement Correct (wokisme, LGTBQ et le reste).

Ce texte, extrêmement original dans sa forme et son contenu, constitue à notre connaissance le premier document actant qu’il existe un affrontement socio-culturel de type civilisationnel avec les pays du bloc-BAO. Nous dirions même que cet affrontement spécifique est l’aspect le plus important de l’affrontement général entre les deux “blocs”, le plus remarquable et le plus fondamental.

La présentation qu’en fait RT-France détaille le gros des conditions caractérisant cet acte officiel, qui est présenté comme instituant la Russie en “asile spirituel” :

« Ce document règlementaire signé par le président russe s’explique par la volonté de Moscou d’accueillir les “personnes partageant les valeurs spirituelles et morales traditionnelles russes”. Le document, publié sur le site Internet des actes juridiques de la Fédération de Russie, évoque des citoyens étrangers et des apatrides en désaccord avec les politiques de leur pays qui imposent des normes néolibérales destructrices. [...]

» Habituellement, les détenteurs d’un permis de séjour temporaire en Russie dépendent d’un quota et doivent justifier de leur connaissance de la langue russe, de l'histoire du pays et des principes fondamentaux de la législation russe. Désormais, les citoyens répondant aux critères fixés en application du décret se verront délivrer des visas privés ordinaires pour une période de trois mois sans avoir à répondre aux conditions. Pour cela, ils devront envoyer une déclaration écrite indiquant leurs raisons à la mission diplomatique ou au bureau consulaire russe présents dans leur pays.

» Vladimir Poutine a donné un mois pour assurer l'application du décret et a chargé le ministère des Affaires étrangères de déterminer une liste d'États répondant à l’appellation de «valeurs néolibérales». Cette liste sera ensuite approuvée par le gouvernement. »

Le texte d’Andrew Korybko, ci-dessous, détaille tous les obstacles administratifs qui font de l’entrée en Russie en vue d’une installation un effrayant parcours du combattant. Le commentateur estime très grande l’importance du document dans un système bureaucratique aussi complexe et hermétique qu’est la Russie. Il met en évidence les rôles de la député Butina et de l’avocat célèbre pour sa spécialisation dans l’immigration, Timour Beslangurov et sa chaîne ‘Telegram’ ‘Moving to Russia’.

Un “asile spirituel”

Nous jugeons que ce décret signé par Poutine a une importance considérable, nullement dans les événements courants mais plutôt dans le “temps long” qui caractérise la bataille fondamentale entre les partisans de la modernité et ses adversaires. Il représente véritablement un acte opérationnel et institutionnel, – le premier du genre, de notre point de vue,  – tendant à faire entrer dans la politique courante, et essentiellement bien sûr la guerre en Ukraine considérée dans sa véritable signification métahistorique, un aspect essentiel de ce “temps long” : l’évolution de la politique russe et l’affirmation métahistorique de la dimension spirituelle évoquée par Poutine, à diverses occasions depuis au moins 2013. C’est à la fin de cette année, en décembre 2013, que Poutine aborda directement, dans son “discours sur l’état de la nation”, ce thème sur un plan purement spirituel et donc universel, dégagé des questions des intérêts politiques (ceux de la Russie pour le cas) en cours. Deux parlementaires proches de Poutine, Aleksei Pouchkov and Viatcheslav Nikonov, étaient cités dans un texte de Russia Today du 13 décembre 2013 :

« L'une des principales déclarations de l'allocution portait sur les valeurs traditionnelles de la Russie et la nécessité de les protéger. “Poutine a tout d'abord parlé des valeurs familiales, des valeurs du patriotisme russe, de l'éducation des enfants à la manière traditionnelle russe. Il a décrit ces valeurs comme étant conservatrices, mais elles sont conservatrices d'une manière qui n'empêche pas le mouvement vers l'avant, mais qui empêche le mouvement vers l'arrière”, a déclaré Nikonov.

» Pouchkov a noté que le président a fait correspondre “les valeurs traditionnelles aux soi-disant nouvelles valeurs qui sont assénées aux sociétés par les minorités, des valeurs qui n'ont rien à voir avec les racines religieuses, avec l'héritage culturel de ces pays, et qui sont fondamentalement opposées par la majorité de la population.” “Le nouvel espace de valeurs”, qui s'établit actuellement en Europe, est “inquiétant” pour la Russie, ont souligné les députés. “Quand on désigne un seul groupe [les minorités sexuelles] et qu'on dit qu'il a des droits spéciaux, c'est aussi une forme de discrimination. Nous ne le comprenons pas en Russie, en pensant qu'ils devraient être traités comme des égaux et qu'ils ne devraient pas bénéficier d'un statut spécial ou d'un programme spécial soutenant leurs aspirations”, a déclaré M. Pouchkov. »

On rappellera également une citation que nous faisons souvent d’un commentateur américain (plus qu’américaniste dans ce cas), Patrick Buchanan, de l’école des “paléoconservateurs” de cette époque (décembre 2013). Il affirmait une position politiquement bien inattendu (« Poutine est-il l’un des nôtres ? ») pour un personnage connu pour son affirmation patriotique qu’on aurait tendance à classer automatiquement comme antirusse :

« ...Dans la guerre culturelle pour l'avenir de l'humanité, [Poutine] est-il l'un des nôtres ? Si une telle question peut être blasphématoire dans les milieux occidentaux, considérez le contenu du discours sur l'état de la nation du président russe.

» Avec l'Amérique clairement en tête, Poutine a déclaré : “Dans de nombreux pays aujourd'hui, les normes morales et éthiques sont reconsidérées.” “Elles exigent maintenant non seulement la reconnaissance appropriée de la liberté de conscience, des opinions politiques et de la vie privée, mais aussi la reconnaissance obligatoire de l'égalité du bien et du mal”. Traduction : Si la vie privée et la liberté de pensée, de religion et d'expression sont des droits chéris, mettre sur un pied d'égalité le mariage traditionnel et le mariage homosexuel revient à mettre sur un pied d'égalité le bien et le mal.

» Pas de confusion morale ici, c’est la clarté morale en pleine lumière, que l’on soit d’accord ou pas... »

En parlant d’“asile spirituel”, une formule inédite d’une grande portée et d’une grande beauté par conséquent, on est conduit à faire de Poutine et de la Russie des guides initiés pour les valeurs de la Tradition. Ce serait conclure faussement. Poutine et la Russie dépendent du Système (système de la modernité) comme n’importe quelle nation dans le monde, puisque le Système est une force universelle ; leur situation terrestre et leur politique courante sont bien loin d'être parfaites, y compris du point de vue de la Tradition. Mais ils ont compris, ou senti, ou perçu intuitivement on ne sait, que le grand courant de la Tradition donnait les clefs non pas d’un retour sur le passé mais d’une rupture d’un cycle parvenu à son épuisement et à son terme, au bout de son ‘Kali Yuga :

« En d'autres termes, la phase terminale que nous vivons actuellement ne peut s'expliquer uniquement dans une perspective historico-politique, mais s'inscrit dans un cycle cosmique. Elle touche non seulement les cordes intimes de l'humain, mais aussi celles du divin... » (René Guénon)

Ni Poutine, ni la Russie ne détiennent ces clefs. Par contre, ils savent, sans connaissance et démonstration scientifiques nécessaires, que c’est dans le courant cosmique de la Tradition qu’on les trouvera. Ce sera à nous d’en user pour accomplir la démarche salvatrice.

... Là-dessus, revenons à nos préoccupations terrestres dont nous nous sommes détachés un instant pour lire l’interprétation très concrète du décret de l’“Asile spirituel” selon Andrew Korybko.

dedefensa.org

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Bienvenu aux dissidents “socio-culturels”

Même les personnes qui partagent les mêmes idées et qui ne saisissent pas cette opportunité apprécieront quand même d’être toujours les bienvenues là-bas, ce qui contribuera grandement à gagner davantage de cœurs et d’esprits en Occident.

Poutine a signé lundi un décret libéralisant le système d’immigration de son pays pour faciliter l’émigration des dissidents socioculturels occidentaux qui s’opposent à l’idéologie néolibérale de leur pays d’origine. Le célèbre avocat russe spécialisé dans l’immigration Timour Beslangurov, dont les excellents services peuvent être sollicités sur son website, a traduit le texte intégral dans un message sur sa chaîne Telegram « Moving To Russia ». Il a ensuite remercié la députée de la Douma Maria Butina pour avoir contribué à la réalisation de cette mesure « révolutionnaire ».

Ce n’est pas non plus une exagération puisque la Russie avait jusqu’à présent certaines des procédures d’immigration les plus strictes et les plus byzantines au monde, mais uniquement pour les candidats provenant de l’extérieur de l’ex-URSS. En février, on a même prévenu que « Russia’Embrace Of Traditionnal Values-Espousing Immigrants Won’t Be As Simple As Some Think » précisément pour cette raison. Il a été suggéré aux immigrés intéressés d’apprendre le russe à un niveau semi-décent s’ils voulaient avoir une chance réaliste de s’installer là-bas et d’y gagner leur vie.

Le nouveau décret change tout cela en supprimant les exigences de langue, d’histoire et de connaissance du droit pour demander un séjour temporaire et en supprimant même le système de quotas détesté. Il y aura également une procédure simplifiée pour l’octroi de visas d’entrée unique de trois mois. Pour paraphraser le célèbre dicton, « Les Russes mettent du temps à monter en selle, mais quand ils finissent par s’y installer et lancer leur cheval, ils galopent vite ». Ce développement a mis du temps à se produire et est le résultat de beaucoup de travail acharné, mais c’est désormais une réalité.

Ce qui signifie que quiconque s’oppose aux politiques socioculturelles libérales et globalistes de l’Occident a la possibilité de commencer une nouvelle vie en Russie, même si cela sera bien sûr plus facile à dire qu’à faire s’il décide réellement de s’y installer. Ils devront avoir suffisamment d’argent de côté pour louer un logement ou au moins une chambre d’hôte, sans parler de subvenir à leurs besoins jusqu’à ce qu’ils trouvent un emploi, ce qui est difficile à faire avant d’avoir reçu leur permis de séjour temporaire.

En attendant, ce serait évidemment une bonne idée pour eux de prendre des cours de russe, et certains pourraient enseigner l’anglais en freelance (peut-être en guise de contrepartie) jusqu’à ce qu’ils puissent rejoindre légalement une société d’enseignement. Les médias financés par l’État, l’agriculture et les services technologiques spécialisés sont les emplois les plus probables que les dissidents socioculturels occidentaux finiront par occuper s’ils déménagent en Russie, car les options sont très limitées pour les non-russophones étant donné que peu de gens là-bas parlent une langue étrangère à quelque niveau que ce soit.

Il pourrait donc s’agir d’une expérience certes intimidante et écrasante pour l’Occidental moyen qui décide de commencer une nouvelle vie en Russie, ce qui conduit uniquement les plus passionnés à franchir le pas ainsi que ceux qui n’ont pas le « bagage » (immobilier, personnes à charge, etc.) qui pourrait les en empêcher. Néanmoins, cela devrait être un immense soulagement pour tous de savoir qu’ils ont encore cette opportunité s’ils sentent un jour qu’ils ne peuvent plus vivre confortablement dans la société libérale-globaliste de leur pays d’origine.

La Russie assume enfin son rôle de refuge pour eux contre les maux susmentionnés en montrant qu’elle sympathise avec leur sort, et à cette fin, elle facilite désormais leur émigration en révolutionnant son système d’immigration byzantin avec des réformes radicales attendues depuis longtemps pour cette classe prometteuse d’immigrants. Même les personnes partageant les mêmes idées qui ne saisissent pas cette opportunité apprécieront toujours d’être toujours les bienvenues là-bas, ce qui contribuera grandement à gagner davantage de cœurs et d’esprits en Occident.

Andrew Korybko